10 Lettres à un Jeune Poète pour apprendre à écrire

Sophie Contentologue

Sophie, la Contentologue, vous apprend à écrire et à vivre de vos écrits. Articles, livres, romans, pages de vente : découvrez comment rédiger et devenir un pro de la plume !

Vous aimerez aussi...

4 réponses

  1. Cath dit :

    Merci Sophie pour cet article fort intéressant. Une fois de plus je me suis instruite et amusée en même temps. Tout ce que j’aime !

    Tu demandes à tes lecteurs s’ils ont appris qqc, si tu les as fait réfléchir, sourire ou hurler ? En tant que disciple non récalcitrante, je m’en vais, obéissante, répondre à la question de mon éminente professeure.

    Je ne les ai jamais lues ces lettres (position 1427 sur ma PAL), mais de ce que tu nous racontes, il n’avait pas l’air bien rigolo ce Rilke… s’il avait eu un blog, il m’aurait certainement fait bien moins rire que le tien !

    Il y a une question qui me taraude : si Kappus n’a finalement pas choisi d’être poète, est-ce à cause de Rilke ? C’est à se demander, parce que dans le genre « prof déprimant qui t’ôte tout envie de persévérer », il avait l’air top. Et est-ce aussi à cause de Rilke qu’il a finalement choisi une carrière de militaire ? Peut-être qu’à l’image de son mentor il a choisi de remonter le moral des troupes ?

    Je critique, je critique, mais ce Rilke il avait une sacrée réflexion quand même ! Et il écrivait plutôt bien, faut avouer… Il était HPI tu crois, ou il avait vraiment beaucoup bossé ? Vu son jeune âge, et son penchant pour l’inaction introspective, je pense qu’il y a une bonne part de génétique là-dessous. J’ai voulu en savoir plus : est-ce que ça vient de son père ? De sa mère ? Des 2 ? La réponse est qu’on ne sait pas. Les tests de QI de ses parents ont malheureusement été brûlés lors d’un incendie de poubelle qui a tourné au drame. Par contre, un intéressant document historique nous informe sur son héritage épigénétique (merci Sophie de mêler enseignements littéraire et scientifique !) : dans son journal intime, dont un large extrait a été publié dans le Gorafi, sa mère écrit :
    Tous les matins,
    L’huile de foie de morue,
    Je m’y tiens !
    Mais ça pue.
    Puis loin elle fait l’éloge des omégas 3 dans le fonctionnement de la synaptogénèse, et écrit une liste, je cite, de « fruits et légumes riches en antioxydants ». Cela prouve à la fois qu’elle avait des prédispositions pour la poésie, et qu’elle prenait grand soin de ses gènes. Hier, jour de la fête des mères, Rilke aurait pu écrire :
    Merci Maman d’avoir soigné le terrain,
    Car aujourd’hui tes gènes sont les miens.
    (et non pas tes gênes sont les miennes… ce qui est peut-être vrai aussi, par voie de conséquence… mais Rilke, il aimait bien les rimes)

    Je vais stopper ici l’ironie, car je ne voudrais pas me faire accuser de superficialité !
    Passons donc aux pensées profondes qui me sont venues lors de ma dernière retraite spirituelle à Worpswede :

    => La mélancolie, le spleen, la tristesse, ou le désespoir ont de tout temps, et dans tous les arts, donné naissance à de sublimes chefs-d’œuvre. Mais la beauté ne peut-elle pas naître sans souffrance ? J’ose croire que l’on puisse aussi pleurer de joie et être émus de trop de bonheur ! Ecrire ce n’est pas que ressasser sa triste condition humaine, c’est aussi s’en échapper, en laissant voyager son imaginaire. Il en est de même avec la lecture : un bon roman rend la vie plus belle.

    => L’exercice réalisé par Sophie suite à sa lecture est à mon sens un bel exemple à suivre : un conseil ne doit jamais être avalé tout cru. Il doit être décortiqué, senti, goûté. Puis, selon la saveur qu’il nous laisse sur la langue, on peut l’engloutir avec délice, ou le cracher avec dégoût. Pouah ! C’est le moyen le plus sûr de ne pas se faire empoisonner par un gourou destructeur déguisé en professeur (quel beau métier, professeur…).

    => Je pense qu’il y a toujours, de la part de celui qui donne des conseils, un soupçon de supériorité (“Moi je sais ce qu’il faut faire, je suis déjà passé par là, et blabla…”), et d’injonction à obéir (“écoute bien ce que je te dis !”). Bien sûr, tout cela sous couvert de bienveillance, et avec de réelles bonnes intentions ! Aussi, plutôt que de gober des conseils, je préfère écouter des expériences, et réfléchir aux enseignements que je peux en tirer. Car même le plus grand maître ne détient pas toutes les réponses. Ce qui marche pour l’un ne marche pas forcément pour l’autre. L’enjeu est alors de faire le tri entre ce qui semble intéressant pour soi, et ce qui ne l’est pas. Et c’est là qu’il faut être malin, doublement malin même :
    1) il faut bien se connaître soi-même, sinon, c’est comme chercher un cadeau pour un petit neveu qu’on voit deux fois par an : on cogite, on devine, et au final, on lui offre un truc complètement à côté de la plaque.
    2) il faut être vigilant à ne pas rejeter trop vite une idée à laquelle on ne croit guère : si on ne reste pas ouvert à la nouveauté et suffisamment aventureux pour explorer des pistes inconnues, on risque de passer à côté d’expériences enrichissantes. Il faut oser essayer, avec sincérité et sans a priori. La raison a ses torts que le cœur ne connaît pas, disait Scalpa. Je suis d’accord avec lui (et vice versa…).

    Finalement, même s’il n’était pas très drôle, Rilke, j’aurais quand même passé une bonne soirée en sa compagnie. Pas de grands éclats de rires, mais des discussions intéressantes à partager ! Sophie, n’hésite pas à nous présenter d’autres potes à toi, c’est toujours un plaisir !

    • Coucou Cath,

      Merci pour ce chouette commentaire 🙂 Tu étais bien inspirée, dis-moi !

      Rilke n’était pas effectivement ce qu’on peut appeler « un rigolo », et sûrement un HPI, et après, est-ce que ça vient de son père ou de sa mère…

      Pour répondre à ta question : si Kappus n’a finalement pas choisi d’être poète, est-ce à cause de Rilke ?
      Peut-être un peu, mais au fond, si Kappus avait ce talent ou ce désir puissant d’écrire de la poésie, il l’aurait fait « malgré » Rilke. Il est possible qu’au fond, ce Kappus avait des rêves de sortir de son carcan, mais ne s’est pas trouvé dans l’écriture de poésie telle que Rilke l’entendait (il faut quand même se rappeler que Kappus aimait la poésie de Rilke à l’origine et c’est pourquoi il lui a écrit à lui).

      Je suis tout à fait d’accord, on peut tout à fait écrire dans la joie. D’ailleurs, la souffrance empêche souvent d’écrire, plutôt que le contraire.

      C’est vrai que le mentorat suppose toujours une supériorité de l’enseignant, mais personnellement, je trouve cela positif. C’est un contrat tacite que l’on passe entre maître et disciple : je connais mieux ma discipline que toi, je suis donc apte à t’enseigner quelque chose. C’est vrai que c’est un souci quand le maître n’est ni supérieur, ni pédagogue, mais alors, lorsqu’il est les deux, foi de disciple, quel plaisir d’apprendre !

      Merci pour le haïku sur le foie de morue, qui m’a bien fait marrer !

      À bientôt !

  2. Maret dit :

    Merci Sophie : une analyse bien argumentée et documentée, et comme toujours, assaisonnée d’une pointe d’humour qui allège ton propos sans amoindrir sa pertinence.
    J’ai l’impression qu’on en revient toujours un peu à la même chose au final : quels que soit la sensibilité d’un auteur, son environnement (famille, époque, lieu), certains ingrédients sont nécessaires à la création : introspection mais aussi ouverture au monde, patience, une certaine humilité. Le travail aussi comme tu l’as souvent souligné, est important aussi. Arbeit ! Arbeit ! Mais pas que. Aimer ce qu’on fait / faire ce qu’on aime me semble tout aussi important, donc être clair avec soi-même sur notre motivation à écrire. Compenser la vocation ratée d’un parent, par exemple, ne me semble pas une bonne base. Lorsque j’écris, j’oublie mes soucis, je me sens à ma juste place, ancrée, quel que soit le registre. Une fois mon texte terminé et lu par d’autres, ce qui prime, vient alors le plaisir de l’échange : cette notion de partage me semble primordiale (dans toute forme d’art).
    Un feedback un peu long, dsl 😉
    Très bon anniversaire ! Profite ! Dans 20 ans tu auras l’âge que j’ai aujourd’hui… de belles années devant toi, donc 🙂
    PS : l’histoire de l’aigle qui becquetait le foie de Prométhée est une infox. En fait, il avait un début de cirrhose dû à de trop fréquentes libations chez son pote Dyonysos 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.