Comment écrire une autobiographie
Je reçois énormément de messages de lecteurs, me demandant de leur apprendre à écrire une autobiographie.
Message reçu, dans l’article qui va suivre, je vais vous expliquer, en long et en large, comment écrire votre autobiographie.
C’est un article de fond, qui je l’espère répondra à tous vos questionnements sur la rédaction d’un livre autobiographique.
Il est très long, très riche, et requiert une théière complète, voire quelques petits gâteaux pendant sa lecture. Mais il est néanmoins très clair, sans jargon, hyper détaillé, pour que vous compreniez bien comment raconter votre vie de manière intéressante.
Et que votre livre ne finisse pas tout en haut de l’étagère.
Tout d’abord, analysons ce désir mystérieux : pourquoi, au fond, souhaitez-vous écrire votre autobiographie ? Pourquoi vouloir écrire sur sa vie et vous livrer comme ça, aux autres, qui après tout, possèdent déjà la leur de vie, avec son lot de péripéties plus gonflantes qu’épiques, certes, mais tout de même ?
C’est ce que nous allons voir dans ces :
10 bonnes raisons d’écrire une autobiographie
(Et leurs surprenantes conséquences)
- Pour transmettre votre pensée, celle que vous avez développée au fur et à mesure de votre vie et des leçons que celle-ci vous a apportée. En témoignant sous une forme narrative des origines de votre pensée, vous touchez votre lecteur, qui comprend mieux la source de ces convictions. Conséquences : Vous devenez un gourou et donnez des conférences ultra-chères, dans lesquelles vos adeptes se battent pour acheter un recueil de vos meilleures citations.
- Plonger en soi a un effet thérapeutique évident. Cela permet de faire un bilan de votre vie, de prendre du recul, même parfois de se débarrasser de vieilles douleurs, et de passer à l’étape suivante. Vous vous retrouvez enfin vous-même, cette personne authentique et formidable que l’on perd parfois de vue, mais qui reste à disposition, là, au creux de notre petit cœur malmené, pourvu qu’on veuille bien la laisser parler librement. Conséquences : Vous ne vous êtes pas coupé pas la parole une seule fois ! It’s something.
- Vous renouez avec votre vieille tante Viviane. Elle ne se doutait pas du mal qu’elle vous avait fait, quand lors des vacances d’été 1974, elle avait baissé votre slip à la plage devant votre cousine préférée. Comment aurait-elle pu deviner que cela allait vous conduire à devenir un exhibitionniste et à finir à l’asile ? Conséquences : C’est officiel, vous êtes désormais en bonne place sur son testament et hériterez à sa mort de Moumoutte, son chat empaillé préféré.
- Rencontrer de nouvelles personnes qui vous ressemblent en pensée et en âme. C’est l’opportunité de développer de belles amitiés parmi vos lecteurs, et parmi eux, peut-être…votre âme-sœur ? Conséquences : Votre famille ne vous comprend pas et ne vous appelle jamais ? Des inconnus vous écrivent de longues lettres
de psychopathesenthousiastes pour vous dire à quel point ils se sont reconnus dans votre livre. - Vous exprimez enfin votre authenticité, en révélant la douloureuse réalité votre passé. Se raconter par l’art, c’est la consolation des mal-aimés. Conséquences : Votre mère vous appelle toujours « sale roux », mais vous avez 5 étoiles sur Amazon.
- En racontant votre évolution auprès de votre mentor, vous lui rendez hommage et lui exprimez enfin votre gratitude pour tout ce qu’il vous a apporté. Conséquences : Mme Pichard, votre ancien professeur de français de collège, vous envoie un message vocal sur Facebook à 4h du matin, complètement cuite pour vous demander de la pistonner auprès de votre maison d’édition, passsque vous zlui devzez bien ça !
- Vous laissez un témoignage impérissable aux générations futures sur le quotidien, les événements et bouleversements des XXème et XXIème siècles. Conséquences : Pour la Noël 2095, Géraldine reçoit votre livre devenu culte, « 1999, cyber-love ». Elle y découvre, émerveillée, le contenu de vos échanges coquins avec un témoin de Jéovah sur Caramail, et l’usage surprenant que vous faisiez de votre tout nouveau Motorola avec vibreur intégré.
- Vous fixez vos souvenirs sur papier avant qu’ils ne s’effacent. Conséquences : À 78 ans, vous avez Alzheimer, et avez complètement oublié ce que signifie le mot écrire, mais l’infirmière de la Clinique des rosiers connait un succès retentissant avec ce manuscrit trouvé dans votre armoire.
- Après avoir expulsé les souvenirs encombrants de votre psyché, vous avez une vision totalement différente de la vie, regagnez en créativité et prenez un tout nouveau départ dans l’existence. Conséquences : Vous relisez parfois honteusement ce manuscrit qui semble avoir été écrit par une autre personne, et l’enfermez à nouveau dans votre cachette secrète, où vous le gardez précieusement pour vous rappeler de ne jamais redevenir ce gros abruti.
- En donnant à votre existence la forme d’une aventure épique, l’originalité absolue de votre légende personnelle vous apparaît clairement. Conséquences : Le dimanche soir, vous prenez une part de pizza de la veille dans le frigo, et vous affalez en slip devant Harry Potter et la coupe de feu, en vous demandant comment vous auriez réagi si vous aviez été envoyé chez Poufsouffle.
Bon, assez ri, au travail.
Préparez-vous, écrire une autobiographie n’est pas de la tarte. Mais si vous avez décidé de prendre enfin ce temps, et de vous y mettre avec courage et volonté, laissez-moi vous expliquer tout de même, et de façon la plus claire et la plus détaillée possible, comment rédiger littéralement l’oeuvre de votre vie.
Comment écrire une autobiographie
Sommaire :
- Par où commencer
- Comment démarrer votre autobiographie
- Que raconter dans votre autobiographie
- Chronologie de votre récit
- Quelles personnes inclure dans votre autobiographie
- Faire un travail de mémoire
- Quelle méthode pour structurer votre autobiographie
- 3 conseils pour réussir votre autobiographie
Écrire une autobiographie : Par où commencer ?
Je reçois de nombreuses questions de lecteurs, et l’une des plus courantes est « Comment écrire le début d’une autobiographie » ?
Cette question pourrait vous sembler tout à fait honnête. Après tout, un projet de livre, comme n’importe quel projet, a bien un commencement et une fin n’est-ce pas ?
Eh bien détrompez-vous : ceci est la question d’un fou. Car derrière celle-ci se cache une autre demande, hallucinante : Par quel phrase faut-il démarrer le livre ?
Loin de moi l’idée de vous traiter de fous, bien que cela pourrait constituer un compliment, étant donné le monde de tarés dans lequel nous vivons (dans un monde fou, les fous sont sains d’esprit gnagnagna).
Ce que j’appelle folie, c’est la mentalité française concernant la création littéraire.
L’inspiration, dans ce pays de gros mégalos, est divine, point barre. Pour preuve, l’absence de cursus universitaire pour étudier cette pratique (à part une pauvre section expérimentale au Havre, de 20 élèves max). Dans les autres pays, l’écriture créative s’étudie humblement, comme la danse, le piano et la peinture.
Mais en France, la pratique, c’est pour les artisans. Autant dire les bouseux (bah oui, c’est pas vraiment des artistes pisky z’écrivent pas de livres et boivent pas de cocktails avec Begbédé).
Alors, si vous désirez vous aussi vous élever socialement, et rejoindre l’olympe de l’élite lettrée qui s’assoit devant sa feuille, attendant que la muse des mots volette jusqu’à son bureau et daigne poser sa petite crotte dans le récipient vide qui lui sert de crâne, libre à vous.
Mais si vous ressentez qu’au fond, toute cette histoire d’inspiration divine fait partie des légendes de votre enfance, aux côtés des fameux contes rocambolesques Les bonnes notes qui donnaient un travail plus tard, et Bubulle, le poisson rouge qui vivait éternellement, alors vous êtes au bon endroit.
Je suis la personne qui vous attrape les pieds pendant que votre tête flotte dans les nuages à la recherche des petits lutins magiques qui fabrique le wifi. Puis, je vous ramène sur le sol en douceur, pour vous prendre par l’épaule et vous expliquer la vie. Non par condescendance, mais pour que vous ne redécolliez pas.
Le mythe de la page blanche
Commençons par le très célèbre syndrome de la page blanche :
L’écrivain qui s’assoit devant son clavier ou sa feuille et qui se demande désespérément « Ma vie est si vaste, qu’écrire en premier ? », peut se comparer au cuisinier qui, devant sa cocotte vide, reste bloqué en se demandant « Il y a tellement d’aliments dans ce monde, que cuire en premier ? ». Le jury de Top Chef le regarde fasciné : encore un cas de casserole blanche !
Vous voyez le souci ?
Pour écrire, il vous faut des ingrédients et une recette. Les ingrédients étant l’histoire à raconter, et la recette, votre méthode de travail.
Oui, lorsque vous aurez écrit 10 romans, votre pratique assidue vous permettra de vous lancer à l’aveuglette, uniquement guidé par votre inspiration maîtrise. Tel les cuisiniers expérimentaux, qui mélangent du sel avec du rien, et le déposent délicatement dans un verre en cristal. Un serveur vous l’apporte avec un air guindé : « La verrine de vortex guérandais sur son lit d’oxygène ? ». Il arrive que ce soit bon, mais la plupart du temps, on va dans ce genre de restos par snobisme. Comme on lit certains livres d’auteurs déjà connus de la même manière.
Alors, quittons allègrement les plaines du mythe de l’incipit instantané, pour rejoindre les monts et vaux de la méthode élaborée.
Par quoi commencer (vraiment) pour écrire son autobiographie ?
Si vous souhaitez écrire une autobiographie, c’est que vous estimez avoir vécu des choses suffisamment intéressantes pour être racontées.
Une vie intéressante n’est pas forcément jonchée de missions d’espionnages, voyages dans des contrées mystérieuses ou accidents graves. Il s’agit avant tout qu’elle soit particulière.
En quoi votre vie est-elle, par bien des points, particulière ? Que pensez-vous avoir vécu que personne d’autre n’a vécu (ou pas de cette manière spécifique) ?
Commencez par dresser une liste volante de tous ces éléments qui, assemblés, font de votre existence une histoire mouvementée. Une aventure haute en couleurs, et remplie d’émotions variées.
Vous pourriez aussi raconter une vie ennuyeuse en tous points, c’est un parti pris. Détailler un quotidien morne du début à la fin peut être un concept. Les éditeurs aiment les concepts.
Mais, à moins d’être un poète génial, je vous recommande de viser une bonne histoire, avec un schéma narratif classique, c’est à dire : Une situation initiale, un élément déclencheur, des péripéties et un dénouement.
Attendez, attendez, petits lecteurs impatients, ne vous précipitez pas sur votre logiciel d’écriture préféré pour entreprendre votre structure !
Commençons d’abord par réfléchir aux ingrédients que vous allez utiliser pour votre autobiographie, c’est à dire ce que vous allez raconter.
Que raconter dans une autobiographie ?
À quel moment de votre vie souhaitez-vous démarrer votre autobiographie ? Il va falloir déterminer son commencement et sa fin.
Doit-on raconter toute sa vie, ou vaut-il mieux se concentrer sur une partie, quitte à écrire d’autres tomes par la suite ? Amélie Nothomb l’a fait sur 7 romans (publiés jusqu’ici). Je vous les mets dans l’ordre chronologique :
- Métaphysique des Tubes (2000) sur sa petite enfance au Japon
- Le Sabotage Amoureux (1993), la suite de son enfance en Chine
- Biographie de la Faim (2004), son adolescence à New-York et au Bengladesh
- Stupeur et Tremblements (1999), son premier emploi à Tokyo au début de sa vingtaine
- Ni d’Eve ni d’Adam (2007), la même période, mais en dehors de sa vie professionnelle
- La Nostalgie Heureuse (2013), son retour au Japon après 20 ans d’absence. Un documentaire Une Vie entre Deux Eaux, en a été tiré.
- Pétronille (2014), son amitié avec une auteure et correspondante.
Vous remarquerez que les dates de publication ne correspondent pas à l’ordre chronologique des événements. De la même façon, vous pouvez suivre votre inspiration, et n’écrire que sur certaines périodes de votre vie, sans forcément respecter la chronologie.
Ne croyez surtout pas que vous deviez raconter votre vie dès le début. Certaines autobiographies de grands personnages, nés à une période manifeste de l’Histoire s’y prêtent. C’est que leur naissance est en elle-même un événement. Alors, si vous êtes né à La Roche-sur-Yon, le 30 avril 1982, n’encombrez pas votre livre de cette information.
L’étendue des événements que vous allez raconter dans votre autobiographie dépendra de plusieurs facteurs, à commencer par celui du but de votre livre.
L’autobiographie pour ses petits-enfants
Si celui-ci est destiné à léguer un témoignage à vos descendants, afin qu’ils connaissent leurs origines, ne vous oublient pas, ou même pour révéler certaines choses qui furent trop difficiles à dire de vive voix, je vous recommande d’écrire sur une amplitude assez large.
Démarrez par le premier moment intéressant de votre vie. Par exemple votre premier souvenir, votre meilleur ou pire souvenir d’enfance, et finissez à un moment clé, à partir duquel elle n’a plus vraiment bougé.
Je vous donnerai des conseils plus bas pour éviter que le livre ne soit destiné à recueillir la poussière du grenier (car vos proches ont autre chose à faire que de lire vos radotages, déjà qu’il faut se les farcir à chaque repas de famille, merci bien) (je plaisante).
Écrire sur sa vie et être publié
Si votre ouvrage a pour vocation d’être publié chez un éditeur (vous pouvez tenter l’auto-publication pour votre autobiographie, mais vous risquez de vous auto-lire), asseyez-vous, respirez un grand coup avant de lire ce qui va suivre :
Tout le monde se fout magistralement de votre vie.
Oui, même votre famille proche (et c’est injuste, car c’est à cause d’eux que nous avons justement ce besoin maladif de reconnaissance, mais c’est ainsi).
Les éditeurs reçoivent chaque année des dizaines de milliers de manuscrits. Seul 1 sur 6000 environ est publié. Et par publié, j’entends « imprimé et diffusé à leurs frais », non « vendus à des millions d’exemplaires faisant de vous le prochain Houellebecq ».
Parmi tous ces manuscrits, un grand nombre d’entre eux sont des autobiographies, leurs auteurs étant persuadés que la passion qu’ils ont pour eux-même sera transmise aux éditeurs par la magie du cachet de la poste.
Ne soyez pas désespéré : il faut juste prendre conscience de la réalité, pour pouvoir agir de la meilleure manière, et faire ce qu’il faut pour pouvoir espérer plaire à un éditeur.
S’il s’agit de votre tout premier livre, que vous n’avez pas l’habitude d’écrire et que votre style est encore maladroit, prenez bien le temps de vous former, en travaillant par exemple à l’écriture d’un roman ou d’un livre didactique.
Parfois, être édité est un coup de chance, et certains ouvrages de grande qualité passent à la trappe pour diverses raisons. Alors, écrivez avant tout parce que vous sentez au fond de vous, ce livre qui demande à être écrit.
Toujours motivés ?
Alors, pour que votre vie intéresse un éditeur, il faut que :
- Ce soit bien écrit (Si vous en êtes encore à galérer avec le français, prenez des cours, faites-vous aider).
- Le style soit original. Ne cherchez surtout pas à écrire comme [untelquiadusuccès].
- Les événements survenus soient vraiment spécifiques et sortant du lot (Vous avez été élevé par des Koalas) OU
- que la manière de traiter vos aventures soit originale (auto-dérision hilarante, lucidité effroyable, intelligence hors-norme, sincérité sans aucun tabou, etc.) OU
- que vous ayez un sens du suspense et de la structure narrative épatants. (Oui, c’est surtout là que je vais vous aider)
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Note de la rédaction (c’est moi la rédaction) :
Si vous êtes effrayé à la lecture de la ligne 1, rassurez-vous, je ne parle pas de vous. En effet, les personnes concernées n’ont peur de rien. RIEN.
Pour preuve, voici le genre d’emails qu’ils m’envoient :
Binjour je voudrer ecrire le livre de ma vie mais voila comman faire
Aider moi sa fait quatre fois que je recommance mon livre et je ni arrive pas malgrais que jai une vie plein de o et bas vrement
sofia lesé moi vous dire que vos conseille son amirables tou daborléssé moi me presant je voeux parle du font de mon ame
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À présent que vous êtes rassuré sur vos capacités linguistiques (et que vous avez pu assister, ébloui, à la naissance du verbe Voudrer), reprenons.
Si raconter votre vie a pour but de passionner votre lectorat, que vous désirez être publié ou simplement pour laisser un témoignage à vos descendants, je vous recommande vivement de sélectionner parmi tous les événements qui sont survenus au cours de votre (plus ou moins) longue existence, une histoire et une seule.
J’ai rencontré une personne une fois (et je ne l’aurais vue qu’une fois !), qui m’a raconté sa vie au cours de la soirée, de son enfance au Bénin jusqu’à son mariage dans les Vosges. Et c’était une histoire tellement passionnante ! Comment avait-elle fait pour que je ne me lasse pas de l’écouter raconter sa vie pendant plusieurs heures ? Elle avait raconté son histoire en tournant autour d’une thématique : celle d’une manipulation.
Tout est parti d’un événement, qui la conduisit à vivre une aventure incroyable : dernière née, fille parmi ses sœurs dans un village qui avait pour tradition l’héritage de père en fils, elle avait appelée avec un nom de garçon, et été traitée comme un garçon pour devenir l’héritier de la famille. Considérée de ce fait comme un garçon par les griots, elle avait été reconnue légitime pour devenir griot elle-même, se mettant à fréquenter le monde de la sorcellerie vaudou, ce qui la conduisit à subir l’envoûtement d’un homme de pouvoir, qui la manipula durant toute son adolescence. Ayant fui son pays, elle du gérer l’emprise de cet homme, et sa nouvelle vie en France, sur fond d’enjeux politiques…Tout a bien fini grâce à l’homme qui est devenu son mari, et elle vit désormais en paix dans son chalet à la montagne.
Morale de l’histoire : même si l’amplitude choisie est large, (et c’est le cas pour ceux et celles qui souhaitent se raconter à leurs petits enfants), définissez une thématique.
Par exemple, votre lutte pour parvenir au sommet d’un empire. Toute l’histoire sera construite autour de ce qui a fait de vous depuis l’enfance, le/la chef d’entreprise que vous êtes devenu. Oui, vous parlerez de votre famille, de vos amis, mais pour venir soutenir l’idée première.
Vous pouvez aussi parler de votre magnifique histoire d’amour avec la personne qui partage votre vie depuis 30 ans. Dans ce cas, il faudra raconter votre histoire du point de vue de l’amoureux. Votre rapport à l’amour, au romantisme, à la gente qui vous plaît. Les errances qui ont été les vôtres dans ce domaine avant de trouver enfin la perle rare, puis les épreuves que vous avez traversé ensemble.
D’autre part, enchaînez les effets de causes à conséquences : Un événement à causé ceci qui a conduit à cela qui devait irrémédiablement aboutir à cela.
Si l’oeuvre d’un écrivain peut être comparée lui tout entier. Un livre n’est qu’une part de lui, même s’il doit s’agir de la part qui vous semble la plus importante.
Il peut être difficile de considérer sa vie autrement que sous la forme d’un enchaînement de rencontres et de situations diverses impossibles à séparer les unes des autres, mais il faut essayer de prendre ce recul : Votre lectorat, lui, se satisfera pleinement que vous lui racontiez uniquement une histoire d’amour survenue dans vos années collèges.
Essayer de vous détacher du sentiment si tentant de narrer votre naissance, la naissance de vos parents, les soucis d’argent et les 3 déménagements qui ont eu lieu avant LA rencontre de votre livre.
Selon le contexte, votre histoire vous amènera peut-être à semer des indices au fil de l’histoire qui laissent entendre ces autres aspects et événements de votre biographie.
Chronologie de votre récit autobiographique
Si je vous demande de vous représenter votre vision du temps passé sur cette Terre sous la forme d’une image, il y a de grandes chances que cela représente une sorte de frise chronologique, segmentée en années scolaires, vacances, puis années passées dans une ville, dates de mariage, etc.
Une histoire à raconter sous forme fictionnelle n’est pas segmentée de la même manière. Ne racontez pas vos souvenirs comme vous détailleriez un CV.
Une histoire s’enchevêtre dans le temps, et se superpose au découpage habituel que l’on fait de notre temps.
Reprenons l’exemple de l’histoire d’amour collégienne :
Vous souhaiteriez raconter cet amour tragique qui vous a rendu presque fou, et qui dura entre l’âge de 14 et de 22 ans. Ce sera donc votre segmentation : Votre livre commencera à vos 14 ans et se terminera à vos 22 ans. Peu importe que vous ayez reçu un pull pour vos 15 ans, ou le détail de vos vacances à la Baule si ces événements n’ont aucune influence dans votre histoire. Parfois, une longue période a passé entre deux événements importants d’une histoire. Nous aborderons plus bas l’importance de l’ellipse pour sauter des années sans entrer dans leur détail.
Le rythme de votre autobiographie suivra la logique de votre fiction, c’est votre vie que vous raconterez, mais pas toute votre vie, et vous l’écrirez comme vous écririez un roman, en respectant le schéma narratif suivant :
Situation initiale : J’étais un ado tranquille avec mes jeux vidéos et mes classeurs clairfontaines
Événement perturbateur : Un élément de type féminin à diffusion d’hormones maximale est entré dans ma vie.
Péripéties : Tout ce qu’elle a fait pour me rendre fou.
Dénouement : Un cœur brisé à jamais.
Votre grand-mère là-dedans ? Elle était bien vivante à ce moment-là, et peut-être même l’avez-vous vue à Noël chaque année de vos 14 à 22 ans, mais étant donné ce qui vous occupait les connexions synaptiques à 200%, elle aurait pu être décédée que ça n’aurait rien changé (à moins qu’elle ne vous ai servi de mentor, comme Poupette dans La boum)
Votre année de seconde ? À part mentionner que vous l’avez redoublée à cause de l’objet de vos troubles, et préciser que vos parents s’inquiétaient pour bien enfoncer le fait qu’elle vous conduisait tout droit vers la perdition, vous n’en parlez pas. Vos profs ? Vos potes ? Ils ne sont que des prétextes pour mettre en valeur ce qui vous arrivait, là, où c’est chaud tout en bas.
Comment segmenter votre histoire
Pour reprendre l’exemple d’Amélie Nothomb, avec Stupeurs et tremblements, où elle raconte sa déchéance au sein d’une entreprise Tokyoïte : Le monde, dans cette autobiographie, semble s’être réduit à ce bâtiment à 80 étages, qu’elle arpente avec des dossiers ou un balai à chiottes, selon l’humeur de la démoniaque Fubuki.
Huit ans plus tard, elle publie Ni d’Eve ni d’Adam, qui raconte son histoire d’amour avec un Japonais de type gendre idéal. Cette histoire se situe au moment même où elle se faisait humilier dans les bureaux de Stupeur et tremblements, mais elle n’en parle pas. Elle ne fait que situer à moment sur une ligne ou deux, et à l’intention de ses fans invétérés, que cette histoire se déroulait à la même période.
Choisissez une thématique, une histoire spécifique, et concentrez-vous dessus.
Une histoire n’a pas à suivre une segmentation temporelle qui n’est pas la sienne, même si celle-ci se déroule sur une période qui correspond à une période segmentée d’une autre manière, par exemple Le journal d’Anne Frank se déroule pendant la seconde guerre mondiale. Mais ce n’est pas la seconde guerre mondiale qu’elle raconte, c’est son quotidien de jeune fille juive, cachée dans l’annexe d’une entreprise avec une autre famille juive. Elle parle de ses histoires d’amour, se plaint de sa mère…Une vie d’ado, dans un contexte tragique, mais qui suit sa propre logique narrative.
De nombreux livres et films ont traité de la seconde guerre mondiale. Inglorious Basterds raconte l’histoire d’une mission pour assassiner les dirigeants nazis, tandis qu’Un été 42, raconte une romance entre un adolescent et une veuve de guerre qui a deux fois son âge. Seuls les livres d’Histoire racontent la guerre en elle-même.
Comparez votre vie à l’Histoire, et votre autobiographie à une histoire. (La différence est dans le H majuscule si vous êtes fatigué).
Quels personnes inclure dans une autobiographie ?
Vous l’avez compris, inutile d’inclure l’ensemble de vos membres familiaux, amis, collègues ou camarades de classe fréquentés durant le déroulement de votre histoire.
Il va falloir choisir vos personnes/personnages avec soin :
- Chaque personnage doit avoir un rôle à jouer dans l’histoire. Exit les personnages décoratifs, ou mis là parce que sinon ils vont bouder. Ou faites-lui juste lever la main en classe pour qu’il dise : « Y a Jonathan (c’est vous) qui s’est évanoui madame », pour raconter que vous vous êtes évanoui, à force de souffrir pour votre belle.
- Chaque personnage doit être haut en couleur et créer du relief. Dans la vie de tous les jours, je considère que tout le monde est intéressant, mais là je parle au niveau scénaristique : si tout le monde est gentil, ça ne va pas le faire du tout.
- Il doit y avoir impérativement : Vous (gné), l’ami (ou le groupe de meilleur amis, mais traité comme une seule entité), qui vous aide à parvenir à votre but, un ennemi ou antagoniste (c’est « l’autre » de l’histoire), un mentor (une personne qui vous enseigne, vous guide). Rajoutez quelques personnages secondaires si l’histoire le demande. C’est tout.
Vous vous dites peut-être que votre livre va ressembler à Vendredi ou la vie sauvage avec si peu de personnes ? Comment pouvez-vous dire qu’il y avait plein de gens, si vous ne pouvez pas parler d’eux ?
C’est simple : parlez d’eux brièvement, en tant que contexte, environnement, mais ne les faites pas jouer de rôle. C’est à dire qu’il ne faut pas les faire intervenir de telle sorte à ce qu’il modifient pas le déroulement de l’histoire.
Par exemple, un repas de Noël en famille, mais la famille ne jouera aucun rôle dans l’histoire d’amour :
Le repas de Noël n’en finissait pas. Rouge et suant, mon oncle dominait la conversation de sa voix tonitruante, car Macron était un franc-maçon et il entendait bien le prouver à mon père grâce une argumentation détaillée, tandis que ma tante lui tenait le bras en essayant de le calmer. Mon père cherchait un mot qu’il n’arrivait pas à retrouver, mais qu’il avait juste sur le bout de la langue, et ma mère lui citait tout le dictionnaire, pensant l’aider. Le nez collé sur sa tablette, mon petit cousin regardait un dessin animé, tandis que ma cousine parlait en chuchotant et de manière ininterrompue dans l’oreille de son tout nouveau mec.
Et il y avait moi, au bout de la table, fixant mon téléphone et le déverrouillant toutes les dix secondes, mon univers réduit à une petite encoche bleue qui s’affichait tout en bas de l’écran, sous un message qui m’apparaissait à chaque minute passant plus ridicule : « joyeux noel Chloé ».
Voilà un tableau de repas de Noël, avec plein de personnages, qui n’apparaîtront qu’à ce moment du livre (ou ponctuellement à d’autres endroits, et de la même manière), et qui n’est qu’un prétexte pour mettre en valeur la solitude de l’adolescent qui se débat avec ses sentiments.
L’autobiographie, un travail de mémoire
Votre mémoire est le fournisseur principal de la matière pour votre récit.
Mais tous les cerveaux ne sont pas de généreux pourvoyeurs : Certains sont en mode agenda éternel et se souviennent exactement de la date du cassoulet chez Myriam, le 12 janvier 2008, et d’autres, plutôt en mode Jason Bourne, semblent être nés à l’âge de 10 ans, et n’arrivent toujours pas à se rappeler le prénom de leur tante (c’est pas « Tata » ?).
Pour les premiers, vous avez cette énorme chance de posséder de belles archives de recherche, accessibles directement à la source. Je n’aurai ici qu’un conseil : ne vous noyez pas dans les détails, visez la simplicité, même si votre cerveau vous paraît une corne d’abondance de souvenirs, vos lecteurs, eux, n’en percevraient pas la générosité, mais la lourdeur. Servez-vous de cette masse hypermnésique pour en extraire une huile essentielle de souvenir, subtile, riche et complexe.
Aux personnes qui ne se souviennent jamais de rien, déjà, une remarque : ce type d’amnésie est bien souvent un refoulement, qui fait partie de ce que l’on appelle en psychologie des mécanismes de défense. Ce souvenir est trop douloureux, donc je l’oublie, est une façon comme une autre de se protéger de la souffrance. Donc, si vous êtes persuadés d’avoir eu une enfance idyllique, mais juste vous ne vous en rappelez pas, préparez-vous à quelques bouleversements dans votre manière de voir les choses.
Voici mes techniques pour se rappeler de choses que l’on a oubliées :
(Note : ceci ne concerne pas l’amnésie traumatique, qui est plus qu’un refoulement, c’est une dissociation grave suite à un choc traumatique violent, et le souvenir est enfermé dans un endroit de l’hippocampe équivalent à un coffre-fort sécurisé. Dans ce cas, il est conseillé de faire une thérapie qui permette la régression : emdr, primale, gestalt ou psychanalyse).
Déroulement du fil :
Il est très rare que l’on se souvienne de rien du tout : On a tendance à jeter toute une période dans un même sac, lorsqu’on réalise qu’on ne se rappelle de presque rien. Presque : Il y a toujours au moins une image, un visage de personne, une couleur, une musique, une ambiance, quelque chose à quoi se raccrocher. Focalisez-vous dessus, et essayez de « tourner » autour de votre image comme si votre regard était une caméra.
Par exemple, si vous vous souvenez juste d’être en train de jouer dans votre chambre : fixez l’image, et observez-là dans le détail. Que voyez-vous précisément ? Quel est l’environnement ? Décrivez-le. Couleurs ? Formes ? Quel âge avez-vous ? Essayez de poser le plus de questions possibles à cette image, et déroulez ces questions comme des pelotes de laine. Un jouet ? Quel jouet ? Comment l’avez-vous obtenu ? On vous l’a offert ? Qui ? Quand ?
Odeurs :
Les odeurs sont un moyen puissant de récupérer les souvenirs, car le cerveau les connecte aux événements en créant une association beaucoup plus forte qu’avec d’autres organes sensoriels.
Faites régulièrement des séances olfactives, en respirant une odeur et en décrivant l’image qui vous vient spontanément. Si par exemple, chez votre grand-mère il y avait des sachets de lavande, sentez de la lavande et revoyez des images de vos séjours chez elle comme par magie !
Par exemple, la fraise des bois me rappelle instantanément un petit jouet que j’avais à mes 4 ans, une petite poupée nommée « Charlotte aux fraises » et qui sentait la fraise. 🙂 Je peux ainsi revoir mes souvenirs autour, la chambre, la table de chevet, les personnes, les événements, les ambiances…
Les photos et les vieilles lettres :
Remontez aux archives, et récupérez les albums de famille, cherchez vos photos d’enfance et de famille et scannez-les pour les mettre dans votre dossier de recherches.
Vous vous rappelez de l’époque sans internet, où les chatons n’étaient pas des stars de Youtube, mais juste les enfants des chats ? On s »écrivait des lettres en vrai papier. Essayez de remettre la main sur les boîtes contenant vos vieilles lettres, et qui traînent peut-être dans le grenier de vos parents (écriviez-vous comme moi « Big Bisous Bien Baveux » ? Beurk),
Bien-entendu, remontez aussi dans vos e-mails. Faites des recherches par adresses e-mails, et déroulez des anciennes conversations de 2003 (oui, il va falloir relire en grinçant des dents des courriers commençant par kikou et finissant par merki)
Attention :
Interroger les gens de votre famille sur votre passé, n’est pas recommandé pour commencer votre travail de recherche. Ce n’est pas qu’ils vont mentir (quoique…), mais les souvenirs s’altèrent, se déforment et se cristallisent parfois d’une manière très curieuse. Peu importe que vous, vous rappeliez un souvenir d’une manière faussée par rapport à la réalité (Mais si je me rappelle BIEN, j’avais sauté d’un arbre qui faisait au moins 10 METRES), c’est votre émotion qui va compter. Si les biographes devaient raconter tous leurs souvenirs de manière très réalistes, la littérature serait bien triste.
Par contre, être influencé dans sa mémoire peut bouleverser complètement votre réalité interne. Il a été démontré que l’on pouvait introduire des souvenirs par la suggestibilité. (Par contre, le Syndrome du Faux Souvenir est un sujet extrêmement polémique, donc je vous laisse vous documenter par vous-même)
Si vous vous rappelez déjà bien d’un événement, par vous-même, sans qu’on vous l’aie raconté, il ne me semble pas néfaste d’interroger les autres protagonistes de l’événement, pour avoir leur vision et étayer ce dont vous vous rappelez déjà. Par contre, si vous ne vous rappelez de rien, méfiance ! On voit très souvent des personnes se rappeler d’un événement dont ils ont en réalité juste vu la photo (alors qu’ils n’étaient même pas présents), ou développer un souvenir à partir d’un radotage parental (« Ce jour où ton oncle t’avait volé ton nez et tu pleurais, tu pleurais, mon dieu comme tu pleurais ! » Oui bon ta gueule.)
Bon en général, vous vous situez plutôt entre l’hypermnésique et l’amnésique, c’est pour ça que j’ai abordé les deux extrêmes. Donc, utilisez tous ces conseils : pour les souvenirs précis, ne vous noyez-pas, et pour les trous de mémoires, voir les techniques ci-dessus.
Une fois ces dossiers de recherche compilés et annotés, passez à la construction.
Quelle méthode utiliser écrire votre autobiographie ?
Pour la méthode concrète, c’est à dire l’ordre dans lequel vous devez procéder pour élaborer votre récit, je ne le traiterai pas ici, dans la mesure où je l’ai amplement développée dans un autre article : Comment écrire un roman.
Si vous avez bien suivi, votre autobiographie est un roman dont vous êtes le héros. De vraies personnes font office de personnages, mais à part ça, c’est exactement la même construction. Je vous invite donc à consulter cet article, et à vous familiariser avec la création d’un roman.
Si vous vous dites : « Quoi ? Non mais je ne vais pas apprendre à écrire un roman avant d’écrire une autobiographie quand même ! », c’est que vous n’êtes pas encore familier du travail de création littéraire. C’est dur d’écrire, c’est long, il faut se former. Même si ma méthode à moi n’est pas universelle (bien qu’elle soit une déclinaison de la création de scénario hollywoodienne, très répandue), elle n’est pas plus difficile qu’une autre, pas plus longue et pas plus complexe.
Dans cette partie, je vais uniquement développer deux points :
- Comment structurer un récit rythmé, adapté à l’autobiographie, et
- comment choisir vos personnages.
1. Élaborer une structure de récit rythmée
Comme je l’explique à la partie « Créer une structure » de la méthode pour écrire un roman, vous pouvez commencer votre autobiographie à n’importe quel moment de l’histoire.
Il ne faut pas confondre le schéma narratif, qui est la fondation d’une histoire, et la structure de votre récit, qui est l’architecture de votre livre, la manière dont les chapitres s’enchaînent.
Je vais vous expliquer en reprenant l’exemple de la romance collégienne :
Le schéma narratif classique est je le rappelle :
Situation initiale : Le collégien est tranquille
Élément perturbateur : Une fille entre dans sa vie
Péripéties (On va en mettre 5): Elle le fait tourner en bourrique
Dénouement : Un cœur brisé
La structure du récit, par contre, pourrait très bien être la suivante :
Dénouement : Aujourd’hui, c’est le printemps, et toutes les filles sont en jupe. Mais je n’en regarde aucune. À vrai dire, je ne regarde plus grand chose. Mes yeux vont, indépendants, tandis que mon cœur est enfermé dans un cercueil à deux mètres sous terre. Je crois que je ne serai plus jamais capable d’aimer. (on comprend que quelqu’un qu’il aimait est mort)
Péripétie 5 (fin) : Je n’arrête pas de repenser au cercueil de Chloe qui descend, tandis que sa mère pleure. (C’est donc Chloe, qui est-elle et comment est-elle morte ?)
Situation initiale : Tout a commencé alors que j’étais un collégien sans histoire. (Ah, l’explication va être donnée)
Élément perturbateur : Quand Chloé entra dans la salle de classe, tout le monde tourna la tête. Je n’avais jamais vu une fille aussi grande. (La voilà ! On se demande comment elle va mourir)
Péripétie 1 : Elle m’a donné son contact, et j’ai attendu toutes les vacances de Noël qu’elle réponde à mon sms. (peut-être qu’elle ne répond pas parce qu’elle est morte ?)
Dénouement : Aujourd’hui, je relis nos conversations sur mon téléphone, en me demandant si je dois supprimer son contact. (Ils ont donc eu finalement des conversations par sms, elle n’est donc pas morte, et ils ont peut-être fini par sortir ensemble ?)
Péripétie 2 : Elle fugue de chez elle, frappe à ma fenêtre, me confie que son père la maltraite et me demande de la cacher. (Ah, c’est là qu’ils vont sortir ensemble)
Péripétie 3 : Elle se met à sortir avec Rodrigue, un mec au lycée. En fait je n’étais que son confident. (Ha, les conversations sms c’étaient des messages pour parler de Rodrigue alors)
Péripétie 4 : Elle a couché avec moi, en fait elle n’est pas sûre d’aimer Rodrigue. Je l’aime à la folie.
Péripétie 5 (début) : Son père l’a tuée en la battant.
Dénouement (suite) : Christelle, une fille de ma classe à laquelle je ne prêtais pas attention, vient s’asseoir avec moi sur le banc.(Ouverture vers un futur possible)
Avez-vous remarqué que cette structure privilégie le suspense ? Cela permet de raconter une histoire, certes tragique, mais vue et revue, et d’accrocher un lectorat qui a déjà lu 257 romances dramatiques.
Modifier l’architecture d’un récit permet aussi d’augmenter les émotions d’un récit :
Par exemple, dans le film Intouchables, la scène d’ouverture (l’une des plus belles de l’histoire du cinéma selon moi) est issue d’une péripétie : les deux amis qui font une course de vitesse dans Paris. Le spectateur se demande alors : Mais comment ces deux-là ont-ils bien pu se rencontrer ? Qu’est-ce qui a permis une telle complicité entre eux ? Ho la la, comme j’ai hâte de l’apprendre ! (Vous parlez comme ça dans votre tête n’est-ce pas ?)
Étudions l’un des incipits les plus célèbres de la littérature : celui du roman Cent ans de Solitude, de Gabriel Garcia Marquez, qui commence par le dénouement, sous la forme d’un prolepse (voir 3.stylistique).
Bien des années plus tard, face au peloton d’exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l’emmena faire connaissance avec la glace. Macondo était alors un village d’une vingtaine de maisons en glaise et en roseaux, construites au bord d’une rivière dont les eaux diaphanes roulaient sur un lit de pierres polies, blanches, énormes comme des œufs préhistoriques.
Structure de cet incipit (qui avouez-le, défonce bien sa mémé) :
Dénouement : Bien des années plus tard, face au peloton d’exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler(…)
Péripétie (l’une des nombreuses) : (…)ce lointain après-midi au cours duquel son père l’emmena faire connaissance avec la glace.
Description de l’état du village à un certain moment d’une péripétie : Macondo était alors un village d’une vingtaine de maisons en glaise et en roseaux, construites au bord d’une rivière dont les eaux diaphanes roulaient sur un lit de pierres polies, blanches, énormes comme des oeufs préhistoriques.
Pour vous expliquer le dernier paragraphe, si vous n’avez pas lu Cent ans de Solitude, (je vous le recommande, c’est l’un de mes meilleurs souvenirs de lecture), le schéma narratif commence par la fondation du village de Macondo par un unique couple. Ainsi, dans l’incipit, l’auteur relate un souvenir du personnage Aureliano Buendia (sa rencontre avec la glace) qui se situe un certain temps après la fondation, puisque le village de Macondo possède déjà une vingtaine de maisons.
Vous comprenez que l’architecture du récit ne respecte pas la chronologie du schéma narratif, mais navigue dans celui-ci.
Ne vous aventurez pas dans quelque chose de trop complexe pour commencer, mais voici comment vous amuser avec la structure sans avoir à la réfléchir dès le début :
Rédigez vos chapitres dans l’ordre chronologique, c’est à dire, en suivant le schéma narratif, sans trop vous soucier de la structure. Mais ne les peaufinez pas : intros et conclusions de chaque chapitre seront retravaillés après que vous aurez modifié votre structure.
Une fois vos chapitres à peu près terminés, apposez une note de résumé à chacun, un synopsis de chapitre si vous préférez (Super facile à faire avec Scrivener),
Et visualisez l’ensemble de vos synopsis, en les punaisant à un tableau de liège (ou en utilisant le tableau de liège virtuel de Scrivener).
Mélangez ensuite vos chapitres, pour visualiser en direct la possibilité et l’intérêt de placer celui-ci avant celui-là, les différentes émotions et impressions que cela peut provoquer, et d’imaginer comment vous pourriez les articuler les uns aux autres.
2. Choisir les personnes/personnages de votre autobiographie
Si vous décidez de suivre le plan pour écrire un roman que je détaille dans cet article, vous devrez commencer par imaginer des personnages. Sauf qu’ici, comme ce sont des souvenirs, votre travail sera ici de sélectionner les personnes de votre vie dont vous allez parler, et non d’imaginer des personnages.
Vous créerez ensuite des fiches personnages, exactement comme dans le plan de l’article. Ces fiches seront beaucoup plus faciles à remplir, car vous connaissez tous les protagonistes. La difficulté résidera plutôt dans le fait d’être suffisamment lucide et honnête pour reconnaître et montrer vos propres failles et celles de vos proches.
Des personnages sans failles, c’est comme des pizzas sans fromage. Franchement, où est l’intérêt ?
Pour votre personnage à vous, c’est assez simple à comprendre : soyez humble et montrez vos faiblesses. Les héros qui réussissent tout, sont supérieurs à tout le monde, et trouvent sans cesse des prétextes pour montrer comme ils sont beaux, forts et intelligents, suscitent plus la moquerie que l’admiration (un héros de ce type est caricaturé dans OSS 117 par exemple). Ne tombez pas non-plus dans la fausse humilité : Honnête avec vos défauts comme avec vos qualités tout simplement.
Par contre, lorsqu’il s’agit de montrer les failles de ses proches, aïe, cela peut être une pente dangereuse !
Comment ne blesser personne dans votre autobiographie ?
Être sincère dans nos écrits représente autant de difficulté pour les personnes que l’on aime, que pour celle que l’on n’aime pas (et surtout envers qui on ressent de la colère).
Si vous écrivez dans la colère, pour dénoncer ou vous moquer d’une personne, votre livre sera très certainement thérapeutique, mais au niveau littéraire, ce pourrait être une catastrophe.
Je recommande de ne s’atteler à la tâche d’un livre autobiographique que lorsqu’on a suffisamment de recul par rapport à la situation. Il ne s’agit pas de minimiser ce que vous avez pu vivre, mais de voir la personne qui vous a blessé au-delà de sa culpabilité. En comprenant ses failles comme ses motivations, pour mieux les intégrer au récit. Et j’insiste: même les personnes considérées par tous comme des monstres sont des humains. La diabolisation d’un protagoniste entraîne une écriture manichéenne, qui donne un ton naïf à l’ouvrage.
Vous n’avez pas le droit de diffamer, donc citer les vrais noms des personnes est proscrit, même si ceux-ci vous l’autorisent. Ils ne mesurent pas l’ampleur que pourra prendre votre ouvrage, ni de ce que vous allez réellement écrire. Et vous n’aurez pas forcément de bons rapports avec eux pour le restant de votre vie, sans compter leurs descendants (préjudice moral).
Par ailleurs, si vous souhaitez parler des failles d’une personne que vous aimez, parlez-lui en tout simplement. Expliquez-lui que c’est un travail d’écriture avant tout, et que vous l’aimez avec ses défauts comme ses qualités. Si c’est une personne pas excessivement narcissique, elle devrait pouvoir vous aimer suffisamment pour que vous puissiez parler et rire ensemble de ses défauts. Précisez-lui que vous allez faire de même avec votre « personnage », et demandez-lui son avis sur vos pires défauts à vous, afin de rééquilibrer la balance.
C’est votre histoire et rien que votre histoire
À part ça, c’est à vous de voir, et c’est votre point de vue qui compte.
Si vous désirez dire une vérité, au risque de blesser quelqu’un qui pourrait se reconnaître dans votre roman, cela vous regarde. Certaines vérités blessent et parfois, on ne peut pas l’éviter. Se taire sur ce que l’on a vécu, parce que l’autre nous l’interdit est dangereux : le silence est une arme que vous ne devriez jamais retourner contre vous.
Si vous avez envie de faire exploser un tabou familial, je vous encourage chaleureusement à le faire. Et bien-entendu, à chercher du support auprès de personnes bienveillantes pour vous soutenir dans cette difficile entreprise.
Si vous avez une famille très toxique et que vous souhaitez parler précisément de cela, vous êtes sûrement terrifié par leur réaction. Une solution peut être de publier votre livre sous un pseudonyme, et de ne jamais leur en parler. Il y a peu de chances que votre livre devienne un best-seller, ET qu’il le lisent. Si par malchance, cela arrivait et qu’ils se reconnaissaient, vous serez de toutes façons déjà riche et loin. Bye bye les relous !
3 conseils pour réussir votre autobiographie
Vous commencez à accumuler les dossiers de recherche sur votre passé, vous vous dépatouillez plus ou moins de la structure et du choix de vos personnages, vos chapitres sont à peu près pliés, mais tout ça ne vous dit pas comment faire pour être certain que votre autobiographie soit réussie.
Voyons cela en 3 points :
1. Utilisez et déterminez votre point de vue
N’essayez pas de raconter votre histoire de manière factuelle, utilisez vos émotions : plutôt que de vous demander « Que s’est-il passé ? », vous vous demanderez « Qu’ai-je ressenti ? »
Une autobiographie n’est pas un livre informatif, moral, didactique et surtout, elle n’est pas objective ! Alors oubliez la petite voix interne qui vous psalmodie de néfastes « Comment peux-tu dire cela ? Ce n’est QUE ton point de vue ! »
C’est le but de ce livre : raconter VOTRE histoire, selon VOTRE point de vue.
De toutes façons, vous ne pourrez pas y échapper ! Même si vous pensez avoir écrit « objectivement », votre opinion personnelle sera tout de même visible en filigrane, tout au long du récit. Il faut donc être certain de ce que l’on veut transmettre et être le plus possible conscient de la manière dont cela sera reçu.
Si se baser sur son ressenti est essentiel, être conscient de celui-ci l’est tout autant.
Par exemple, Ma vie d’enfant, de Maxime Gorki, est une autobiographie, mais aussi un plaidoyer contre la violence des adultes envers les enfants. Grâce à l’évocation de ses souvenirs et la vision très personnelle de son enfance, il permet de ressentir la terrible violence de l’éducation des enfants russes de son époque. Ce sont ses propres constats qui feront passer un message auprès de ses lecteurs. Il provoque l’empathie face à l’horreur d’un tel système d’éducation.
Par contre, dans ses livres, qui ont bercé l’enfance de nombre de générations, la comtesse de Ségur, qui a beaucoup écrit en s’inspirant de son entourage, a puisé dans ses souvenirs d’enfance pour écrire la trilogie des malheurs de Sophie, Petites filles modèles et Les vacances, qui sont donc en partie autobiographiques. Elle y raconte les maltraitances qu’elle a subi étant enfant sur le ton du conte léger. Ainsi, elle provoque un sentiment d’amusement chez ses lecteurs.
Dans une scène des petites filles modèles par exemple, Sophie est en vacances chez ses amies Camille et Madeleine de Fleurville (des espèces de robots programmés pour la sagesse). A cause d’un caprice (Elle se met en colère régulièrement; dois-je préciser que sa mère est morte et que son père s’est remarié avec une femme qui la fouettait tous les jours avec des verges…), Madame de Fleurville (la daronne des robots), l’enferme dans un « cabinet de pénitence », lui fait copier des lignes, et comme elle se révolte, ne lui donne que de la soupe et du pain pour manger, et lui fait rembourser les feuilles déchirées. Hum.
Alors, comment de telles violences commises sur des enfants peuvent paraître d’un côté scandaleuses, et de l’autre amusantes ?
C’est le ressenti de l’écrivain qui change tout.
Cela vaut le coup de passer du temps à faire le point sur ce que vous ressentez vraiment par rapport à une situation, car se raconter, c’est raconter SOI, pas raconter un point de vue de toute la famille/société sur une situation, qui n’a jamais été remis en question…
2. Ne pas forcer l’opinion de vos lecteurs
Même s’il y a un message qui passe, il ne faut pas chercher à forcer le jugement, mais à exprimer votre vision en racontant des faits dont vous vous souvenez. Vous ne faites pas la morale, vous exprimez votre opinion à vous.
Alors, comment faire transmettre vos émotions à vos lecteurs, sans leur dire de ressentir ces émotions, et quelle est la différence entre l’un et l’autre ?
Voici deux phrases exprimant un même type de réalité, toujours issues de Ma vie d’enfant et des Petites filles modèles :
- Dans le faubourg, le vol n’était pas considéré comme un péché, c’était une habitude presque le seul moyen d’existence pour les petites gens qui ne mangeaient pas toujours à leur faim.
- « Tu as commis une très grande faute, mais tu l’as déjà en partie réparée par ton repentir. » (Camille, à Sophie qui a volé des poires)
Dans les deux cas, il s’agit de vol de nourriture. Mais dans le premier cas, Maxime Gorki exprime sa compassion envers les pauvres gens qui n’ont pas d’autre choix que de voler la nourriture pour manger. Tandis que dans la deuxième, l’auteur fait parler par le biais du dialogue, une référence en matière de haute moralité. (C’est ce que représentent Camille et Madeleine tout au long du livre.)
Dans le premier cas, il donne son opinion dans la deuxième proposition. S’il avait eu une opinion différente, il aurait pu dire par exemple :
Dans le faubourg, le vol n’était pas considéré comme un péché, et beaucoup profitaient largement de cette opportunité, en passant sans scrupules devant les honnêtes gens pour se servir en premier sur les étals des marchés.
Opinion : les pauvres sont des parasites de la société dont il faut se débarrasser.
Tandis que si la comtesse de Ségur avait fait parler la belle-mère (la méchante de l’histoire), elle aurait décrédibilisé cette parole ! Et aurait même légèrement modifié les mots pour qu’ils correspondent à sa pensée, en lui faisant dire par exemple :
« Tu as commis une très grande faute, et tu vas la réparer par ton repentir, sinon je te fouette. »
Votre opinion sur les événements sera exprimée par les actions et réactions de vos personnages et de votre environnement.
3. Faire des ellipses
Tout n’a pas à être raconté dans le détail.
La tentation est grande de tout dire, de tout révéler, mais vous risquez fort d’ennuyer votre lecteur.
Sélectionnez les événements qui vous semblent intéressants au niveau narratif. Ou qui ont une importance avérée pour le déroulement de l’histoire.
En gros, si votre histoire raconte votre vie de marin, ne racontez pas chaque poisson.
D’autre part, votre histoire ne se déroule pas de façon linéaire, et de longues périodes peuvent parfois entrecouper deux événements.
Par exemple, vous racontez une relation avec une personne que vous ne voyiez que lors de vos vacances à la mer avec votre famille, chaque été.
Faites l’ellipse des années scolaires sans regret ! Même si vous vous êtes échangés des lettres durant l’année, dites-le en une phrase, ou même dans un dialogue avec l’autre :
« Pourquoi n’as-tu pas répondu à ma dernière lettre ? » (ok, c’est bon, on a compris, ils s’écrivent au point qu’il y a une « dernière » lettre)
Utilisez différentes types d’évolutions, pour faire comprendre que du temps a passé, sans avoir à dire « le temps a passé ».
- Les évolutions physiques : J’avais pris 15cm, et toutes les parties de mon corps s’étaient allongées, sauf le plus important, évidemment.
- Les évolutions de statut : « On voudrait bien y aller avec mon mari et mes enfants ! » (au précédent chapitre, elle avait 15 ans)
- Les évolutions du climat : « La neige avait recouvert les toits » (Le précédent chapitre se déroulait en été)
Etc, etc.
Deux questions que vous vous posez sûrement :
Avec mes réponses of course :
1. Est-ce que j’ai le droit de romancer ?
Si vous avez envie d’inventer votre vie, totalement ou en partie, c’est votre droit. Après tout, qui vous en voudrait d’être un romancier plutôt qu’un biographe si vous êtes un bon conteur ? Parfois la réalité et la fiction se mélangent pour le plus grand bonheur des lecteurs !
Comme disait Jodorowsky à propos de Castaneda :
« Il y a trois possibilités d’interpréter son travail : soit il mentait et par conséquent il était un génie, ou bien il disait la vérité et le monde est merveilleux, ou bien il croyait ce qu’il écrivait et il était fou. »
Attention tout de même à :
- L’usurpation d’identité. Voler la vie de quelqu’un d’autre, ce n’est pas comme voler des poires. C’est vraiment une grande faute (dont vous devrez vous repentir, shlak shlak)
- L’appropriation culturelle (et surtout de la souffrance d’un peuple). Faire croire, comme Misha Defonseca, que vous avez été juive pendant la seconde guerre mondiale, sera très mal reçu.
- La diffamation. Raconter que telle personne existant réellement a tué quelqu’un qui a vraiment été assassiné, alors que c’est faux (ou non prouvé) n’est pas de la romance : vous pouvez être poursuivi en justice. (Même dire « J’ai toujours pensé qu’il l’avait tué », est passible de poursuites.)
En bref, s’inventer n’est pas un crime, mais nuire à d’autres personnes, l’est.
2. J’ai peur de raconter ma vie intime je fais comment ?
Tout déballer de vos émois personnels vous angoisse ? C’est tout à fait normal.
Commencez par vous demander ce qui vous fait peur exactement. Écrire sa vie est une prise de risques, mais il ne s’agit pas de se donner en pâture, ni de se ridiculiser.
Si vous êtes terrifié par le jugement de l’autre sur une vérité de votre existence, c’est que la limite se situe très certainement quelque part entre les deux. Nuancez : Prenez le risque d’en dire plus que vous n’avez l’habitude (il faut que vous vous habituiez au jugement si vous souhaitez produire de l’art quel qu’il soit), mais ne vous étalez pas sur ce que vous regretterez à jamais d’avoir dit.
Sans aller jusqu’à l’honnêteté radicale, prenez l’habitude de vous confronter à ce que vous ressentez réellement. Il serait dommage de dissimuler votre vérité intérieure dans votre autobiographie, c’est celle-ci qui fera tout l’intérêt de votre livre justement.
Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à les poster dans les commentaires.
Voilà, j’espère que vous avez apprécié cette lecture. Dans ce cas, partagez-là sur vos réseaux, et si vous connaissez quelqu’un qui veut écrire son autobiographie, envoyez-lui ce lien pour l’aider !
Bisous !
Sophie, la Contentologue, vous apprend à écrire et à vivre de vos écrits. Articles, livres, romans, pages de vente : découvrez comment rédiger et devenir un pro de la plume !
Bonjour,
J’ai un projet d’écriture et je sens que je dois le remodeler. Je suis en panne. Vos articles sont fabuleux de conseils mais je ne sais pas pour ou reprendre mes écrits et les remodeler.
A première vue l’idée était d’écrire un ouvrage assez ambitieux contenant trois parties déjà en partie écrites: autobiographique/témoignage sur vécu avortement et lien enfant perdu, une part plus imaginative conte , et une part reflexion nuancé à partir de cet élément biographique ouvrant les perspectives pour penser le sujet. Proposez vous des formations? Dois je me faire relire d’abord pour savoir comment poursuivre (je sens que je dois tailler pour être plus clair ) ? Refaire un plan? Remodeler tout en imaginant plusieurs livres pour séparer mes trois parties ? Bref voilà. Avez vous une première piste à me proposer? Merci d’avance, ce projet me tient à coeur.
Bonjour,
Merci pour votre site et vos conseils.
Je me demande et n’arrive pas à chosir comment nommer les personnes de mon autobiographie/témoignage, pour respecter leur vie si je parle d’elle, notamment de faiblesses, mais pas que:
-mettre un prénom fictif,
– juste A. comme l’a fait l’autrice du « consentement »,
– y a t’il d’autres options possibles?
En effet j’écris un livre ou je raconte un témoignage, à partir duquel je déroule ensuite une reflexion.
Ce n’est pas facile mais je persévére. Salutations.
Hello Magali,
Il y a effectivement de nombreuses possibilités et utiliser un prénom fictif reste sans doute le plus simple. Je te conseille de tout écrire avec les vrais noms pour te mettre dans le bain et à la correction, faire un « chercher remplacer » et tout remplacer par les prénoms fictifs. Je développe pas mal le témoignage dans ma formation » À bientôt !
Merci Sophie,
En vous lisant je constate que je suis dans la bonne direction pour mon livre autobiographique. Il y a néanmoins deux écueils à ce projet. Au cœur de ce livre : mon fils et sa maladie génétique. Hormis les péripéties que nous a offerte sa maladie que je raconte à la première personne, il m’a paru indispensable d’expliquer scientifiquement ce que comprend cette maladie ( transmission
, traitement , avancée de la recherche ). Ainsi on est loin de l’autobiographie type. Votre regard à ce sujet m’intéresse beaucoup. En outre, je dois rédiger le synopsis de ce livre. Est ce que la aussi je parle à la première personne ?
J’espère pouvoir bénéficier de vos précieux conseils
Nathalie
Merci Nathalie ! Oui, je pense que c’est le plus logique. 🙂
Merci sophie de ces conseils. J’ai une petite question: peut on inclure des lettres d’amour « réelles » dans une autobiographie? Lettres qu’on a reçues et qui sont très belles, mais puis je les inclure telles quelles dans mon autobiographie? En l’occurence la personne qui me les a envoyées est décédée.
Merci
Christian
Bonjour Christian,
Je crois qu’il faut demander l’autorisation aux héritiers, mais il faut se renseigner, je ne suis pas spécialiste du droit non plus. 🙂
Merci pour cet article. Cela fait des mois que je pense à écrire sur une partie de ma vie, très marquante pour ma famille et moi. Je m’y suis mise réellement seulement depuis quelques jours. Je me pose la questions de modifier le nom de tous les personnages susceptibles d’y apparaître. Puis-je vous demander ce que vous en pensez ?
Bonjour Nathalie, tout dépend de tes rapports avec ta famille et de ce que tu veux dire. Si tu penses que ce que tu vas dire pourrait être mal pris (si par exemple, tu as subi des choses de certaines personnes et que tu veux les dire, ces personnes ne vont forcément pas bien le prendre, même si c’est vrai), je te conseille de changer effectivement les noms, afin de ne pas risquer de plaintes pour diffamation (même si tu gagnes le procès, c’est quand même pénible). Mais tu es libre de dire les vrais noms si tu le souhaites, simplement il faudra te préparer aux conséquences et à être soutenue.
Merci Sophie,
Toujours un grand plaisir de lire tes conseils.
Je suis justement en pleine écriture d’une « autobiographie » : j’ai convoqué beaucoup de souvenirs et de rencontres et maintenant je dois décider de la thématique et faire mon tri / sortir le tableau en liège.
Je me suis fait plaisir en écrivant les différents chapitres de faire des aller-retours entre différents événements ou créer du suspense alors que c’est pour la prochaine étape comme tu le conseilles sagement !
Merci pour tous tes autres précieux apports et astuces.
Merci pour ton blog et bonne écriture à tous les lecteurs aspirant écrivains 😉
Merci pour vos précieux conseils ( nombreux ) j’ai l’impression d’avoir tout oublié . Je vais les relire pour m’en imprégner, je m’y reporterai au besoin . Je n’ai pas l’intention d’écrire ma biographie mais l’histoire de ma famille avec deux parties » paternelle » et » maternelle » pour mon fils qui ne s’en est pas beaucoup préoccupé jusqu’à maintenant et qui risque de le regretter plus tard …Nous n’avons pas beaucoup de contact avec les autres membres de la famille, personne d’autre que moi ne sera en mesure de lui faire le récit détaillé que je ferai. Mais j’ai tant de souvenirs en tête que je ne sais par où commencer, et ceux que je dois sélectionner . Je vais continuer d’y penser d’y réfléchir . …je reviendrai vers vous plus tard .
A bientôt .
Bravo Sophie, encore un bel article bien de toi, drôle à lire et pratique à la fois, merci pour le partage de tes idées !
Merci beaucoup Xavier !
Très bel article qui conforte ma façon d’écrire une autobiographie. J’en suis à mon troisième et les deux premiers rencontrent un beau succès qu me fait un réel plaisir . Merci pour vos conseils,que j’estime moi-même, très bien détaillés. Là « j’attaque » le troisième. Après « Les ailes écorchées » et L’aura de Laura », le troisième titre sera : « Des larmes et du soleil ». Je ne puis commencer à écrire si je n’ai pas mon titre … Merci encore Joëlle Lemaire
Merci beaucoup Joëlle 😉
Merci Sophie. Encore un article, à la fois, drôle, intelligent, documenté. C’est une mine d’informations pratiques ludiques qui font un sort au mythe de l’inspiration. Léger et profond. A lire uniquement pour se faire plaisir et se distraire ou pour mettre en pratique ces judicieux conseils.
Merci beaucoup Stéphanie ! Je te souhaite de beaux projets d’écriture.