Comment écrire un roman inclusif sans faire de discrimination ?

De tous temps, les groupes d’individus dominants ont été surreprésentés dans la fiction. Les romans et les films mettant en valeur des héros blancs, de sexe masculin, entre vingt et quarante ans, catholiques, hétérosexuels, beaux et issus de milieux aisés sont innombrables.
Si on y ajoute toutes les fictions qui utilisent des minorités, non pour les mettre en valeur ni dénoncer leur discrimination, mais dans le seul et unique but de valoriser les protagonistes dominants de l’histoire, eh bien je ne suis pas statisticienne, mais je pense qu’on doit friser les 99% de la production littéraire et scénaristique mondiale.
Cet article n’a aucunement vocation à brider les créativités. ni même à vous imposer de suivre tous ces conseils pour être certains de filer droit selon les guidelines de l’inclusivité. Il ne s’agit pas non plus de réserver son imagination à créer uniquement des personnages issus de votre seul milieu, ayant la même origine ou le même statut que le sien, mais de vous aider à créer des romans qui traitent les minorités de manière inclusives, si vous en avez le désir, pour changer les mentalités, se permettre d’avancer avec son temps, en étant fier de votre prose et des idées qu’elle véhicule.
C’est que l’écriture a ce pouvoir d’influer sur les mentalités et ceci, quelle que soit l’époque. Regardez Agatha Christie par exemple, n’est-il pas dommage qu’elle n’ait jamais exploré ses préjugés sexistes et racistes (son oeuvre regorge de témoignages de sa vision : tout ce qui n’était pas anglais était méprisable), tandis que certains de ces contemporain.e.s, comme Virginia Woolf ou George Clémenceau luttaient alors activement contre ces mêmes vues de l’esprit ?
Alors :
- Si vous souhaitez faire partie des écrivains qui font du bien à leurs lecteurs, quelle que soit leur origine et leur statut, qui les aident à se sentir confirmés, validés dans leur droit à prendre leur place dans ce monde, quand celui-ci leur a montré depuis toujours qu’ils étaient “de trop”, “différents” ou pire, inadaptés,
- Si vous avez envie de mettre votre créativité au service de la lutte contre les inégalités,
- Si vous désirez que votre livre élargisse la vision du monde de vos lecteurs…
Suivez le guide !
J’ai essayé de compiler tout ce que je pouvais sous la forme de “do and don’t” mais cet article ne sera pas sûrement pas exhaustif : j’invite quiconque ayant envie de partager sur le sujet ou rajouter quoi que ce soit, à le faire dans les commentaires.
Je précise que minorité ne signifie pas “en nombre inférieur”, mais “subissant les discriminations de classes dominantes”.
Sexisme : comment valoriser et donner de la place aux femmes dans la fiction

Personnage génial de Saga Norén, dans Bron/Broen, la série policière Suédo-Danoise
Chez ma grand-mère, joueuse de bridge, les jeux de cartes s’empilaient dans l’étagère et nous passions de longues soirées à jouer à divers jeux de cartes, faire des tours de magie ou des réussites. C’était sympa, ça m’a appris à réfléchir, ça a développé le goût de la stratégie, mais malheureusement, ça a aussi fait pénétrer insidieusement dans mon esprit, une réalité que j’ai mis des années à appréhender consciemment : la reine était toujours moins forte que le roi.
Néanmoins, les femmes, c’est-à-dire, les êtres de sexe féminin sont des êtres humains, exactement comme les hommes en fait, à cela près qu’elles possèdent des particularités physiques, qui font qu’elles trouvent plus aisé de s’asseoir sur les toilettes, par exemple. Elles viennent au monde pour elles-mêmes, pour évoluer et prendre leur place dans le groupe comme elles l’entendent. Elles ont des besoins primaires et secondaires, elles sont chiantes quand on les fait chier, elles pleurent quand on les blesse et elles rient quand elles trouvent un truc marrant.
Elles ne représentent donc un mystère que pour ceux qui les fantasment et ne les considèrent que par la focale de leur désir.
Pourtant, dans la littérature, les personnages féminins semblent bien souvent :
- N’être venues au monde que pour plaire aux hommes
- N’évoluer que dans les strictes limites des fantasmes masculins
- N’avoir de place que celle qu’on veut bien leur donner
- Ne posséder que des besoins secondaires superficiels (et elles ne font pas caca).
- Être chiantes à cause de leur nature chiante
- Pleurer à cause de leur nature trop sensible
- Être à moitié dans le lit de l’homme lorsqu’elles rient.
Dès lors, elles paraissent pas mal mystérieuses, en effet :
- Dieu existe donc, puisqu’il a créé la femme pour l’homme. C’est mystique de ouf !
- Leurs désirs et leurs choix dépendraient de l’homme, y aurait donc des formules magiques, comme “émamoizellevouzetcharmant leviosa” !
- Elles ont sûrement des boutons cachés “on” et “off” et des commandes à maîtriser, comme le programme “soumission totale” !
- Leur caca se dissout dans l’éther : c’est donc vrai qu’elles viennent de Vénus !
- Elles ont donc un code génétique pour la chiantise, encore un mystère à résoudre pour la science !
- Leurs larmes coulent sans qu’on sache trop quand ou pourquoi, comme les bébés en fait (découvertes, découvertes !)
- Les femmes pourraient donc être coupées en deux sans mourir ! C’est pour ça le dahlia noir !
Bon, allez, suffit les bêtises. Veillons à présent à donner aux femmes leur juste place dans nos fictions.
À faire :
- Créer une héroïne au lieu d’un héros
- Créer un héros qui n’objectifie pas les personnages féminins.
- Mettre autant ou plus de personnages féminins que masculins
- Créer des personnages féminins puissants, variés, profonds, avec des défauts et des qualités intéressants.
- Décrire vos personnages féminins en utilisant leur parole, leur attitude, leur apparence générale (couleurs, taille, vêtements), leur comportement, plutôt que des détails sur leurs atouts/défauts physiques.
- Créer des personnages féminins qui ont du pouvoir, riches, à la tête d’organisation, chefs d’états, etc.
- Créer des personnages féminins solidaires entre elles.
- Créer des personnages de femmes surdouées, ingénieuses, scientifiques, médecins, chirurgiens, chef cuisiniers, bricoleuses, hackeuses, championnes, joueuses d’échec, de poker, stratèges, chef de guerre, illusionniste, super-héroïnes qui sauvent le monde…
- Si le personnage est une femme mariée, qui se maquille, qui aime faire la cuisine, qui vit au foyer, etc., la mettre en valeur aussi.
- Créer une fiction majoritairement féminine, sans que cela soit forcément justifié par le cadre (prison pour femmes, prostitution, métier ou institution de femmes…)
- Faire évoluer positivement ou négativement vos personnages sexistes si c’est le but établi de l’histoire (comment un homme misogyne finit par tout perdre ou au contraire par ouvrir son esprit), sinon les traiter comme des antagonistes.
- Écrire la biographie d’une femme célèbre ou qui mériterait de l’être, oubliée, traitée injustement dans la littérature ou dont les mérites ont été usurpés par des hommes.
À ne pas faire :
- Détailler les atouts ou défauts physiques du personnage féminin : Viser le point de vue du désir masculin, au lieu du point de vue des motivations du/de la protagoniste dans l’histoire ou de décrire son apparence générale pour aider les lecteurs à visualiser simplement le personnage, comme c’est presque toujours le cas pour les hommes.
- Hypersexualiser vos personnages féminins : Si vous faites cela, vous considérez par défaut votre lecteur comme un homme qui a envie de lire de la fesse et du nichon. C’est l’impression qu’on en a, nous les femmes, quand on a une fois de plus affaire à cette jolie assistante et cette “déesse au corps de rêve” destinées à assouvir les pulsions du héros.
- Créer des personnages féminins qui ne sont que “la femme, la mère ou la copine” du héros
- Utiliser des préjugés sexistes chez vos personnages féminins : chiante, hystérique, jalouse, langue de vipère, idiote, incompétente…(Tandis que l’homme restera “calme, cohérent, sage, patient…”)
- Créer une dualité restrictive : Pour les féminines “jolie, aime le shopping, pouffe de rire stupidement, se maquille” et pour les non-féminines “parle vulgairement, est moche, est lesbienne, a du “caractère””
- Utiliser le champ lexical de la nourriture pour décrire une femme “Ses lèvres étaient de miel…sa peau était une pêche” (faites plutôt de la pâtisserie)
- Utiliser le viol, le meurtre ou la torture de femmes pour chercher à provoquer l’émotion facile du lecteur, plutôt que pour parler de manière approfondie de la réalité des maltraitances sur les femmes.
- Créer un héros masculin qui soit misogyne ET sympathique. Bouh. Pas bien.
- Parler des seins. À moins que votre personnage ait un cancer du sein, qu’elle n’allaite ou que le sujet principal du roman soit les seins, on a eu notre
overdose de descriptions de nénés dans la littérature. Idem pour les fesses. - Présenter la naïveté et l’innocence d’une femme comme sexy. Parce que ça sous-entend que la femme sera plus vulnérable et donc moins susceptibles de refuser. Culture du viol, t’as vu.
- L’homme vieux et moche qui sort avec la belle jeune fille, comme si c’était dans l’ordre des choses. (Il ne s’agit pas de critiquer “vieux et moche”, mais de se demander si le ton de l’oeuvre laisse supposer que l’inverse serait aussi possible et non-choquant du point de vue de l’auteur. Bien souvent et sans surprise, non).
- Utiliser la dualité : pute/sainte et toute la panoplie de clichés qui vont avec.
- Justifier le non-consentement par le genre “libertin” ou “rose” du roman.
À se demander :
- Est-ce que mes personnages féminins sont aussi intéressants que mes personnages masculins ?
- Est-ce que ce choix de trait de caractère aide mon lecteur à mieux comprendre l’intrigue ?
- Est-ce-que cette description du personnage féminin aide à mieux comprendre son rôle dans l’histoire et ses motivations ?
- Comment cette héroïne pourrait-elle avoir plus de pouvoir, plus de choix, plus de liberté ?
- Est-que cette scène de sexe décrit équitablement le corps de l’homme et de la femme ?
- Est-ce que vos personnages féminins sont toujours consentantes dans leurs actions ?
- Est-ce que je pourrais transformer ce personnage ou cette situation sexiste sans entraver le sens général de mon oeuvre ?
- Comment puis-je augmenter la sororité entre mes personnages féminins ?
Règles de l’écriture inclusive
Certains éditeurs se mettent à publier des romans qui respectent les règles de l’écriture inclusive. Si vous vous sentez motivé, je vous donne deux articles très complets :
- Comment écrire de manière plus inclusive et règles : https://lessalopettes.wordpress.com/2017/09/27/petit-guide-pratique-de-lecriture-inclusive/
- Règles de grammaire neutre et inclusive
En écrivant cet article, j’ai (enfin) pris la peine de régler mon logiciel Clavier+ pour avoir ce caractère : ⋅ (le point du milieu si vous êtes un peu myope), pour écrire comme ça : chevalier⋅ère, au lieu de chevalier.ère.
Si vous n’avez pas ce logiciel, je vous le recommande vivement, il permet de créer des raccourcis clavier pour n’importe quel caractère spécial, même lancer des programmes, c’est assez génial ! Perso, pour le ⋅ (point milieu), j’ai choisi Altgr droite + ; (cliquez sur “distinguer la gauche de la droite” dans le réglage), ainsi je n’ai pas à faire de grand écart avec les doigts et peut utiliser la touche alt gr juste en-dessous du point.
Je ne suis pas encore très pro de l’écriture inclusive, mais peu à peu mes articles le deviendront entièrement (et si j’ai un jour un surplus d’énergie, je corrigerai les anciens articles, mdr, genre je vais faire ça et tout. Bon, on verra.)
À lire :
- Une chambre à soi, Virginia Woolf
- Le deuxième sexe, Simone de Beauvoir
- Beauté fatale, Mona Chollet
- Bâtir aussi, recueil de nouvelles, Ateliers de l’Antemonde
Racisme et appropriation culturelle : abandonner toute vision colonisatrice

Danse avec les loups, sous couvert de dénoncer le massacre des natifs, est bourré de clichés racistes et fait de l’appropriation culturelle.
Le racisme et l’appropriation culturelle s’insèrent partout et ceux-ci sont tellement associées à nos œuvres de fiction (y compris nos préférées), qu’on peut avoir du mal à les discerner. Mais les minorités en question, elles, les voient très bien, et comme souvent le traitement des “chef-d’oeuvres” n’est remis en question par personne, ces romans et ces films peuvent même intégrer les pensées au point que les minorités spoliées en viennent à se nier elles-mêmes dans leur identité.
Un exemple ? L’expérience des “poupée noire et poupée blanche” dirigée en 1947 a été reproduite de nombreuses fois à travers les années. Invariablement, des enfants noirs désignent la poupée blanche comme gentille, jolie…(ça crève le cœur sérieux !) Voici une vidéo de l’expérience conduite en Italie récemment :
La littérature, les films et les dessins animés n’y sont pas pour rien ! Ce sont souvent à partir de ces derniers que l’imaginaire des enfants s’est construit : l’omniprésence des princes et les princesses blonds aux yeux bleus nous a lavé le cerveau ! Stop !
À faire :
- Intégrer des héros et héroïnes, ainsi que des personnages positifs, beaux, puissants, qui soient issus de minorités ethniques.
- Si vous créez des personnages d’une certaine origine, prenez soin de rencontrer des personnes de cette origine pour leur demander leur point de vue et lisez des romans écrits par des personnes de cette origine.
- Créer plusieurs personnages issus d’une nationalité ou origine ethnique minoritaire et les faire intéressants, puissants, importants et solidaires.
- Intégrer un personnage de femme musulmane sans polémiquer sur son voile, un personnage musulman qui n’ait rien à voir avec l’intégrisme ou le terrorisme.
- Si vous êtes vous-même issu de cette origine, écrire un roman entièrement composé de personnages de cette même origine, sans jamais vous justifier de ce choix. Vos chasseurs de fantômes peuvent absolument tous être Algériens, Chinois, Tziganes…
- Raconter la réalité, témoigner d’expériences discriminantes, notamment les réalités sociales, politiques et économiques du profit sur le dos de peuples discriminés, de l’exploitation,du racisme et de l’appropriation culturelle invisibles.
À ne pas faire :
- Écrire ce qu’on imagine de la nationalité ou de l’ethnie, sans en avoir aucune connaissance ou une connaissance uniquement par le biais d’œuvres créées par des personnes issues des classes dominantes. (Romans, films, pubs, essais de gourous new-age…)
- Faire mourir le héros noir, Maghrébin, Asiatique etc. avant tous les autres (souvent pour permettre au protagoniste de survivre, archétype du bouc-émissaire).
- Créer un⋅e héros⋅ïne blanc⋅he et un⋅e coéquipier⋅ère subalterne noir⋅e, etc.
- Utiliser des clichés : Créer un personnage informaticien/scientifique asiatique, un chef Indien qui donne un nom indien au héros…
- Faire croire que vous êtes vous-même issu d’une minorité et que vous racontez votre autobiographie (Exemples avec Asa Earl Carter qui s’est fait passer pour un Cherokee alors qu’il était membre du Klu klux klan (!) et Monique de Wael qui a fait croire qu’elle était juive pendant la Shoah, alors que ses parents étaient des belges catholiques et collabos).
- Dans le genre fantasy, utiliser pour vos personnages non-humains des traits physiques ou psychologiques, associés par la culture raciste à un certain type d’origine ethnique. Si vous faites un personnage un peu bêbête, destiné à servir le héros ou l’héroïne et qui possède des lèvres épaisses et un langage petit-nègre (si vous utilisez des verbes à l’infinitif pour faire parler votre coéquipier, jetez juste vos Tintins à la poubelle, la désintox s’impose), ou que vous faites un méchant au long nez et aux grandes oreilles qui accumule l’argent, ça craint grave du boudin.
- Utiliser des allégories alimentaires (encore) pour décrire la couleur de peau : noire comme du chocolat, café au lait…(souvent pour une femme, voir sexisme ci-dessus). Allez bouffer un truc et respirez un grand coup. Delete.
- Reprendre les codes d’une ethnie ou nationalité jamais mentionnée, uniquement pour mettre en valeur un héros ou une héroïne : vivant dans un tipi, plumes dans les cheveux, vivant nu et chassant avec des flèches, dansant le bollywood, vêtu⋅e d’un kimono, rastafarai…
À se demander :
- Est-ce que tous mes personnages sont blancs, catholiques et européens sans que cela soit absolument nécessaire ?
- Est-ce que les personnages issus de minorités ethniques de mon roman sont mis en valeur ? Jamais ridiculisés ou rabaissés ?
- Est-ce que mon personnage issu de minorité ethnique a besoin d’être sauvé par le héros/l’héroïne ?
- Est-ce que ce trait ou ce comportement est une réalité ou un cliché ?
- Est-ce que je fantasme depuis longtemps une certaine culture au point de la considérer comme pratiquement la mienne ? Dans ce cas je dois faire attention à ne pas faire croire que je suis de cette culture et quand même faire des recherches approfondies, même si je pense bien la connaître.
Tout cela vaut aussi pour les cultures “disparues”, qui appartiennent aux peuples qui sont leurs descendants (et non leurs colonisateurs).
À regarder : Appropriation, Appréciation et Assimilation culturelle | Keyholes & Snapshots, The strong black woman trope, explained | The take
À lire : L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, de Edward W.Said
Homophobie : comment traiter l’homosexualité dans vos fictions
L’homosexualité est un sujet qui existe depuis longtemps dans la littérature, néanmoins, on peut en distinguer quatre types de traitement de ce thème :
- Thème traité du point de vue d’un⋅e écrivain⋅e hétérosexuel⋅le, dans un roman dont l’homosexualité est le sujet principal
- Thème traité du point de vue d’un⋅e écrivain⋅e hétérosexuel⋅le, dans un roman dont l’homosexualité n’est pas le sujet principal
- Thème traité du point de vue d’un⋅e écrivain⋅e homosexuel⋅le, dans un roman dont l’homosexualité est le sujet principal
- Thème traité du point de vue d’un⋅e écrivain⋅e homosexuel⋅le, dans un roman dont l’homosexualité n’est pas le sujet principal
Dans le cas 1, l’écrivain⋅e fait potentiellement de l’appropriation culturelle, même si elle pense bien faire, même si elle est touchée par le sort de cette communauté. Une exception : enfant ou parent d’un couple homosexuel, vous souhaitez témoigner de votre expérience positive.
Dans le cas 2, l’écrivain⋅e a tout intérêt à se poser les bonnes questions, que je vais traiter ci-dessous.
Dans le cas 3, l’écrivain⋅e sait de quoi iel parle et lorsqu’iel crée un personnage homosexuel, il n’a aucun intérêt à le discriminer ou à le tourner en ridicule. La catégorie “à faire” l’intéressera sûrement plus que “à ne pas faire”.
Dans le cas 4, l’écrivain⋅e s’exprime souvent sous la forme d’une autobiographie, d’un témoignage ou d’une oeuvre romancée à valeur de témoignage ou de manifeste. Iel ne se sentira a priori pas concernée par ces conseils.
À faire :
- Créer des personnages homosexuels forts, puissants, variés et solidaires.
- Créer des personnages homosexuels en nombre équivalent ou supérieur aux personnages hétérosexuels.
- Créer des personnages pour qui l’homosexualité ne pose pas problème, ni pour lui-même, ni pour son entourage et ne pas mettre en avant ce sujet (comme s’il s’agissait d’une particularité étrange). Montrer simplement les personnages dans leur quotidien et leurs relations.
- Écrire la biographie d’un⋅e homosexuel⋅le célèbre.
À ne pas faire :
- Créer un personnage homosexuel ridicule.
- Créer un personnage homosexuel servant juste à mettre en valeur le héros ou l’héroïne hétéro.
- Préciser que le personnage est homosexuel, sans montrer son quotidien ni ses relations, juste pour lui donner “un trait intéressant”. (Il portait des bottes de cow-boy et était homosexuel).
- Créer une scène de coming-out parce que c’est “une scène intéressante”, quand le sujet du roman n’a rien à voir.
- Créer un personnage homosexuel qui se fait violer ou tuer (voir sexisme) pour susciter l’émotion facile chez lecteur.
- Créer un personnage homosexuel cliché : lesbienne camionneuse au cheveux rasés, homme maniéré proche de sa maman…
- Créer un personnage homosexuel et ne traiter que de ses souffrances, sans les aspects positifs de sa vie : prostitué, toxicomane, atteint du sida…
- Créer un personnage trans en ridiculisant le fait qu’on ne sait pas “si c’est un homme ou une femme”.
- Décrire les scènes de sexe lesbien du point de vue du fantasme masculin.
Pour les “à se demander”, voyez la partie “sexisme”, ci-dessus, l’homophobie étant aussi une catégorie de sexisme.
Bien que je n’aie pas traité spécifiquement de la transphobie, cette partie concerne aussi cette communauté. Il me semble que les conseils donnés dans la partie sexisme, ainsi que dans la partie homophobie ci-dessus, y correspondent. J’ai eu l’impression que je ne ferais que répéter les mêmes choses. Mais si vous avez des choses à ajouter par rapport à la transphobie, n’hésitez pas à me le dire dans les commentaires et je le rajouterai avec plaisir.
À lire : Rainbow Warriors, d’Ayerdahl (10 000 personnages LGBT, pas moins).
Psychophobie : un sujet encore largement méconnu et mal traité dans la littérature
Ne vous y trompez pas, ce n’est pas parce que les romancier⋅ères n’utilisent plus le mot “fou” ou “aliéné” qu’iels sont sorti⋅es de la vision obtuse que la société nous donne de la maladie mentale. Non, maintenant, iels utilisent des mots savants vite-fait aperçu dans le lexique du DSM-IV et se délectent de termes tels que “schizophrène”, “trouble de la personnalité multiple” et autres “bipolaire”.
Combien de personnes avec ce diagnostique (régulièrement posé par le⋅la psychiatre comme le⋅la postier⋅ère pose son tampon, sans état d’âme aucun), ont-iels réellement fréquentées, connues par le biais du cœur, de l’empathie, de l’amitié, des années passant à observer les nuances et les contours d’un mal qui ne définit pas la personne dans son ensemble ?
Dans les thrillers que j’ai lu, j’ai vu énormément de schizophrènes en carton et de bipolaires de supermarché, mais de véritables êtres humains complexes, qui ont traversé de telles souffrances qu’ils en subissent des symptômes graves ? Pas souvent. (Le serial killer de La ligne noire de Grangé, qui en fait (spoiler) avait été abusé par sa maman n’est pas un traitement inclusif de la souffrance, c’est un prétexte au gore. Lisez plutôt Miserere., qui traite le sujet du stress post-traumatique de manière bien plus profonde).
J’enrage encore lorsque je repense à ce bouquin que je ne citerai pas, mais que vous reconnaîtrez si vous l’avez lu, où la victime —une fille de quinze ans blonde aux yeux bleus d’une beauté et d’une douceur fragile gnagnagna — violée par le protagoniste ET par le meurtrier, était en réalité schizophrène (Bam ! Le retournement de situation ! Fiou !). Mais en même temps, ce roman cumule dans la discrimination : la mère du protagoniste juive (il insiste bien sur ce point) est un stéréotype tellement mal traité, que si l’auteur n’était pas lui-même juif, je le soupçonnerais d’être antisémite, sexisme, violence gratuite, appropriation culturelle… Comme quoi, faire partie d’une communauté discriminée ne vous donne pas non plus carte blanche pour écrire de la littérature faisandée.
Lisez plutôt La fille du train et vous verrez comme Paula Hawkins traite l’alcoolisme féminin, avec son lot de souffrances et de causes. Ça se voit que l’autrice en connaît un rayon et quand on a fini le livre, on ne peut plus voir une femme alcoolique de la même manière. Ça relie le phénomène avec le reste de la vie, on comprend, on ne juge plus.
À faire :
- Si vous souhaitez traiter d’une maladie mentale, veillez à connaître le sujet.
- Créer des personnages qui souffrent de maladies mentales et qui guérissent en étant soutenus de la bonne manière et en comprenant la source de leurs maux.
- Créer des personnages qui souffrent de maladies mentales et sont positifs pour eux-mêmes et leur entourage.
À ne pas faire :
- Utiliser les maladies mentales à tort et à travers, en n’ayant fait aucune recherche.
- Utiliser la maladie mentale pour justifier des meurtres et solutionner un mystère (il était fou en fait, ahhh originaaal)
- Considérer la maladie mentale comme la seule description nécessaire pour définir le personnage.
- Créer des hôpitaux psychiatriques où tout le monde hurle, court partout et se tape la tête contre les murs, ou pire, se prend pour Napoléon (J’ai stoppé net la lecture d’En attendant Bojangles à cause de cet HP au top du cliché).
- Créer une femme folle qui n’arrête pas de rire de manière démoniaque et en général, des “fous” malfaisants. (Béatrix Lestrange, tu étais bien mieux dans le bouquin).
- Créer des personnages dont la maladie mentale fait “terriblement souffrir” sa famille qui n’arrive “plus à le gérer” (des traumatismes familiaux étant pourtant bien souvent la cause de la maladie mentale).
- Utiliser un problème ou des symptômes pour en faire des “défauts”. Par exemple, Harry Potter a tous les symptômes d’un stress post-traumatique (hyper-vigilence, flashbacks, maltraité pendant 11 ans, allégoriquement violé par un mage noir…L’horcruxe inséré dans le crâne me fait beaucoup penser à l’épine enfoncée dans le dos de la sorcière dans Kirikou, qu’en pensez-vous, bref), mais à aucun moment ses amis ne prennent conscience de sa terrible souffrance Ils se vexent et le laissent tout seul avec son “mauvais caractère”. Je suppose que JK n’avait pas forcément conscience de ça, mais c’est fort dommage !
À regarder : Des ailes brisées, documentaire de Daniel Mackler
Grossophobie et lookisme : marre des mannequins !

Border – un film passionnant et sublime (surtout ne regardez pas la bande-annonce nulle, laissez-vous surprendre)
Le problème de la grossophobie et du lookisme étant majoritairement la tyrannie de la perfection physique, selon les critères déterminés par la norme sociale en cours (inutile de vous les rappeler, on nous gave d’images de ses représentants depuis toujours), les discriminations sont légion.
J’ai lu dans plusieurs conseils d’écriture qu’une manière de rendre vos protagonistes aimables étaient de les faire beaux, que c’était “naturel” d’aimer les héros beaux. Je suis une extra-terrestre (réponse : oui) ou c’est n’importe quoi ? Naturel ? Hyper culturel oui ! La preuve étant que les hommes à physiques banals dans le cinéma sont bien plus courants que les femmes, est-ce parce qu’on préfère les hommes pas trop beaux ? Non, c’est qu’on mise sur leur caractère pour les faire apprécier. Les femmes, c’est pas encore ça.
Néanmoins, les discriminations physiques ne concernent pas que les femmes. Voir les sagas de fantasy, où les beaux elfes sont gentils et les moches trolls sont méchants. Merci Shrek de rétablir tout ça ! Évitez de tomber dans le piège et auteur⋅trices de fantasy, par pitié, créez-nous des elfes sublimes qui soient de vrais connards, ça nous changera. 🙂
À faire :
- Créer des héros⋅ïnes gros⋅ses, avec des défauts physiques, ne correspondant pas à la norme, passionnant⋅es, intelligent⋅es et dont les désirs et les motivations soient connectés à d’autres sujets bien plus intéressants que “plaire” ou “devenir beaux”.
- Créer des héros, mais surtout des héroïnes gros⋅ses, avec des défauts physiques, ne correspondant pas à la norme, mais qui ne les empêchent en rien d’être séduisant⋅es, puissant⋅es, célèbres...
- Créer des antagonistes très beaux⋅belles et particulièrement mesquin⋅es, terrifiant⋅es et viscelard⋅es (parce que dans la vie, y en a. Pleins.)
- Créer des personnages gros⋅ses qui soient intelligent⋅es, sages, puissant⋅es, varié⋅es, et qui ne considèrent pas leur poids comme étant un problème.
- Créer des personnages gros⋅ses qui n’ont aucun besoin qu’on les sauve.
- Créer des personnages féminins gros⋅ses, avec des défauts physiques, ne correspondant pas à la norme qui ne soient pas des fantasmes passagers, mais des personnes tout à fait envisageables pour un mariage, des enfants ou une grande passion amoureuse.
- Créer des personnages de médecins qui ne maltraitent pas, ni ne méprisent les gros⋅ses.
- Écrire une saga fantasy avec des monstres affreux comme protagonistes et faire des beaux princes et belles princesses des infâmes démons.
À ne pas faire :
- Faire du mec gros le personnage rigolo de la bande et de la fille grosse la “désespérée sentimentale”.
- Créer un roman dont l’arc narratif du personnage est de devenir beau à la fin.
- Mettre en avant la chirurgie esthétique, les régimes et la tyrannie de la beauté physique comme des choses positives.
- Créer des personnages féminins prétextes, qui soient des bombes sexuelles (voir sexisme), uniquement destinées au lecteur masculin (les Langdongirls à l’opulente chevelure des romans de Dan Brown, les femmes “parfaitement sublimes au fessier de rêve et aux jambes de mannequin” des romans d’Harlan Coben)
- Mettre en avant le physique avantageux des personnages, quand ça n’a aucun rapport avec l’intrigue.
À regarder : Ma vie en gros, documentaire de Marie-Christine Gambard et Daria Marx (introuvable, sauf si tu me demandes en privé)
À lire : King Kong Théorie, de Virginie Despentes
Handicapophobie : comment créer des personnages handicapés qui ont la classe
Dans la littérature ou dans les films, les personnages handicapés sont très souvent traitées par le biais de leur handicap, mais il n’y a pas que ça, leur handicap est souvent traité sous deux formes : le personnage qui souffre (registre pathétique) ou au contraire l’effroyable méchant (registre super-héros).
Non, une personne en fauteuil roulant n’est pas forcément désespérée, une personne sourde toujours “gentille”, une personne aveugle n’a pas toujours besoin du héros pour le prendre en charge, en mode Amélie Poulain, (aussi appelée la nazie du bonheur) et son kidnapping violent d’un homme qui ne lui a rien demandé… (J’aurais trop aimé qu’il qu’il lui donne un grand coup de canne sur la tête en lui demandant d’aller voir ailleurs s’il y était, pas vous ?)
À faire :
- Créer des personnages handicapés (moteur ou mental ou les deux), qui ne soient ni pathétiques, ni dangereux, ni méchants, positifs pour leur entourage et moteurs de l’intrigue. (Comme par exemple, le fils de Walter dans Breaking Bad).
- Créer des personnages handicapés qui soient parfaitement intégrés dans leur communauté.
- Créer des personnages handicapés avec des métiers passionnants, une intelligence remarquables, talentueux, puissants…
- Créer des personnages handicapés qui s’amusent, voient des amis, sont en couple, séduisent, font la fête…
- Si vous créez un personnage qui devienne handicapé moteur à la suite d’un accident, faites en sorte qu’il apprenne non seulement à vivre avec son handicap, mais aussi développe de nouvelles compétences, fait de nouvelles rencontres positives, à partir de cet événement (comme dans De rouille et d’os). Interrogez et lisez des témoignages de personnes avec ce handicap pour être certain de bien comprendre la réalité de leur situation.
À ne pas faire :
- Créer un personnage handicapé pour apitoyer le lecteur
- Créer un personnage handicapé pour faire peur au lecteur (en mode freakshow)
- Créer un personnage handicapé avec un rôle superficiel ou comme faire-valoir du héros/de l’héroïne.
- Créer un personnage handicapé qui est devenu “comme ça” (méchant, meurtrier, aigri, seul…) à cause de son handicap
À se demander :
- Quelle est la réalité du quotidien d’une personne avec un tel handicap ?
- Comment les personnages handicapés pourraient-ils être mis en valeur, comme jamais un film ou un roman ne l’a fait avant ?
À lire : 10 romans qui traitent le sujet du handicap
Âgisme : ouvrir les mentalités sur les enfants et les personnes âgées dans vos fictions

Clichés sur l’âge en veux-tu en voilà
L’âgisme, terme encore méconnu, signifie la discrimination liée à l’âge. Surtout utilisé jusqu’ici pour dénoncer le comportement intolérable de la société avec les personnes âgées (maltraitances à domicile, hospitalier ou en maisons de retraite), il parle aussi aujourd’hui de notre manière de concevoir notre rapport aux enfants (c’est-à-dire leur éducation).
Nous avons une vision faussée de l’enfance, liée à une habitude encore bien ancrée de supériorité sur l’enfant, d’une vision canonique de l’enfant perçu comme une “âme diabolique à redresser” (aujourd’hui on dit “éduquer”, mais si vous essayez de vous représenter l’image d’un enfant “non éduqué”, on est pas loin du mythe de l‘enfant sauvage), mais aussi des obligations sociales qui, non seulement justifient de ces discriminations, mais aussi les encouragent, comme par exemple, le fait d’obliger les enfants à suivre un emploi du temps qu’ils n’ont pas sollicité, de leur enlever tout droit citoyen ou de leur mentir impunément.
Sans surprise, la littérature et les films regorgent de maltraitance banalisée des enfants et de représentations fausses et dégradantes des personnes âgées, mais nous pouvons changer les choses en ouvrant large notre esprit et en écrivant de manière inclusive pour nos jeunes comme nos aînés :
À faire :
- Créer des personnages d’enfants avec de vraies personnalités, pas des personnalités “d’enfant”
- Créer des personnages d’enfants qui ont autant de droits que leurs parents au sein du foyer, pour la plus grande joie de tous.
- Sortir de la dualité enfant gâté/enfant châtié, en proposant un modèle de famille qui traite les enfants avec respect et tolérance, fournissant à l’enfant ce dont il a besoin et tenant compte de ses différences.
- Créer des personnages d’enfants intelligents, qui savent ce qui est bon pour eux et ont des idées à apporter au monde.
- Créer des personnages de membres familiaux qui ne se moquent jamais des enfants et prennent au sérieux leurs émotions, leurs besoins et leurs souffrances.
- Créer des personnages de familles qui ne scolarisent pas leurs enfants ou ne les tyrannise jamais avec les notes d’école, leur faisant confiance pour devenir des êtres humains tout à fait intégrés sans avoir répondu au programme scolaire.
- Créer des personnages de personnes âgées puissantes (surtout pour les femmes, car les femmes âgées puissantes sont quasi inexistantes dans la fiction), dirigeantes, intelligentes, actives, voyageuses, intrépides, séductrices…
- Imaginer un futur utopique dans lequel les enfants ont le droit de vote, de gagner de l’argent en créant une entreprise ou en travaillant de manière libre (non être exploités pour quelques centimes), apprennent les disciplines qui leur conviennent, au moment où ça leur convient…
- Dénoncer l’âgisme en parlant des maltraitances (une réalité bien souvent ignorée, surtout en France…) et en redonnant du pouvoir et de la protection à des personnages qui n’en avaient pas.
À ne pas faire :
- Créer des scènes de gifles, cris et paroles blessantes envers des enfants, qui ne soient que des prétextes à montrer “la fatigue du héros/de l’héroïne” en tant que parent.
- Justifier les comportements de pouvoir des parents sur les enfants par la nécessité de discipline, de tranquillité, d’éducation…
- Créer des familles où les enfants gentils et sages obéissent au doigt et à l’œil, comme s’ils étaient des animaux dressés.
- Créer des familles au contraire dysfonctionnelles, en stigmatisant l’insolence des enfants plutôt que la violence des parents.
- Créer des personnages de personnes âgées gâteuses, “adorables/trop mignon⋅nes”, “malicieuses”, seules/abandonnées par leur famille, malades, séniles et autres clichés sur les personnes âgées.
- Faire mourir une personne âgée uniquement dans le but d’un héritage, d’un “secret révélé sur le lit de mort”…
Au sujet du “Ok Boomer”
Je lis dernièrement que les jeunes feraient de la discrimination des adultes avec la phrase “ok boomer”, non ce n’est pas de la discrimination. Il s’agit d’une réponse à une discrimination justement.
Quand une personne (en général entre 50 et 70 ans, donc nés à l’époque du baby-boom, un “boomer”), écrit, proclame ou dessine fièrement une petite salve contre “ces jeunes sur leurs téléphones portables/qui ne savent plus vivre/narcissiques/lobotomisés/qui polluent bien plus qu’eux/qui feraient mieux de laisser leurs aînés réfléchir“, les jeunes en question lui rétorquent légitimement “ok boomer”, ce qui signifie “tes réflexions sont d’un autre temps”. Cette punchline n’est pas utilisée pour venir ennuyer des personnes âgées qui n’ont rien demandé, mais au contraire, une réponse à l’âgisme des personnes au pouvoir qui méprisent les jeunes générations. Elle a été lancée pour la première fois par une député néo-zélandaise, Chlöe Swarbrick, 25 ans, qui en plein speech sur le climat, s’est faite couper la parole par les cris d’un homme plus âgé évidemment contre les progrès à ce niveau (et contre la politesse aussi visiblement). Si certains jeunes l’utilisent à mauvais escient, ce n’est, selon moi, pas représentatif de l’utilisation traditionnelle de cette expression.
À lire : Qu’est-ce que l’âgisme, d’Elfi Reboulleau
Spécisme : valoriser le respect des animaux dans vos romans

Les cochons ont aussi des émotions et des personnalités bien à eux
À en croire Facebook et Instagram, tout le monde adore les animaux. Mais beaucoup de fictions continuent malheureusement de les traiter comme s’ils étaient des objets vivants à gérer/à manger/à dresser…
Changeons cela et faisons-en des êtres vivants à aimer, pour que progressent les mentalités et qu’un jour, peut-être, la chasse soit interdite, les usines à poulets démantelées et les gens qui abandonnent leurs toutous sur la route pendus à un réverbère condamnés à des travaux d’intérêt général (je propose “bosser comme bénévole à la SPA pendant 5 ans”).
À faire :
- Créer des personnages d’animaux, au lieu d’en faire des accessoires pour personnages.
- Donner une personnalité à l’animal, quel qu’il soit. Oui, même un rat, oui, même une hyène.
- Faire des recherches sur l’animal en question, son comportement, ses habitudes, son environnement…
- Créer des personnages végétariens, végétaliens, végans ou flexitariens qui mange moins de viande et/ou conscient du traitement des animaux dans l’industrie agro-alimentaire.
- Créer un personnage qui s’occupe de chevaux mais ne les monte pas.
- Créer des personnages qui sauvent des animaux en danger.
- Créer des personnages dont les animaux sont comme des membres de la famille.
À ne pas faire :
- Traiter les chiens de paillassons (qui servent juste à consoler l’humain dans sa solitude) et les chats d’animal “pratique car indépendant” (qui peuvent rester seuls toute la journée dans 30m2 sans souffrir, genre.)
- Traiter les chiens de débiles crados et les chats de pervers ou sournois,
- Créer des personnages qui montent à dos d’éléphant, visitent des zoos, achètent des animaux exotiques ou d’élevage.
- Créer des personnages qui prennent un chien comme accessoire pour “pas que le gosse se sente seul”, pour “garder la maison” ou “pour se sentir en sécurité dans le quartier”.
- Créer des scènes de violence sur les animaux, pour provoquer de l’émotion chez le lecteur.
- Créer des scènes avec des cages à oiseaux, aquariums comme élément de déco ou tout autre animal en cage.
À lire : Quand les éléphants pleurent, ainsi que tous les autres merveilleux livres de Jeffrey Moussaïev-Masson.
Aporophobie

“Merde“, un personnage créé par Leos Carax, SDF, odieux, sale, inhumain, véritable catalyseur d’aporophobie
Aporophobie ? Qu’est-ce que c’est encore que ce mot plutonien, contentologue ? Ce néologisme remplace désormais le mot pauvrophobie, il s’agit de la discrimination des personnes pauvres, avec tous les préjugés que cela implique, entre autres :
- Les pauvres sont incultes, sales, stupides, violents, alcooliques…
- Les pauvres ne doivent pas être au pouvoir, en raison de leur manque de culture (et puis parce que la place est déjà prise, tsé)
- Les pauvres sont feignants, ils ne veulent pas travailler et se vautrent sur leur canapé en attendant les allocs
- Les pauvres sont des parasites (c’est vrai que j’en connais pas mal qui envoient leur RSA sur des comptes offshore. Haha. Non. Faux)
- Les pauvres sont infréquentables, (Y en a qui sont beaux et qui risquent d’inséminer nos filles riches avec leur semence de pauvres. Ptdr.)
- Les pauvres sont cons : ils achètent ce qu’on leur dit d’acheter, votent comme on leur dit de voter.
- La maltraitance familiale, ça n’arrive que chez les pauvres.
- Chez les pauvres, c’est bruyant et ça pue (tu connais bien sûr la bande-son institutionnelle des “pleurs de bébé avec télé à fond et casseroles” quand dans un film, on sonne chez une mère pauvre. Mention spéciale pour la coupe de la daronne réalisée avec un batteur à œufs.)
L’aporophobie se glisse partout, et elle n’est pas l‘apanage des électeurs LR. Par exemple, l’happycratie, terme inventé par Eva Illouz pour dénoncer la tyrannie du bonheur, cette injonction à être heureux quelles que soient les circonstances, entraîne une culpabilisation constante chez les personnes qui ne parviennent pas à “obtenir l’abondance” dans tous les domaines de leur vie. C’est, selon elle (je suis d’accord), un fléau social qui vante une idéologie de vie issue de la pensée capitaliste issue de l’ancien “rêve américain” (pas mal d’Américains se sont réveillés depuis…). Je vous encourage vivement à lire son livre (il détend vachement !).
Allez, nous écrivains inclusifs, on va changer tout ça.
À faire :
- Créer des personnages pauvres et solidaires
- Créer des personnages qui se fichent d’avoir plus, d’acheter plus, de gagner plus…
- Valoriser ce qui est magnifique et qui s’expérimente sans avoir à payer : l’amour, l’amitié, la nature, les animaux…
- Créer des personnages pauvres et heureux, avec des familles géniales
- Créer des personnages qui quittent leur job de trader pour faire le tour du monde à pieds
- Créer des personnages pauvres qui sont puissants, intelligents, cultivés, qui ont de l’influence sur leur communauté (pays, ville, village…)
- Créer des histoires de luttes sociales qui aboutissent
- Raconter la vie des tribus, des paysans, des nomades…
- Créer des histoires où le personnage désire la richesse au départ, mais parvient finalement à résoudre ses problèmes autrement.
À ne pas faire :
- Créer des arcs narratifs de personnages qui les dirigent vers la richesse financière.
- Créer des personnages pauvres clichés (sales, incultes, profiteurs, etc)
- Créer des success stories de gens qui “partent de rien” pour “arriver à la richesse”. C’est une vision type “rêve américain” qui culpabilise énormément les millions de personnes qui n’ont aucun moyen d’accéder à ce succès, cette motivation, ce temps disponible, etc.
- Dans la même veine, laisser entendre que le personnage riche a réussi financièrement uniquement grâce à son caractère et sa détermination (et non grâce à un héritage, un soutien financier de ses parents, un confort de vie originelle et une capacité à envisager l’avenir exactement comme ses parents le lui ont enseigné…) Lire cette étude.
- Créer des tragédies qui surviennent soi-disant à cause de la pauvreté (maltraitance, alcoolisme…)
- Créer des success stories de type My fair lady où une personne pauvre est éduquée par une personne riche à devenir “meilleure”.
- Créer des romans de riches pour faire rêver les pauvres (Jane Austen c’est sympa cinq minutes, mais ses meufs dont le seul problème est de savoir avec quel riche elles vont bien pouvoir se marier sont à force, très agaçantes.)
- Écrire pour devenir célèbre et riche. J’ai vu une interview de Robert Greene, dans laquelle il disait “Je m’en fous un peu de l’argent, moi j’aime écrire, donc j’ai besoin d’une table, de matériel pour écrire et de livres, à part ça pas grand chose”. Be like Robert.
À lire : Sauras-tu pointer du doigt le plus nuisible ?
En conclusion
Dans tous les cas, vous ne devriez jamais traiter vos personnages issus de groupes minoritaires comme des prétextes à l’intrigue ou des faire-valoir d’autres personnages. Évitez de les utiliser comme un sujet de moquerie, mettez-les en valeur et promouvez le comportement respectueux vis-à-vis de ces personnages. Pensez-y : on n’a pas absolument besoin d’un énième roman avec une belle femme fragile qui se pâme devant le héros, un personnage noir subalterne qui se fait tuer, un gros trop rigolo ou un “pananoïaque schizophrène” en guise de meurtrier.
De plus, faites toujours des recherches approfondies sur les réalités que vivent les personnes dont vous souhaitez parler. Discutez avec elles, demandez-leur d’être bêta-lecteur même, pour qu’elles puissent vous dire ce qu’elles ont ressenti par rapport à votre traitement du sujet. Bon, pour le cas des personnages “moches”, n’allez pas trouver une personne pour lui dire : “En tant que moche, que ressens-tu ?” D’ailleurs on peut être moche pour quelqu’un et beau pour un autre…Il s’agit surtout d‘arrêter la tyrannie de la beauté plastique telle qu’elle nous est vendue dans les médias. Nous sommes tous “le moche de quelqu’un d’autre” et nous avons tous expérimenté la souffrance de la comparaison. Utilisez vos propres ressentis.
Même si vous êtes vous-même issu de l’une de ces minorités, vous ne savez pas forcément tout des réalités de votre communauté : n’outrepassez pas les recherches et les rencontres.
La pression !
Si vous n’êtes pas familiarisé avec l’inclusivité, vous allez peut-être ressentir un coup de pression : “Mais du coup, tous mes personnages doivent être sympas, “politiquement corrects”, jamais agresser personne ?”
Pas du tout ! Regardez la série Orange is the new black, la série LGBT féministe la plus inclusive qui soit, eh bien ses personnages ne sont en rien corrects ! Simplement, il y a une énorme différence entre 50 nuances de Gray et OITNB, et elle se situe dans le point de vue de l’auteur, qui se manifeste dans le point de vue des protagonistes, leurs choix et les conséquences de leurs actes.
Dans 50 shades, la violence sexuelle, c’est cool, c’est “érotique”, dans OINTB, elle est réaliste : elle fait souffrir, le personnage aura du mal à s’en remettre, on parlera de son histoire, de la manière dont elle résout ça…Les affreux personnages sont montrés dans toute leur complexité et doivent affronter les conséquences réalistes de leurs choix.
De plus, vous ne traiterez pas de tous les sujets et vous n’êtes pas obligé d’intégrer un membre de chaque minorité (ça fait quota de film hollywoodien : la bande avec “le noir”, “le gros”, “la fille” et “le geek” yeux aux ciels). Donc relax ! Il y a surtout des choses à éviter et parfois quelques descriptions qui feront du bien de supprimer !
Je me sens exclu
“Et moi, et moi, et moi ?” Jacques Dutronc
Si vous lisez cet article et que vous êtes un boomer blanc hétéro riche qui mange du jambon, vous pourrez peut-être vous sentir un peu à part, pas “dans le coup” (expression de boomer). Considérez-le comme un événement historique : pensez-vous que jusqu’à il y a 20 ans, ce sentiment aurait pu surgir chez le mâle blanc dominant ? Jamais de la vie ! C’est plutôt marrant quand on y pense, non ? (Perso ça ne me fait pas trop rire, mais bon).
Trève de mi-rigolade, il ne s’agit pas de rejeter les personnes qui ne sont pas minoritaires, mais de leur permettre, à elles aussi, d’entrer dans le futur en s’appliquant, sinon à faire le bien, du moins à ne pas faire de mal. Il y a des choses sympas qu’on faisait dans les années 60 qu’on ne fait plus, comme par exemple, sortir au bal (genre avec des valses et des accordéons et tout) ou dans les années 80 comme jouer au flipper ou au baby, et il y en a d’autres qu’on ferait vraiment bien de ne plus faire : traiter les gens et les animaux comme des objets par exemple. Ça, ça ne devrait plus manquer à personne, ni aux minorités, ni aux majorités.
Bien que cet article soit orienté POUR les minorités et non CONTRE les majorités, il vise un sujet sensible, potentiellement déclencheur de réactions défensives et donc potentiellement offensantes pour les minorités dont il est question dans cet article, donc je précise que tout commentaire :
- Minimisant : “tous les [dominants] ne sont pas comme ça” “c’est quoi ces généralités”, “faut pas non plus exagérer”
- Patronisant : “Je vous conseille de changer de vision” “votre combat n’est pas le bon”
- Discriminant : “Personnellement je suis moi-même [une minorité] mais je déteste les [membres de ma minorité], “faut pas exagérer y en a qui…”
- Retournement de victimisation : “Bientôt on aura plus le droit de rien dire” “Ramenez-nous Desproges” “La littérature du futur promet d’être chiante, etc”,
sera purement et simplement ignoré et/ou supprimé (Oui, même si vous commencez votre commentaire par “c’est pas pour être [minoritéphobe], MAIS…)
J’attends vos ajouts et remarques avec intérêt. Notamment s’il manque des choses ou si vous souhaitez partager des références, n’hésitez pas à contribuer, pour que je puisse améliorer l’article.
Sophie Gauthier vous apprend à écrire et à vivre de vos écrits. Articles, livres, romans, pages de vente : découvrez comment rédiger et devenir un pro de la plume !
Bonjour Sophie, merci pour cet article très éclairant. Je suis tombée dessus dans ma réflexion sur le bien fondé de faire de mon second personnage principal un homme (l’héroine étant une femme) car j’arrive au bout de mon roman et je me rends compte que somme toute ça n’est pas essentiel au bon déroulement de l’histoire.
En lisant l’ensemble de l’article je réalise que de nombreux autres personnages pourraient être modifiés pour rendre le roman plus inclusif, mais j’ai peur de tomber dans l’écueil opposé et que cela apparaisse comme un “quota” à atteindre mais que ça ne fasse pas naturel.
Quels conseils me donnerais-tu ? Est-ce que je dois réécrire l’histoire de sorte à ce que tous les éléments d’inclusivité apparaissent ? Je veux bien faire, mais j’ai peur d’arriver au résultat opposé. D’avance merci pour ta réponse !
Hello Clem,
Je suis d’accord avec toi : réécrire ton roman pour y inclure des personnes discriminées est improductif. Déjà, un histoire vraiment organique ne peut tenir debout qu’avec les personnages qu’on a créé pour cette histoire spécifique. Les réinventer à la fin du roman serait absurde. Pour un prochain roman, pense-y, si l’une de ces communautés te touche et que cela a un rapport avec ton histoire, n’hésite pas.
Cet article est avant tout pour éviter de discriminer les personnes en créant des personnages stéréotypés négativement. Si tu as créé un personnage féminin, tu peux te servir de cet article pour relire ton roman avec un esprit plus éclairé : si tu as par exemple sexualisé ce personnage sans raison (genre en décrivant son “opulente poitrine” ou “sa chevelure de déesse” alors qu’elle est médecin), cela vaudrait sûrement le coup de modifier ces parties-là. N’hésite pas à venir nous donner le lien de ton roman en réponse ci-dessous quand il sortira. 🙂
Bonjour,
Cet article est très chouette. Il m’a touchée par son bel esprit. Et me voilà doublement contente de t’avoir acheté des formations, Sophie. J’avoue que souvent un bon livre me tombe des mains pour ces détails qui bien sûr sont tout sauf des détails.
Exemple, je suis férue de santé naturelle et parfois je stoppe la lecture de l’article avec un noeud à l’estomac. Parce que pour appuyer son argumentation l’auteur explique placidement et avec force détails que cela fut testé (scientifiquement, n’est-ce-pas ?) , expérimenté sur des rats, des singes, etc. Cela me glace que l’on puisse encore, dans un article sur la santé naturelle, valider ces tortures faites sous des prétextes tellement dérisoires, en regard d’une vie. Surtout qu’il y a des alternatives.
Bon sinon, je pensais aussi à une valorisation, celle de la nature. Qui ne soit pas juste un paysage (et donc, je ne parle pas de lyrisme), ou une ressource. Tiens, je consultais ce matin un guide la flore et de la faune. Au chapitre des arbres, l’auteur nous dit sans broncher que l’érable sycomore vit 500 ans et que c’est un bois bon pour la lutherie. Hop, là ! Tel autre est un bon combustible ( Bon ok, il ne dit pas que ça mon guide) (qui ne s’appelle pas Nathalie). Le mot “environnement ” aussi m’énerve. Tellement employé de nos jours, il met en évidence notre vision auto-centrée.
Hello Marie, merci beaucoup ! Je suis tout à fait d’accord avec toi, le problème de fond vient du principe “humaniste”, c’est-à-dire l’Homme au centre et le reste pour le servir. Et oui c’est vrai que l’environnement signifie “environnement de l’Homme”. Il y a tellement d’abus au niveau de la coupe des arbres, surtout des forêts primaires, les tribus d’Amazonie luttent contre ça, mais on coupe sans état d’âme des arbres sacrés (et qui sont un éco-système) qui ont plusieurs siècles…
Pour éviter la transphobie “les êtres de genre féminin” serait plus approprié que “sexe féminin” qui renvoie à la biologie et non à la manière dont chacun.e s’identifie :). Et ne pas oublier toutes les personnes non binaires ou avec une identité de genre différente de “femme” ou “homme” que l’on peut inclure avec le “x” par exemple
Hello Marion,
Merci pour ton commentaire. Dans ce cas-là, je parle bien de femmes cis-genre, donc de sexe féminin, qui rencontrent des discriminations bien spécifiques, liées à leur sexe (règles, enceinte, corps, rôle dans la société, etc.). Je parle de la transphobie dans la catégorie homophobie. C’est vrai que j’aurais pu créer une section “transphobie” à part, mais il me semblait que j’allais pas mal me répéter avec ce que j’avais déjà dit dans sexisme et homophobie. Je suis néanmoins tout à fait d’accord qu’une personne peut s’identifier au genre qui lui convient. J’ai placé un lien vers l’écriture inclusive qui parle de la grammaire neutre, mais si tu as des liens, vidéos, livres, articles, etc, pour étayer le sujet des genres ni femme ou homme, n’hésite pas à me les donner et je les mettrai.
Salut Sophie,
Excellent sujet d’article. Encore si peu abordé…
“Beauté fatale” m’a marqué aussi.
Et merci de le rappeler : y’en a marre des protagonistes noir.es qui meurent toujours en premier!
😉
Hello Naomie, merci beaucoup ! (J’ai cru un instant que j’avais oublié de mettre ce livre fabuleux dans la liste, mais il y est ^^)
Bonjour Sophie,
Merci infiniment pour cet article, que je conserverai dorénavant dans mes favoris.
Comment contourner ce qui se voit partout et le faire convenablement est une question centrale dans la façon dont je construis les histoires que je veux écrire. Il ne s’agit pas de cocher des cases pour faire moderne, mais bien de déterrer une richesse enfuie. Lire ton article, s’intéresser à ces personnages, c’est cultiver sa créativité.
Pour éviter les « tropes » récurrents, et en bonne accro à Youtube, j’ai pour ma part regardé beaucoup de vidéos (la plupart en anglais) sur les chaînes suivantes : The Take (surtout pour les personnages féminins), Hello Future Me, Pop Culture Detective (surtout pour les romances), Fabien Campaner et Lucie Card et Le Tropeur.
Etudier les fictions mainstream me permet de réfléchir à comment écrire de la fiction autrement. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout ça tout ça…
C’était ma contribution.
A bientôt !
Merci beaucoup pour ta participation AE ! Je vais aller faire un tour sur ces chaînes et j’en ajouterai dans l’article. 🙂 Tu as tout à fait raison pour la richesse que l’on déterre : on se prive de tellement de complexité et de sensibilité en utilisant des personnages stéréotypés, la réduction de la pensée entraîne la réduction de la richesse créative, merci de le souligner.