9 qualités à développer pour devenir un écrivain à succès
Qu’est-ce qu’un écrivain à succès ?
Un écrivain à succès n’est pas forcément un écrivain célèbre qui pond un best-seller à chaque rentrée littéraire. C’est avant tout un⋅e écrivain⋅e reconnu⋅e, qui a réussi à fidéliser un lectorat et qui peut (presque) vivre de ses écrits.
Néanmoins, vous pouvez aussi tout à fait écrire par passion et avoir une petite communauté de lecteurs qui vous suit et gagner un bon complément à vos revenus.
L’important avant tout est que vous vous sentiez accompli⋅e en tant qu’écrivain⋅e.
J’ai néanmoins compilé pour vous les 9 qualités qui reviennent chez tous les écrivains de best-sellers. Une bonne occasion pour vous d’en choper une ou deux j’ai envie de dire.
Alors quelles sont ces 9 qualités d’un écrivain à succès ?
1. Ils écrivent chaque jour
Je sais maintenant, je comprends, Kostia, que dans notre métier, artistes ou écrivains, peu importe, l’essentiel n’est ni la gloire ni l’éclat, tout ce dont je rêvais, l’essentiel, c’est de savoir endurer. La mouette, Anton Tchekhov
Pourquoi n’écrivez-vous pas chaque jour ?
Parce que vous avez peur d’être nul
Je vais vous donner un secret que possèdent absolument tous les écrivains qui ont publié :
La peur d’être nul se résout par écrire quelque chose de nul.
Il sera toujours temps de corriger après. Ou de publier un truc moyen et de faire mieux au prochain bouquin.
Si vous avez du mal avec le fait de produire quelque chose de valable, commencez par le journaling. Vous vous habituerez ainsi à prendre le stylo chaque jour pour évacuer tout ce qui vous encombre le crâne. Et je vous le donne en mille : c’est ça le travail d’un écrivain.
Parce que vous n’êtes pas du matin
Amélie Nothomb non plus. Et pourtant, elle se lève chaque matin à 4h et écrit pendant 4h. Depuis 25 ans.
Elle le dit elle-même : « Au moment précis du lever, surtout l’hiver, je suis une épave. »
Alors, ne vous préservez pas trop : vivre longtemps ou vivre intensément ? Les deux mon capitaine (être heureux fait vivre plus vieux !)
Parce que vous ne prenez pas le temps
Pour diverses raisons, vous n’arrivez pas à vous y coller et à prendre la décision radicale de consacrer votre temps et votre énergie à ce fichu bouquin.
C’est LE problème majeur des personnes qui rêvent d’écrire un roman :
C’est bien pour cela que le premier audio d’auto-hypnose pour écrivains que j’ai créé s’intitule Écrire chaque jour et c’est bien entendu le plus téléchargé des 7.
À lire pour aller plus loin : Comment finir ton livre et ne pas abandonner
2. Ils lisent énormément
Pas d’auteur reconnu qui ne consomme sa dose de livres à intervalle régulier !
Mais lisez-vous suffisamment ? Tout dépend de votre manière d’ingurgiter :
Le lecteur à métabolisme rapide
Avez-vous le sentiment d’évacuer vos livres, aussitôt lus, aussitôt oubliés ? Attelez-vous à la tâche suivante : forcez-vous, pendant votre lecture, à faire des recherches, soit sur un terme que vous maîtrisez mal, sur un phénomène que vous ne connaissez pas, sur l’auteur, sur un personnage ayant existé, un pays, une loi, une période Historique…
Faites aussi l’effort de relire une deuxième fois le livre, peu de temps après, voire immédiatement. Une fois l’histoire connue, vous ne vous concentrerez plus sur le fond, mais sur la forme.
Je fais partie des lecteurs à métabolisme rapide : je peux m’avaler 4 livres dans la semaine. Si je ne m’astreins pas à faire ce type de recherches, non seulement j’oublie le contenu du livre aussitôt lu (Il m’est arrivé de lire tous les romans d’un auteur sur deux semaines et de ne pas me souvenir d’une seule histoire ni d’un seul personnage, genre Tourgueniev). Si je fais l’effort de faire des recherches, de termes, de situations, je vais retenir ce que j’ai lu. La semaine dernière, j’ai lu Si c’est un homme, de Primo Lévi. Tout au long du roman, j’ai fait des recherches sur les termes, sur les lieux et je suis certaine de me souvenir toujours de son contenu.
Le lecteur à métabolisme lent
Lisez-vous lentement en savourant chaque phrase, mais il vous faut une semaine pour finir 200 pages ?
Il est possible que votre manque d’habitude explique cette lenteur, mais si vous sentez que vous retenez bien certaines formulations, que vous lisez de manière consciente (plutôt que laborieuse), alors réjouissez-vous !
Mais si cette lenteur s’explique par le manque de temps (si vous ne prenez jamais le temps de lire, il est à peu près certain que vous ne prendrez pas non plus le temps d’écrire) ou l’addiction à la dopamine (consommer des séries est plus facile) :
- Je ne peux pas lire de livre car mon cerveau a été habitué à constamment vouloir sa dose de dopamine, qu’une interruption numérique pourrait me procurer.
- Cette addiction à la dopamine numérique fait que j’ai des soucis pour me concentrer sur : les livres, le travail, la famille et les amis.
Article : Pourquoi ne pouvons-nous plus lire ?
Alors, une seule solution, la désintoxication ! (Slogan de manif du futur). Lâchez le smartphone et le PC pendant quelques jours et savourez à nouveau le plaisir simple de la lecture.
Le lecteur à choix multiples
Si comme moi, vous êtes souvent indécis devant le choix de la lecture de ce livre à la quatrième de couverture irrésistible et l’attrait aguicheur de l’horizon verdoyant que vous apercevez par-delà les toits de la ville, réconciliez ces deux promesses et laissez-vous tenter par l’expérience du livre audio.
Oui, oui, moi aussi au début, j’ai détesté l’audiobook. La dame elle parle trop vite ou trop lentement et puis parfois l’esprit s’envole avec ce petit moineau qui vient de sautiller gracieusement entre ces deux branches, d’ailleurs n’était-ce pas plutôt un rossignol philomèle ? Je vais vérifier…Oh flûte, j’ai rien écouté de ce chapitre !
Et puis j’ai trouvé une application qui permettait un grand confort d’écoute : elle s’appelle Smart Audiobook Player, elle est gratuite et elle permet de ralentir ou d’accélérer de manière très subtile le débit des lecteurs⋅trices. J’aime souvent écouter mes audios à vitesse 1.2, mais peut-être préférerez-vous 1.3 ? D’autre part, lorsque vous faites une pause, le lecteur reprend à 10 secondes avant, mais vous pouvez tout aussi bien reculer d’une minute, comme de 10 secondes manuellement. C’est très intuitif.
Bien sûr, cette appli me permet d’écouter des audiobooks que je trouve gratuitement, mais alors les nouveautés ? Comment fait-on ?
J’ai personnellement fini par opter pour Audible (j’ai d’abord testé d’autres plateformes, mais aucune n’a véritablement répondu à mon besoin, en termes de qualité comme de quantité). Leur appli est tout aussi intuitive et qui plus est permet d’accéder à leur catalogue. Vous pouvez obtenir un livre par mois pour 9€ + deux livres offerts à l’abonnement. Ils font aussi des podcasts gratuits qui sont pas mal du tout.
Le moment héhéhé : Voici une petite astuce pour obtenir 3 livres gratuits au lieu de 2 : Désabonnez-vous et lorsque le questionnaire vous demande pourquoi, répondez « je n’ai pas trouvé de livre audio qui me plaise », ils vous proposeront un crédit de plus ! Héhéhé !
Désormais, je vais marcher presque tous les jours avec un audiobook sur les oreilles (des gratuits + 1 par mois Audible, voire deux quand le bouquin n’est pas trop cher) ou un podcast de France culture, avec l’appli Podcast addict (gratuite aussi, géniale).
3. Ils sont observateurs
Un écrivain choisit d’observer le monde pour le rendre plus compréhensible aux autres, avec sa propre perception. Vous quittez le ring pour décrire les combats.
Dans cette optique, vous prêtez une attention soutenue aux détails qui échappent au commun des mortels. C’est votre rôle et votre place dans la société : vous notez, vous comparez, vous dissociez et amalgamez. Vous êtes les alchimistes de l’impalpable, tout ce qui peut se dire et que l’on risque de ne pas voir. Témoin d’un bref instant d’éternité, vous offrez une vision personnelle et votre vision est d’autant plus nécessaire que vous êtes unique.
Vivre de manière inconsciente, agir sans réfléchir, puis s’atteler à votre clavier représente tout autant une absurdité qu’un risque : vous n’avez rien à dire et vous voilà planté devant la page blanche.
Passez du temps à regarder, remarquer, noter. Que ce soit le monde extérieur ou votre monde intérieur, que ce soient les attitudes d’un être humain ou d’un animal, la forme d’un objet, les mouvements de la nature, observez.
Moins d’impulsivité, plus de rationalité
Nous avons tendance à réagir émotionnellement à tout type de déclencheurs. Ce phénomène est accru par la viralité sociale, qui entraîne des réponses irrationnelles à n’importe quelle opinion contraire à nos convictions.
En tant qu’écrivain, vous avez tout intérêt à améliorer vos capacités de rationalité. Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce que vous devriez oublier vos émotions pour vous transformer en analyste froid, compilant des données objectivement pour les reporter dans vos écrits ? Évidemment pas.
Il existe une confusion récurrente entre ces deux termes : embrasser ses émotions et réagir émotionnellement.
En embrassant vos émotions, vous êtes non seulement capable de ressentir, mais aussi de comprendre, d’analyser et vous pouvez vous atteler à la tâche de décrire ce que vous ressentez. Vous vivez vos émotions en toute conscience. Cela vous permet non seulement d’accepter une part de vous-même qui n’est pas forcément glorieuse, mais aussi de mieux vous connaître et comprendre le monde qui vous entoure.
En réagissant émotionnellement, au contraire, vous entrez dans le jeu des conflits inconscients, basés sur des déclencheurs de sentiments refoulés, en général issus de traumatismes du passé. La tentation de garder le contrôle est si puissante, que vous bondissez à la moindre parole blessante ou contraire à vos convictions. Vous reconnaîtrez ce genre de réactions : vous vous sentez indigné et prenez le temps que vous devriez consacrer à des choses bien plus constructives, à contredire votre interlocuteur et à lui démontrer à quel point sa pensée est stupide et dangereuse.
Car c’est bien cela que vous ressentez au fond : un danger. Votre construction psychique fait remonter depuis les profondeurs, une ou plusieurs situations du passé devant laquelle vous vous êtes senti impuissant⋅e, démuni⋅e, violenté⋅e, en bref, réellement mis⋅e en danger dans votre construction émotionnelle. Ce traumatisme, ainsi que l’incapacité à le gérer ont créé des connexions neuronales très spécifiques, qui font que dès qu’une situation similaire survient dans le présent, ce petit enfant en danger resurgit et panique. Pour le calmer, vous essayez alors de contrôler le déclencheur. Vous voilà devenu en une fraction de seconde un⋅e furieux⋅se polémiste.
Or, il sera bien plus productif pour vous en tant qu’écrivain (et même en tant qu’être humain d’ailleurs), d’embrasser cette émotion pleinement et de chercher à la décrire. Ne vous appesantissez pas sur la stupidité de la personne, ni l’absurdité de son raisonnement, mais concentrez-vous sur la complexité de vos sentiments. Si possible, réfléchissez à quelle situation du passé cela vous fait penser et même mieux : laissez l’émotion vous envahir et les images affleurer d’elles-mêmes.
Une fois que cela est fait, vous êtes bien plus serein (et plus intelligent) et capable d’observer rationnellement les émotions de votre interlocuteur. Qu’observez-vous chez cette personne qui pourrait vous faire mieux comprendre la nature humaine ? Comment utiliser ces travers pour de futurs personnages ?
Robert Greene développe amplement ce sujet dans son dernier livre : Les lois de la nature humaine
4. Ils se cherchent eux-mêmes
Chercher à se comprendre soi-même pour mieux comprendre le monde est la base-même de la réflexion philosophique : Gnothi Seauton affichait le temple de Delphes « Connais-toi toi-même ». Une approche bien plus rationnelle qu’égocentrée : nos pensées et nos actions sont des matières premières d’observation disponibles à volonté.
En considérant justement que nous ne sommes pas si uniques que cela, on sera bien inspiré de décortiquer cette matière représentative de l’humain : nous-même. C’est ainsi que vous atteindrez l’authenticité : si l’on pardonne volontiers aux conteurs de travestir la vérité pour notre enchantement, on bâille, on ignore, voire méprise celui⋅celle qui ne parle pas vrai.
Alors, faut-il se lancer dans une psychanalyse Jungienne ? Bien que plus d’un écrivain fréquente le divan cathartique, vous n’aurez pas forcément à vous allonger trois fois par semaine. En guise d’offrande au dieu de la maïeutique, contentez-vous de pratiquer le journaling de manière quotidienne.
Lâchez la bride au stylo malheureux : une orthographe de forum, couplée à une graphie de toubib sous Fentanyl seront vos alliées pour vos writing-routines décomplexées. Fiévreusement, vous dégueulerez vos pensées les plus viles dès le réveil, poursuivrez par de lumineux insights, pour finir par la rédaction convaincue d’idées pour un prototype de fusée révolutionnaire.
Il va sans dire que de votre vivant, vous préférerez mourir que de montrer ces insanités névrotiques à quiconque, y compris à l’être qui a promis de ne jamais vous juger (d’ailleurs, rappelez-vous bien : il⋅elle n’a jamais formulé ces vœux de manière vraiment solennelle).
Lorsque plusieurs blocs Rhodia auront accueilli ces confessions, vous aurez l’impression que rien d’humain n’est véritablement hors de votre compréhension, tout en ayant bien conscience qu’il va vous falloir trimer pour parvenir à rendre intelligibles ces complexités so sapiens sapiens.
5. Ils cherchent à être compris plutôt qu’aimés
Et c’est paradoxalement en cherchant à être compris que vous serez aimés, car les lecteurs sentiront que vous faites le job pour eux et non pour vous faire mousser.
En cherchant à être compris plutôt qu’aimé, vous résoudrez deux problèmes majeurs que rencontrent les écrivains débutants :
Le style tout pourrave
Qu’il soit alambiqué ou cru, lyrique ou grossier, érudit ou vulgaire, le mauvais style se distingue par une seule caractéristique : il est incompréhensible.
Une phrase incompréhensible est toujours, au choix :
- Pensée mal construite (Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément, Boileau)
- Mal construite grammaticalement
- Fantaisiste avec la conjugaison et les temps
- Mal ponctuée
- Entachée de contresens (erreurs de vocabulaire ou paralogismes)
- Blindée d’adverbes et d’adjectifs qualificatifs (pauvre en noms)
- Blindée de verbes « être », « avoir » et « faire » (pauvre en verbes)
Exemple :
Lola était devant l’ascenseur. Jonathan s’était demandé s’il pourrait lui parler, elle avait vraiment l’air ahurissante de beauté. Elle sortit, mais lui fit un clin d’œil salace tandisqu’en faisant tomber son dossier par terre.
— Je peux vous aider ? lui demanda Jonathan en se penchant et en remontant sa cravate.
(Afin de n’offenser personne, j’ai créé cette ignominie littéraire moi-même).
Hé non, la grammaire n’est pas uniquement faite pour donner des envies de suicide aux écoliers, elle sert aussi à la bonne compréhension des textes. Si vous péchez de ce côté-là, n’hésitez surtout pas à replonger dans les cours de CM1.
La peur du jugement
Lorsque vous avez peur de montrer vos écrits, au fond, vous vous placez au centre de l’attention, au lieu de placer vos lecteurs au centre. C’est dans le but de les amuser, de les intéresser, de les passionner que vous devez écrire.
Vous entendrez et lirez bien souvent des artistes disant qu’ils créent avant tout pour eux-mêmes : c’est que cette amour de l’autre, cette passion à donner, est inscrite chez eux dans la plus pure démonstration d’un syndrôme de Stockholm rétroactif. N’allez pas chercher cette expression, je viens de l’inventer.
Ce que je veux dire, c’est que ces personnes ont été habituées depuis toujours à obtenir admiration et amour, grâce à leur façon de donner à voir sans crainte, avec générosité. Alors, évidemment, lorsqu’ils donnent, ils ont naturellement l’impression de recevoir.
Tu veux de la métaphore ?
Lorsqu’on a planté une graine, arrosé et mis au soleil une plante et qu’on voit apparaître les premières fleurs, puis les fruits, et nous avons vraiment le sentiment d’obtenir quelque chose, pas vrai ? Nous avons vraiment le sentiment d’avoir fait cela pour nous-même, hmm ?
Eh bien maintenant, imaginez que vous désirez par-dessus tout obtenir un fruit et que vous êtes terrifié de ne pas l’obtenir. Vous arrosez un peu, puis trop angoissé, vous arrêtez. Vous ne la mettez pas du tout au soleil. La graine ? Elle est dans votre poche, parce que « chacun son style ». Vous vous mettez à déclamer de la poésie devant votre pot, puis vous faites la promotion acharnée de votre plante sur les réseaux sociaux. Vous tapez sans cesse sur google « comment faire pousser graine », puis vous abandonnez, parce que vous avez vu des jardiniers dire à la télé que leurs graines avaient poussé toutes seules grâce à leur génie de naissance.
Alors désespéré, vous jetez la graine.
La méprise sur les attentes de vos lecteurs
— Tu touches combien pour ça ?
— Je touche tout l’amour que j’aurais dû avoir.
Pardonnez-moi, Maïwenn
La quête de l’amour de l’autre est un combat titanesque aux résultats toujours incertains. C’est plutôt prétentieux !
Chercher à mouvoir le cœur de l’autre, cette chair indomptable qui définit ses critères selon des règles que nul ne connaît (à part Freud et les coachs de séduction), c’est un peu se prendre pour un démiurge. En effet, comment pourriez-vous, à moins de l’avoir forgé vous-même dans la glaise, décider des penchants d’un autre être humain ? Vous n’êtes même pas capables de maîtriser vos propres désirs alors ceux des autres ! Si c’est ça que vous cherchez, non franchement, faites plutôt des enfants que des livres. (C’est une plaisanterie, faire des enfants pour récupérer l’amour qu’on n’a pas reçu est la pire idée qui soit).
Cette petite mise au point faite, loin de moi l’idée de vous décourager d’être aimé et reconnu dans votre métier d’écrivain : c’est l’ambition plus ou moins admise de tout artiste. Mais lorsque vous êtes attablé à votre manuscrit, déployez l’énergie du bœuf qui cherche à faire le sillon le plus droit et le plus profond possible dans le champ. Arrêtez les coquetteries et les battements de cils : le lecteur veut récolter son truc et vous n’aurez droit à sa gratitude et son admiration (qui, répétés à plusieurs reprises, finissent par se muer en un sentiment qui se rapproche assez de l’amour), que lorsqu’il aura pu le ramasser et le manger.
6. Ils ont de l’empathie
L’empathie est cette capacité quasi magique de se mettre à la place de l’autre. C’est indispensable non seulement à la profondeur de votre style, mais à la création de personnages authentiques et à la création d’histoires vraisemblables (à ne pas confondre avec réalistes).
Nous ne sommes pas tous capables d’empathie au même niveau, mais il est possible de la développer, comme n’importe quelle aptitude.
L’empathie cognitive
L’empathie cognitive est la capacité à comprendre les croyances d’une autre personne.
Pour cela, rien de plus simple : rendez-vous sur votre réseau social préféré et naviguez dans les publications ou encore lisez des articles de journaux.
Des émotions diverses vont vous submerger : colère, tristesse, envie, indignation…
Essayez alors de vous mettre à la place des personnes que vous avez jugées :
- Pourquoi agissent-ils⋅elles comme cela ?
- Comment se sentent-ils⋅elles ?
- Qu’est-ce qui les a conduites à faire ce choix ?
- Comment ces personnes se sentent-elles comprises ?
- Que pourriez-vous dire ou faire qui permette à ces personnes de se sentir comprises ?
La consommation rapide de news nous a habitué à « réagir », plutôt qu’à « comprendre », comme je l’explique dans le point 3 ci-dessus.
L’empathie « neurones miroirs »
C’est une empathie plus directe, physiologique, qui ne sollicite pas seulement les neurones miroirs, mais tout un tas de fonctions cérébrales.
Une excellente manière de pratiquer ce type d’empathie est de se rendre dans un parc un mercredi après-midi ou un week-end. Observez les enfants et mettez-vous à leur place. Il est une tendance générale de se mettre à la place des parents qui fonctionnera moins bien pour l’empathie. En effet, il est assez simple de comprendre le désir de la plupart des parents :
- Que leur enfant se comporte bien
- Que leur enfant ne se blesse pas
- Que leur enfant apprenne à sociabiliser
- Avoir la paix
- Que leur enfant se défoule (et qu’il dorme à 20h)
Observer les enfants (sans vous cacher derrière un arbre avec un imperméable, prenez un bouquin), vous permettra de découvrir un univers d’émotions qui sont plus difficilement observables chez les adultes, ces derniers ayant appris à cacher leurs ressentis avec un masque social. Les enfants sont bien plus intéressants que les extra-terrestres : non seulement ils viennent d’arriver sur Terre, mais en plus il viennent d’arriver dans l’existence !
Ils sont en permanence en train d’acquérir de nouvelles informations. Voyez celui-ci qui a trouvé quelque chose dans le sable. Il appelle sa maman : sa mère est en train de discuter. Il réitère en augmentant les décibels, car il pense qu’elle « n’a pas entendu ». Elle répond « attends, je discute ! » (Avoir la paix). Qui a vu qu’il avait trouvé ce truc dans le sable et pourrait le renseigner ? Il se tourne de tous côtés, à qui s’adresser ? Quelle est cette chose ? Il la goûte (pratique millénaire qui a démontré son efficacité). Beurk, c’est dégoûtant ! Sa mère le voit et se précipite. « Qu’est-ce que tu as mangé !! Oh non c’est pas vrai ! » L’enfant est déboussolé, il regarde sa maman, elle a l’air extrêmement fâchée.
Comment ne pourriez-vous pas, après avoir observé une telle scène, vous demander :
Mais bon sang, qu’est-ce qu’il aurait dû faire ? Il a fait ce qu’il pouvait avec ses capacités ! Il ne connaît presque rien. Il était seul pour découvrir quelque chose. Il a employé une technique inscrite dans ses gènes depuis l’aube de l’humanité…Il a bien tenté de demander l’information à la représentante officielle du savoir, mais elle était occupée à diriger le monde avec les autres sur le banc ! Il a évalué en nombre de pas la distance du bac à sable au banc, une éternité ! Surtout qu’il a pas appris à marcher depuis si longtemps, en plus ces chaussures à la semelle qui se plie même pas, c’est comme faire un kilomètre avec des sabots ! Alors il l’a appelée, grâce à ce formidable outil qu’est la voix. Il sait qu’elle peut faire le trajet vers lui en cinq fois moins de temps. Faut être logique dans la vie ! Bon, au moins il aura chopé quelques bactéries bonnes pour ses défenses immunitaires, ce sera toujours ça de pris (mais lécher les vitres est quand même plus sympa).
Voyez comme l’empathie vers un enfant peut vous apprendre beaucoup sur le fonctionnement humain. Surtout qu’ils ressentent les émotions de manière beaucoup plus intense que les adultes et sans filtre de jugement, ce qui les rend très pures et très facilement observables ! Ils seront vos meilleurs maîtres et vous permettront de rouvrir les cadenas mentaux qui vous empêchent de bien écrire.
7. Ils aiment fasciner leur audience
L’écrivain à succès possède le don de trouver ce qui enchantera, effraiera, mystifiera son lectorat. Son but ? Le jeter dans la torpeur de la fascination.
Difficile d’expliquer ce qui fascine et pourquoi…Ce qui fascine est avant tout ce qui dépasse. Mais la fascination peut emprunter les chemins du gigantisme comme de la microscopie. Même le quotidien peut être source de subjugation, si l’on trouve une manière extrême (extrêmement développée, extrêmement juste, extrêmement bien observée…) de le traiter.
Le mot d’ordre : allez-y à fond. Traitez le sujet jusqu’à en extraire un essentialisme qui saisira les esprits. Prenez votre microscope ou votre télescope et montrez à vos lecteurs quelque chose de saisissant et dépaysant.
Avec un bon sujet
Dan Brown utilise une technique qui lui a beaucoup réussi : prendre des thématiques qui fascinent déjà les gens. Les Illuminatis, Leonard de Vinci, le Vatican, l’origine de l’Univers…Rajoutez-y de la cryptographie et des voyages, vous voilà avec un best-seller en puissance !
Vous aussi traitez de sujets fascinants : les OVNIs, les pyramides, le contrôle mental, la Kabbale, Le Mal (les Ténèbres, le Diable, etc)…Et traitez le sujet d’une manière qui vous ferait rêver VOUS.
À l’opposé, prenez un environnement banal, quotidien, voire trivial : les hypermarchés, la chirurgie esthétique, les réseaux sociaux, une usine de poulets…Observez à la loupe les systèmes que tout le monde connaît sans réellement les avoir fréquentés. Du drame au roman d’horreur, true crime et faits-divers (comme Emmanuel Carrère), en passant par la parodie et l’absurde, vous n’aurez que l’embarras du choix.
Avec un univers chargé en détails
Les Annales du Disque-Monde, Harry Potter, le Seigneur des Anneaux, Game of Thrones, autant de sagas qui ont su fasciner par leurs univers fourmillant de détails.
Passez du temps à créer un univers dont les objets, le langage, la faune et la flore sont spécifiques et fabuleux. Les détails de l’univers sont comme des bonbons pour le lecteur : faute de pouvoir découvrir de nouveaux territoires (non, visiter le temple d’Angkor Vat avec 1000 autres personnes à leurs côtés ne soulage pas leur désir de découverte), offrez-leur des mondes, des planètes, des univers.
Un roman à l’univers chargé en détails-bonbons : Semiosis, de Sue Burke.
Avec un style original
Boris Vian, Céline, Kerouac, Queneau, ces écrivains ont en commun d’avoir fasciné par leur style.
En choquant tout d’abord la critique, ils se sont donnés à connaître au grand public. On lutte toujours contre la nouveauté, mais paradoxalement, on n’attend qu’elle, alors n’hésitez pas à vous amuser.
Débarrassez le quotidien de son accablante banalité en y injectant de la poésie, sans tomber dans l’imitation du dadaïsme ou du Nouveau Roman, tentez les métaphores farfelues et la grammaire un peu fifolle (ne marche que si vous maîtrisez la grammaire).
J’ai par ailleurs rédigé un article pour vous apprendre à trouver votre style : Comment trouver son style.
8. Ils persévèrent
Si Stephen King a longtemps punaisé les lettres de refus des maisons d’édition au mur de sa chambre, il ne fut pas le seul !
Marcel Proust, par exemple, se vit refuser Du côté de chez Swann, par TOUS les éditeurs parisiens (ils s’étaient certainement, comme moi, endormis au bout de la 3ème page). Le petit malin s’est donc autopublié ! Alors, si vous pensez être le prochain Proust et qu’on vous rejette de partout, vous savez ce qu’il vous reste à faire…
De son côté, James Joyce, dont l’Ulysse fut qualifié par Claudel d’oeuvre immonde (mais personne ne t’aime Claudel, nous on préfère ta sœur), a dû patienter sept ans avant que Gallimard ne se réveille. Ah flûte, en Anglais il cartonne ! Vite, vite, publions-le et faisons croire qu’on avait perdu le manuscrit dans une poubelle.
JK Rowling, avant d’être riche, célèbre et haïe sur Twitter, était un personnage de Ken Loach, mère pauvre célibataire écrivant fiévreusement son bouquin d’une main, tout en berçant son bébé de l’autre, appuyée sur une table en formica collante d’un PMU, obligée d’imprimer son livre en coinçant une pièce dans le photocopieur, se déplaçant à pied, sous la pluie, chez les éditeurs avec sa poussette, pleine d’espoir et de rêves de T3 en banlieue. On la repoussait, on lui disait qu’elle était moche avec sa coupe pourrie et que son bébé puait. Puis on la jetait sans ménagement sur le pavé froid et on lui envoyait ses manuscrits à travers la tronche en lui disant : « Haha, va crever avec tes histoires pour enfants débiles ! »
Bref, imaginez un peu qu’elle ait lâché l’affaire. Non, mais je veux dire, imaginez ! Impossible n’est-ce pas ? Non, moi non plus je n’ai pas assez de force mentale pour me représenter le monde sans Luna Lovegood et ses joncheruines.
En un mot, soyez patients. Patient ne signifie pas naïf : votre livre est peut-être une énorme daube. Néanmoins si on la qualifie « d’oeuvre immonde », persévérez. Déjà, c’est au moins une « oeuvre », et puis « immonde », c’est monstrueux, c’est Lovecraftien, ça pète un peu sa mémé.
9. Ils se prennent en main
A y est, vous êtes accepté par une maison d’édition ! Youpi, à vous la gloire et le succès !
Sauf que :
- En fait, vous vous êtes fait avoir, c’était une maison d’édition à compte d’auteur. La lettre vous avait pourtant ébloui⋅e : il faut dire qu’elle vous correspondait tellement : « plume acérée », « oeuvre brillante », « révolutionnaire », « bouleversant d’authenticité », « potentiel de best-seller à condition de payer 12500 euros pour les frais d’impression… »
- Vous êtes imprimé⋅e à 500 exemplaires, pourcentage d’auteur de 7%, la couv est une illustration Pixabay et votre à-valoir est un bon de réduction de 20% chez Cultura (à partir de 79€ d’achat).
- Vos exemplaires ne se vendent pas et finissent dans la pile « découvertes » de la Fnac, où ils discutent entre eux de l’injustice du monde en attendant le pilon.
N’attendez alors pas pour :
- Vous auto-publier et rédiger une quatrième de couverture irrésistible
- À faire votre propre publicité, sur les réseaux sociaux et sur les plateformes
- À envoyer votre livre à des journalistes et des blogueurs littéraires
- À vous inscrire à des salons littéraires
- À vous rendre à la Fnac des Halles et à déplacer une pile de votre livre au milieu des Goncourts ou tout autre rayon bien en vue, comme ça, discretos.
- Vous préparer à parler de votre livre. Apprenez par coeur une phrase résumant votre pitch et entraînez-vous à répondre à des questions, grâce aux centaines d’interviews d’écrivains disponibles sur Youtube.
En savoir plus : 7 méthodes pour faire la promotion de votre livre
Et toi, cher lecteur, penses-tu posséder la recette du succès, ou ne serait-ce qu’un ingrédient ? Je serais ravie que tu me les donnes en commentaires !
Sophie, la Contentologue, vous apprend à écrire et à vivre de vos écrits. Articles, livres, romans, pages de vente : découvrez comment rédiger et devenir un pro de la plume !
J’aimerais un ecrivain ,que pourrais-je faire?
Combien de temps pour devenir un bon ecrivain et Populaire?
Excellent article ! Le plus utile et complet que j’ai lu jusqu’ici et on adore la touche d’humour. Merci 🙂
Ô quel bel article. J’y retrouve tout ce qu’il me faut pour me remettre en écriture. Je suis écrivain, auteur du livre »La tragédie d’une nation débile ». J’ai arrêté l’écriture à cause des difficultés financières rencontrées pour me trouver un travail. Je sens l’envie de m’y relancer et de faire de ce métier une partie de ma vie. J’espère que je vais y arriver, avec ces conseils. Merci !
Oh mon dieu devenir écrivain célèbre n’apparait pas facile
par rapport à la lecture: je lis avec un stylo,pour noter soit sur la page de garde soit sur une fiche, les citations ou les pages intéressantes! ou je souligne …
quand je prends le stylo c’est que le livre me plait!
Bonne méthode ! 🙂
Merci beaucoup pour ton travail et à Toi.
Hello Sophie,
Waouh!
C’est vrai quand on s’accroche on peut devenir un auteur qui vend des livres.
J’ai publié mon deuxième roman le mois dernier et tout a commencé avec toi… et Antoinette.
Je tenais à te remercier et même s’il me reste bien du chemin à parcourir, je sais aujourd’hui que je referais tout de la même façon (même les erreurs)
Comme qualité, je donnerais une mention spéciale à la persévérance et j’ajouterais qu’il ne faut pas rester seul. Rencontrer d’autres auteurs, ça élargit le champ des possibles.
Toujours aussi ravie de te lire!
Coucou Fanny,
Merci beaucoup ! Elle en a fait du chemin cette Antoinette, je me rappelle d’elle, elle était haute comme ça ! 😉 Félicitations pour la sortie de ton deuxième roman (je le lirai prochainement, j’ai déjà lu le premier qui était très cool) ! Et au fait, tu devrais republier tes anciennes enquêtes sur ton nouveau site en goodies pour tes lecteurs, elles étaient chouettes.
Article plein d’en…train 😉 qui nous promène sur le chemin semé d’embûches de l’écrivain. Toujours autant de plaisir à te lire, c’est joyeux, vivant, ce qui n’empêche pas d’y trouver de trouver de précieux conseils. Merci 😉
oui, écrire régulièrement, persévérer, observer, continuer….
Merci Leila ! Ne jamais descendre du train ! 🙂 Bonne écriture !
Merci pour tous ces rappels qu’on finit par oublier. La première qualité est très importante. On a peur de ne pas trouver les mots, que la page reste blanche. Il faut juste se décider à écrire et les mots couleront, fileront sur la page. Merci Sophie. Vos articles sont passionnants et si riches. J’ai fait ma liste de tous ceux qui me restent à lire.