Comment finir d’écrire ton livre (et ne pas abandonner)

Tu as un problème avec finir ce que tu as commencé.
C’est normal, je vais t’expliquer pourquoi :
Si tu termines ce que tu as commencé, tu sens que tu vas devoir affronter la réalité.
Une réalité crue, pleine de désenchantement, triste, adulte.
C’est très difficile.
Ce sentiment de réalité, on peut s’y confronter de plein de manières. Lorsqu’on part de chez soi pour la première fois par exemple. On rêvait de la liberté et de l’absence de contrôle parental et puis on découvre les impôts, le ménage, les courses, l’insécurité. Beaucoup de jeunes en font des dépressions.
D’autres encore le découvrent lorsqu’ils ont un enfant (surtout les femmes qui sont bien souvent obligées d’assumer seules les soins quotidiens). Après l’accouchement, elles réalisent que c’est pour toujours et que rien ne va être comme dans la pub Mixabébé. C’est le baby blues. Si elles ne sont pas accompagnées correctement dans cette période, il peut en résulter de graves problèmes pour elles et l’enfant.
J’ai même découvert le terme doggy blues, les personnes qui prennent un chien en imaginant un compagnon disposé à répondre à leurs besoins affectifs et réalisent qu’ils vont avant tout devoir se lever chaque matin pour aller le promener. Ça crée des angoisses terribles et c’est très triste car cela conduit à beaucoup d’abandons.
Je veux te montrer par ces trois exemples comme se confronter à la réalité peut être une claque dans la figure et c’est bien pour cela que tant de personnes rechignent à quitter le royaume des illusions.
Lorsque tu es jeune, sans expérience ou lorsque tu débutes dans n’importe quelle discipline, tu as encore la possibilité de vivre au royaume des illusions.
Parce que tu envisages le futur comme un phénomène lointain, sur lequel tu peux projeter tous tes désirs, sans véritable connexion avec la réalité.
Dans la passion des débuts, tu peux imaginer tout ce que tu veux :
- Un jour, j’écrirai un livre…
- Un jour, je réaliserai mes rêves…
- Un jour, ma vie changera…
Et ces sentiments sont tellement plus agréables que :
- Maintenant, mon travail est difficile.
- Maintenant, je dois faire face au fait que je suis débutant (c’est à dire « nul » dans le langage de jugement de la société)
- Maintenant, je comprends qu’écrire un livre, c’est juste écrire un livre, pas forcément le secret miraculeux du bonheur.
Tu as aujourd’hui le choix entre deux sentiments :
1. Le sentiment immature et illusoire qu’un jour, tu t’y mettras vraiment et que tous tes rêves se réaliseront grâce à la simple écriture d’un livre, parce qu’écrire un livre te montrera non seulement capable d’écrire (donc « un génie » dans le langage de jugement de la société), mais aussi capable de finir des projets comme tous ces écrivains célèbres que tu admires et qui ont forcément une vie mille fois plus merveilleuse que la tienne.
ou
2. Le sentiment mature et réaliste que si tu travailles chaque jour sans relâche, tu parviendras, dans un mélange de joie et de frustration, à écrire un livre. Et que celui-ci, une fois écrit, sera le fruit de ton travail. Il changera certaines choses dans ta vie, comme le fait d’avoir des lecteurs (parfois non, le premier livre peut être un flop), de sentir que tu es capable de finir quelque chose et d’être fier.ère de toi, comme tous ces écrivains qui ont une vie remplie de haut et de bas.
C’est un choix que tu dois faire.
Si tu es ok pour accepter de grandir et prendre le risque de faire le deuil des illusions, je vais t’aider à surmonter cela sans que tu ne passes par la dépression (enfouissement des émotions sous deux tonnes de pression hydraulique), ni ne connaisses le « livre-blues » (une fois ton livre écrit, tu n’es toujours pas Amélie Nothomb et personne ne le lit à part ta mère).
Lis ceci :
Immédiatement, je vais t’aider à te confronter au pire de ce qui pourrait arriver et t’aider à le surmonter.
Tu sortiras de cette lecture plus fort.e, plus ancré.e, plus mature et plus confiant.e en toi-même et en tes capacités.
Ce qui pourrait arriver de pire, c’est que tu avances dans ton travail et tu te confrontes au fait que…
…tu ne sais pas écrire.

snif
Ça va déclencher le sentiment de n’être pas fait pour écrire.
Et sans surprise, ça te donnera envie d’abandonner.
En fait, d’habitude, tu abandonnes déjà avant même d’avoir ressenti cela, car tu sais inconsciemment que ce sentiment va venir.
Alors, entre abandonner en conservant une bonne opinion de toi-même, et abandonner en pleine dépression, tu as vite fait le tri, même si tout cela se déroule dans les coulisses de ton inconscient !
Mais voilà, aujourd’hui tout peut changer.
Parce que tu sais quoi ? Le talent s’acquiert à force de travail.
Et pour n’importe quelle discipline ! C’est une loi physique. Si on naissait génie, de petits enfants de six ans pourraient être prix nobels (et non Mozart n’a pas composé des choses incroyables à cinq ans, il composait de petites mélodies et pratiquait depuis l’âge de deux ans à raison de douze heures par jour. Ce genre de choses est interdit par la loi aujourd’hui, d’où l’absence de petits Mozarts au XXIe siècle.)
Si tu pouvais lire les brouillons de certains écrivains connus, tu te dirais :
Oh là là,, eux aussi ils sont nuls dans leurs premiers jets !
Si tu pouvais lire les premières tentatives d’écriture dans leur jeunesse des écrivains connus, tu te dirais :
Mais alors…je suis comme eux ?
Bien-sûr !
Les artistes et surtout les écrivains, aiment s’entourer d’une aura de mystère et de déité.
Ils aiment laisser penser qu’ils sont nés avec leur talent d’écriture, que leurs magnifiques écrits ont coulé de leurs doigts sans qu’il n’aient à travailler.
Ils se donnent l’illusion de trôner loin au-dessus de la masse des artisans (ceux qui travaillent de leur mains tels des gueux), mais aussi des autres artistes qui ont besoin d’apprendre leur métier (danseurs, musiciens, sculpteurs…).
« Apprendre à écrire, vous voulez dire, comme….comme…un cuisinier ??? Bouh ! Bâh ! » s’écrie l’écrivain célèbre avant de s’envoler haut dans le ciel. (Parfois les braves gens en aperçoivent depuis les Monts d’Auvergne et croient à un OVNI).
Et comme nous vivons dans une société qui valorise les illusions, le storytelling, la fiction et le rêve, tout le monde renvoie à cet auteur une image de lui-même qui correspond à cette aura de déité.
Ne te laisses pas avoir par l’histoire racontée autour du conteur.
Il y a aussi des personnes talentueuses depuis leur jeunesse.
Il n’y a aucun mystère. Ils ont soit pratiqué énormément (seuls ou accompagnés), ont bien souvent eu une vie entourée de livres, de personnes cultivées, ils ont eu accès à la culture, à une éducation d’élite avec de très bons professeurs. Ou encore été laissés libres de s’exprimer et encouragés par leur famille. Rien que le fait d’être enfant unique dans une famille sans difficulté financière peut tout changer par rapport à un enfant qui doit s’occuper de ses frères et sœurs, partageant un petit logement bruyant, sans moyens ni temps pour lire…Et je ne parle pas de ceux que leurs parents rabaissent constamment (ah ben si j’en parle). (Il le faut).
Mais quelle que soit leur éducation, au niveau physiologique, ils sont faits exactement comme toi.
C’est à dire que, comme eux, tu possèdes un cerveau tout à fait opérationnel, capable d’apprendre par la pratique.
Sais-tu marcher ? Sais-tu parler ?
Alors ton cerveau est parfaitement fonctionnel.
Lorsque tu étais petit, tu regardais les adultes marcher et parler comme s’ils étaient de véritables dieux.
Tu pensais certainement des choses comme : « Moi je n’arrive qu’à faire « blblbl » et quand j’essaie de me dresser sur mes jambes, je tombe en arrière ! Je suis nul ! »

Et si au fond je n’étais pas fait pour marcher ?
Peu à peu, tu as appris des choses de plus en plus complexes.
Faire du vélo (te rappelles-tu comme tu enviais ceux qui savaient rouler sur deux roues quand tu étais obligé d’avoir les roulettes ?)
Tu as appris à siffler, chanter, craquer une allumette, à sauter à pieds joints, à nager !
Et plus tard, tu as appris à lire, écrire et compter !
Encore plus tard, tu as appris à pratiquer des disciplines complexes (faire un puzzle, danser la macarena, manger avec des baguettes :p ). Et puis enfin tu as appris un métier, mais aussi de nombreuses autres choses que tu étais incapable de faire avant de les avoir apprises.
Écrire un livre, c’est pareil.
Tu vas pratiquer et tu seras frustré quand tu rencontreras des résistances.
Tu seras tenté de croire que tu n’es pas fait pour ça, que tu devrais tout arrêter pour faire autre chose, mais tu vas continuer.
Tu liras tes premiers essais et tu te diras :
« Plutôt mourir que de montrer ça à quelqu’un. »
Tu connaîtras le feu de la honte.
C’est un sentiment brûlant qui remonte de la poitrine et vient chauffer tout ton crâne.
Tu vas t’y confronter.
Tu vas respirer profondément et laisser ce sentiment t’envahir.
Parce que ce sentiment est en fait le feu de la réalité qui vient brûler toutes tes illusions.
Immédiatement après, tu vas ressentir de la frustration.
C’est un pincement très fort derrière ton front, irrémédiablement suivi d’une petite voix tentatrice qui te susurre : « Et si tu te faisais une bonne crêpe au nut’ devant Westworld ? »
Mais tu vas virer la petite voix et laisser cette frustration t’envahir.

Pschit pschit la petite voix !
Parce que ce pincement derrière ton front est en réalité ton cerveau qui travaille dur pour créer de nouvelles connexions neuronales.
Ton cerveau lorsqu’il ne parvient pas à écrire, réunit ses meilleurs chefs de chantier pour bâtir les connexions nécessaires à l’apprentissage de l’écriture.
« Notre maître veut apprendre à écrire ! Au travail tout le monde ! »
Il sollicite la mémoire, la logique, la méthode, et tous ensemble, ils montent un gros échafaudage et se mettent au travail.
Désormais, tu vas ressentir la sensation de frustration avec beaucoup de joie, parce que tu vas assister en direct au chantier qui se met en place pour toi !
Par contre, si tu abandonnes, le chantier va stopper immédiatement.
« Notre maître désire maintenant regarder Netflix ! » criera ton cerveau à l’intention du centre nerveux parasympathique.
C’est le centre nerveux qui aime se reposer. Il est sollicité pour digérer, dormir ou mater Youtube.
D’ailleurs le système nerveux sympatique est un peu déçu : « Encore lui ? Mais j’avais fabriqué un joli échafaudage et tout…Bon ben les mecs, rangez le matos. » Alors ils baissent tous la tête et repartent d’où ils sont venus, dans une musique hyper triste avec du piano. (Tu as vu ce que tu as fait, cruel procrastinate ?)
Par contre, si tu continues à essayer de faire ce que tu désires, c’est à dire écrire ou faire des recherches ou encore réfléchir à des idées pour ton livre, le chantier va continuer !

♫Hé hi ! Hé ho ! On travaille dans le cerveau ♫
Alors, quand tu ressentiras ce sentiment de frustration, celui qui te donne envie de tout arrêter pour te reposer et te divertir, pense à tes travailleurs du cerveau dévoués et fais-leur confiance.
Continue à progresser, à pratiquer ton écriture, à faire des recherches pour ton livre ou à réfléchir à de nouvelles idées pour ton roman.
Une fois que les connexions neuronales seront créées, tu vas te sentir beaucoup plus capable.
Bien-sûr, tu imagines bien qu’il faut plus d’une heure pour passer d’écrivain débutant à écrivain accompli !
Même lorsque tu auras écrit un livre, tu continueras à créer de nouvelles connexions neuronales.
En fait, si tu veux vraiment progresser tout au long de ta vie, tu devras toujours répondre positivement à la sensation de frustration.
Si cette sensation disparaît, prends-la comme le signe que tu as arrêté d’évoluer, que tu te reposes sur tes lauriers.
Tu te confronteras à nouveau à l’inconnu, au difficile, au véritable travail.
Écrivain, affronte la brûlure de la honte, elle est un feu de paille qui vient détruire tes illusions.
Et réjouis-toi de la frustration qui est le signe de ta progression. Tweete ce poème stylé
Chaque jour, pratique ton écriture, fais des recherches pour ton livre ou réfléchis à de nouvelles bonnes idées.
Chaque jour, les connexions neuronales se créeront, se solidifieront, tu auras le sentiment que c’est magique comme tu avances bien plus facilement.
Tu mettras en route une machine complexe qui va te donner à la fois des idées géniales, te permettre de les mettre en forme et tu seras bien plus performant dans tes recherches.
Ton esprit de synthèse va s’améliorer, ta logique va s’améliorer, ta fluidité d’écriture va s’améliorer, tu découvriras de nouvelles manières d’écrire toujours plus et encore mieux et qui te correspondront vraiment.
Tu tiendras dans la durée, parce que tu seras débarrassé.e des anciennes illusions de grandeur, qui sont comme des ballons de baudruches flottant dans le ciel, fragile et toujours prêt à éclater et les remplacer par un sens aiguë des réalités concrètes, qui est comme un arbre aux branches gigantesque et aux longues et épaisses racines solidement accrochées dans le sol.
Si jamais tu es tenté par le retour aux illusions de réussir un jour, plutôt que de travailler maintenant, relis ce texte.
Tu peux aussi écrire ceci quelque part comme un mémo :
Je continue à avancer
Car je suis ancré.e dans la réalité
Comme un arbre bien enraciné

Sophie, la Contentologue, vous apprend à écrire et à vivre de vos écrits. Articles, livres, romans, pages de vente : découvrez comment rédiger et devenir un pro de la plume !
Ouch! Je me suis beaucoup trop reconnue dans l’exemple de l’enfant qui doit s’occuper de ses frères et soeurs et qui vit dans un petit logement bruyant…. Mais tu sais quoi? Ce n’est pas si mal! Ma vie au quotidien me donne constamment des idées d’histoires! Il faut dire que ces petits garnements sont terribles et que je dois souvent m’évader dans ma tête pour survivre, mais bon.
Merci pour cette article~
P.S.- Peut-être que je devrais écrire quelque chose avant de lire un article sur comment ne pas abandonner.
Merci Sophie!
Cela me réconforte et je comprends mieux ce qui m’arrive: Parfois je but sur un projet que j’ai et j’abandonne et quelque année plus tard j’explique à quelqu’un qui fait la même chose comment avancer, et il comprends mieux…
… Mais pourquoi j’ai arreté ????
Je voudrais ajouter une citation qui me motive ces derniers temps:
If people knew how hard I had to work to gain my mastery, it would not seem so wonderful at all.
MichelAngelo
=> Je ne vais pas me risquer à la traduire car je ne souhaite pas être traducteur et ça pourrait être moche… Mais je l’ai trouvé en anglais, donc je préfère la garder en l’état.
Sinon, je n’ai plus qu’a répondre positivement à ma frustration !
(Il y a plus qu’à!)
Merci beaucoup!
Ah cette petite squatteuse de frustration ! Je la connais bien moi aussi. Je sens même parfois qu’elle souhaite me contraindre jusqu’à m’empêcher de tourner en rond… heureusement que je sais que c’est elle qui ouvre la voie à la Muse Je suis d’accord avec toi, Sophie : laissons le temps aux petits ouvriers de faire leur nid
Je la renomme à ce jour « mostruction » (motivation et construction)!
oui lol pas de panique elle ne fait qu’ouvrir le passage 😉
Bonjour Sophie,
merci pour ces super encouragements ! j’en avais bien besoin
Joyeuses Pâques même en confinement on peut faire la fête
MJ
Ce texte m’a donné envie de travailler à nouveau sur un livre ! Mais je ne sais pas si je vais trouver le temps… Je ferais de mon mieux ! J’ai bien aimé l’histoire avec le système nerveux sympathique 😉 Merci beaucoup !
Merci à toi Soso !
Bon et bien je crois que l’appel de l’écriture a sonné. Ding ding dong! Allez, bim, j’me lance !
(PS : Penses-tu reprendre les blogs un jour ?) Bisous, Mareva
Pif paf pouf ! Que la muse de l’écriture soit sur toi ! (Pas pour le moment…mais peut-être un jour ?)
Chère Sophie, comment fais-tu pour m’envoyer tes précieux conseils aux moments exacts où j’en ai le plus besoin 😉 ?! En pleine écriture de mon roman pour un concours, je me laisse encore gagner ces horribles instants de procrastination et de doute, alors que le temps presse… Grrr ! Du coup, tu me fournis le haut-parleur pour remettre tous les braves ouvriers de mon petit cerveau au boulot, un énorme Merci !!
Merci Melanora ! Plein de bonnes ondes pour ton concours. 🙂
Mille mercis pour nous remonter le moral. On va devoir suivre ce proverbe
« ne perds jamais espoir
lorsque le soleil se couche
les étoiles se lèvent »
On ne sera peut-être pas des étoiles..mais au moins en travaillant on y verra un peu plus clair
Bon confinement et Hauts les coeurs
Marie Jeanne
Merci Marie Jeanne ! Beau Haïku 🙂
Merci pour ce texte aussi efficace qu’un miroir pour se regarder en face. Il fait réfléchir. Pilule bleue ou la pilule rouge ? Merci de nous tenir éveillés…
Et j’ai bien hâte de lire ton prochain roman, c’est pour quand ?
Merci ! Je suis en plein dedans, aucune idée de sa date de sortie pour le moment. Mais je tiendrai tout le monde au courant !
Chouette article: il faut se le répéter régulièrement, mais c’est vrai, pas de secret sinon la persévérance. J’aime beaucoup ta métaphore des ouvriers du cerveau, je vais me la coller dans la mémoire! 😉
Ça achèvera de te convaincre que les écrivains ne sont pas tout seuls dans leur tête ! :p