Interview d’Alexandra Le Dauphin
Alexandra, c’est une nana que tout le monde kiffe. Elle est courageuse, drôle, intéressante et passionnée, et elle écrit comme j’aimerais vous apprendre à écrire: avec son coeur.
Son livre sur les galères d’une chômeuse en quête d’entreprise « Au boulot, Chômette ! » a non seulement provoqué l’enthousiasme de la maison d’éditions La Boîte à Pandore, mais a aussi attiré l’attention des médias et elle se fait aujourd’hui solliciter de toutes parts.
Non mais regardez-moi cet enthousiasme: pas moins de 27 commentaires super positifs à cette date. Et ce n’est pas pour rien. Elle parle d’elle avec sincérité et humour, et ça, mes cocos, ça soulève les foules.
Alors Alexandra, comment fait-on pour écrire un livre qui marche? Et comment on fait pour réussir comme toi? La réponse en 10 questions:
1) En combien de temps as-tu écrit ton livre? Que conseilles-tu par rapport au rythme de travail à adopter?
Je ne sais pas exactement, je dirai un an. Je l’ai commencé, puis arrêté et repris après que deux copines m’aient poussée…Merci à elles, car je crois que sans leur insistance, Chômette serait restée dans un coin de mon ordinateur.
Concernant le rythme de travail, je fonctionne au feeling. J’écris le soir, quand mes enfants dorment et que mon mari regarde le foot à la télévision. Si je ne me sens pas inspirée, je n’insiste pas…Il arrive que j’avale les pages ou qu’au contraire, je reste bloquée au bout de 2 lignes…
2) Quels sont les outils que tu as utilisés?
Un stylo pour noter des choses qui me passaient par la tête n’importe quand et mon ordinateur…Du basique, quoi.
3) Comment as-tu fait pour te faire éditer, est-ce que cela a été facile?
L’histoire de Chômette s’écrit en deux temps. Tout a commencé en en 2010, quand, sortie de mon congé maternité, j’ai entamé ma recherche d’emploi. Après un an désillusion, j’ai ouvert un blog pour évoquer le sujet : un moyen d’en parler avec humour pour dédramatiser. Un premier noyau dur d’amis virtuels s’est constitué : des gens que je ne connaissais pas sont venus m’encourager, me dire que mes billets les faisaient rire et que peut-être, je devrais en faire un livre.
L’idée a fait son chemin. Le 01 avril 2013, j’ai sorti « Au boulot, Chômette ! », version 1. Auto-édité, ce livre s’est vendu à plus de 300 exemplaires : bien sûr, c’est n’est rien mais cela voulait dire que les gens continuaient à soutenir ma démarche…
De ce fait, j’ai écrit la suite : ma vie en auto-entreprise. J’ai voulu montrer que quand on veut, on peut et que la fin heureuse existe quand on se donne les moyens. Je suis entourée d’entrepreneurs qui se bougent chaque jour et je préfère véhiculer ce genre de messages plutôt que d’entretenir la sinistrose.
Cette partie sur ma vie en autoentreprise était donc inédite et j’ai décidé de l’envoyer en maison d’édition. Si elle n’avait pas trouvé preneur, je l’aurais auto-éditée elle aussi. Et puis, trois jours après mon envoi à une maison franco-belge, c’est la surprise : la directrice m’appelle, me pose des questions, m’explique qu’elle est emballée par le style : Chômette décroche un contrat !
Les éditions Jourdan / La boite à Pandore me demandent aussi de leur faire lire l’histoire auto-éditée et…lui donnent aussi sa chance.
J’ai du tout de même modifier une partie du texte et ajouter des conseils qui n’y étaient pas au départ. Ma maison d’édition souhaitait un côté ludique + instructif. Je me suis donc basée sur ce que j’avais constaté pour tenter de donner des conseils à mon échelle.
« Au boulot, Chômette ! » version 2 était né.
4) Pendant longtemps, tu ne savais pas que tu écrivais bien et il a fallu que ton entourage te le dise pour que tu en prennes conscience. A présent, comment définirais-tu ton style et ce qui fait que tu « écris bien »? En gros, « comment écrire bien »?
Je n’en ai pas la moindre idée…À vrai dire, « écrire bien », c’est très subjectif. D’ailleurs, je ne considère pas que j’écris bien, je pense que je rédige différemment, c’est tout. Je pose mes tripes dans mes textes, mon humour, ma personnalité. J’essaie que les mots trouvent un sens pour mes lecteurs afin qu’ils s’identifient à mes personnages.
D’ailleurs, le bon vieil adage « on ne peut pas plaire à tout le monde » s’applique aussi à l’écriture. Certains seront happés par le style là où d’autres le trouveront sans envergure. Je crois que l’on ne peut pas convaincre 100% des gens qui seront amenés à nous lire : c’est impossible, tout simplement parce que chacun réagit en fonction de sa sensibilité, de son propre humour !
5) Tu définis l’écriture comme un exutoire, peux-tu nous parler un peu plus de ça?
Plusieurs choses compliquées me sont arrivées. J’ai dû gérer ma grand-mère malade à l’âge de 14 ans, passant mes week-ends à m’en occuper. Ses pas raclant le sol hantent encore parfois mes nuits. C’est un sujet dont je n’ai jamais encore parlé dans mes livres, peut-être que j’y viendrai…
Mais ce qui a réellement déclenché mon besoin d’écrire, c’est la naissance prématurée de ma fille.
Un bébé en souffrance, que l’on a sauvé in extremis en la faisant venir au monde à moins de 6 mois de grossesse avec un poids de 570 grammes. Sous le choc d’un accouchement par césarienne en urgence, sans mon mari, le flot que je retenais depuis des années s’est déversé dans ma tête, comme un barrage qui aurait cédé sous la pression ; à la sortie de l’hôpital de ma puce, je lui ai écrit un texte pour lui dire combien je l’aime et combien elle me rend fière.
À titre professionnel, seulement 2 ans après la naissance de ma puce, j’ai subi un licenciement pour motif économique. Un raz-de-marée émotionnel, là aussi. C’est ce qui a motivé l’écriture d’au boulot Chômette. Cela m’a permis de me faire du bien et de tenter de réconforter tous les autres demandeurs d’emploi.
L’écriture est une thérapie, le chemin à emprunter pour aller de l’avant !
6) Tu as l’air d’une fille simple et enjouée, cela donne envie de lire ton ouvrage. Quels conseils donnerais-tu à des rédacteurs ou blogueurs pour tisser un meilleur lien avec leurs lecteurs?
Je pense être quelqu’un de simple en effet et je crois que c’est important de rester connecté avec ceux qui nous aiment 😉 pour tisser un lien solide avec ses lecteurs, il suffit de rester comme on est : l’honnêteté et la bienveillance paient toujours. Je pousse quelques coups de gueule mais j’appartiens plutôt au monde de la guimauve…On ne peut pas aller contre sa nature.
Par contre, je ne tolère pas les gens jaloux, ceux qui aigris, se permettent des réflexions bien senties. Les personnes toxiques sont non grata chez moi. Je ne jalouse personne et pense encourager le plus que je le peux mes amis.
Pour résumer, tisser un lien avec ses lecteurs, c’est simplement être à leur écoute !
7) Tu conseilles de se faire remarquer pour obtenir un job, que conseillerais-tu as des rédacteurs freelance pour parvenir à ce but?
Je leur conseille de revoir leur façon de se présenter ; lorsqu’ils postulent pour un job, qu’ils essaient de temps en temps d’envoyer une lettre de motivation décalée qui va à l’encontre de ce que le recruteur attend. De même pour le CV : il doit être pétillant, frais, inattendu. Un simple résumé sans couleurs ni formes ne suffit plus. Il faut se montrer créatif pour se démarquer. Je crois que c’est la clé qui ouvre la porte de l’entretien.
8) Et pour un rédacteur ou content-manager qui souhaiterait se faire embaucher en entreprise?
Il doit être en mesure de montrer son expérience. Pour cela, tenir un blog me semble capital. C’est une vitrine de notre savoir-faire, une place ouverte pour montrer son expertise. Il est toujours intéressant de montrer à un chef d’entreprise que l’on ne s’est pas laissé aller pendant sa recherche d’emploi.
9) Beaucoup de rédacteurs sont anxieux par rapport au manque de travail, comment fais-tu pour obtenir des clients?
Sur ce point-là, j’avoue avoir de la chance. Ce sont mes clients qui viennent à moi. Il est très rare que je les trouve. Je crois que cela est dû au fait que j’ai passé du temps sur mon référencement mais surtout parce que je me démarque des autres rédacteurs : je prône l’écriture décomplexée, la juste limite entre la folie littéraire et le cadre trop strict à la Jean-Jacques Rousseau.
Par exemple, j’arrive dans les premières positions avec « lettre de motivation originale » sur Google ce qui explique pourquoi je suis submergée de demandes.
10) Je pense que ton nom de famille attire la sympathie, penses-tu que je devrais prendre le pseudonyme de Sophie La Girafe? :p
Absolument ! En même temps, je suis souvent confrontée à cette question : « mais Le Dauphin…c’est un pseudonyme ?! ». Chers lecteurs du blog, sachez que…pas du tout ! C’est mon nom marital !
Alors si tu choisis de t’appeler Sophie La Girafe, je ne peux que te soutenir mais attention à l’amalgame avec l’animal en caoutchouc que les enfants adorent mastiquer pour se faire les dents !
Son actu:
Actuellement, elle vient de remporter le premier prix du festival jeter l’encre au Moulleau d’Arcachon. Elle a aussi publié un livre pour enfants écolo « Matéli fait son tri » aux éditions Verte Plume et s’attelle à présent à l’écriture de »Célibattante » qui paraîtra le 28 janvier 2016.
Sophie, la Contentologue, vous apprend à écrire et à vivre de vos écrits. Articles, livres, romans, pages de vente : découvrez comment rédiger et devenir un pro de la plume !
J’en avais déjà entendu parler. Content que tu y consacres un article sous forme d’interview, bravo !
J’adore Alexandra, je la suis depuis 2013 , une vrai nana adorable et abordable
On est d’accord ! 🙂
Salut Sophie!
Merci, j’avais justement besoin de ce genre de témoignage. Je vais bien me mettre à la recherche de moi-même (arrêter d’agir contre ma nature en essayant de faire comme…) bien que je n’ai pa encore une idée claire de comment je vais m’y prendre. Je vais bien partager le lien à mes amis qui ont, eux aussi, perdu leur confiance en eux. Merci
Salut Haja,
Bon courage alors, tu trouveras pleins d’idées pour trouver ta voie sur ce blog. Et merci pour le partage A bientôt!
Ah non, c’est pas de la modestie…Je t’assure : j’ai des gens qui me voient comme un monstre opportuniste manipulant tout le monde. J’suis une vraie sorcière, tu ne le savais pas ? (D’ailleurs, mon balai traîne non loin de moi^^)
Maintenant que tu le dis…
Bonsoir. J’ignorais l’existence de Chômette mais cet échange m’a donné envie de la lire. Sophie, il semble que vous sachiez fort bien provoquer la rencontre avec les gens sains, sincères et qui nous font du bien….
Un grand merci pour cette interview !!!
Par contre, je dois rectifier un truc^^ : tout le monde ne me kiffe pas, ma belle 😉 (mais merci de tes propos dithyrambiques !)
Et en plus, elle est modeste! Vive toi! :p