21 techniques pour trouver un titre de livre à vos romans et nouvelles
Avez-vous du mal à trouver un titre de livre qui soit vraiment accrocheur ?
Le titre d’une histoire, c’est la première impression que vos lecteurs en auront : il fait figure de promesse et à l’heure où la dopamine coule à flots le long des faisceaux neuronaux de la foule désenchantée, l’espoir est un moteur vital régissant les décisions, que dis-je, les impulsions de vos lecteurs.
Vous voulez que votre titre de livre attire toutes les convoitises. Vous désirez ardemment qu’il se distingue dans la masse de papiers encollés qui s’amoncellent dans les rayons et que votre petit bouquin tout pimpant clame son nom fièrement devant le passant qui passe et l’internaute qui internette.
Avant même que d’avoir écrit votre livre, vous voulez trouver son titre, parce que sans lui point de projection, point de vision lointaine et réjouissante de succès, point de motivation, rien que le néant d’une inspiration qui pleure sur son propre vide. Quelle tragédie.
Mais chers petits lecteurs, vous savez bien que je ne peux m’empêcher de trouver des solutions à ce genre de problème dramatique ! C’est pourquoi sans plus attendre, je vous suggère non pas 1, non pas 8, non pas 17, mais bien 21 techniques pour trouver un titre de livre attirant pour vos romans et nouvelles :
1. Trouver un titre de livre grâce au mcguffin
« Au studio, nous appelons ça le MacGuffin. C’est l’élément moteur qui apparaît dans n’importe quel scénario. Dans les histoires de voleurs c’est presque toujours le collier, et dans les histoires d’espionnage, c’est fatalement le document. » Alfred Hitchcock
Cet objet, ce prétexte au déroulement du scénario, peut aussi servir à trouver un titre de livre, qu’il joue son rôle de symbole à votre vision, votre thème ou l’idée générale du récit ou qu’il s’en détache complètement, pour provoquer un effet de mystère.
- Les reliques de la mort, J.K Rowling : Le titre fait référence à une série d’objets mystérieux, dont on apprend progressivement l’origine et le rôle.
- L’arrache-coeur, Boris Vian : le titre fait ici référence à un objet utilisé dans un autre roman L’écume des jours. Il perd son rôle d’arme vengeresse pour prendre l’aspect d’un symbole, celui d’une société qui arrache tout amour et toute beauté par la violence et l’enfermement.
- Le tambour, Günter Grass : Cet objet, offert pour les 3 ans du protagoniste, symbolise le refus du monde adulte et sert de prétexte à la fresque historique, par le biais d’une autobiographie fictive.
2. Extrait d’un autre ouvrage
À ne pas confondre avec la citation connue que nous verrons plus bas, l’extrait peut mélanger plusieurs éléments d’un autre ouvrage, le remodeler pour en faire le titre approprié ou encore couper très court sur la fin ou le début d’une citation (qui n’est pas forcément connue, mais très symbolique).
- À l’est d’Eden, John Steinbeck : Extrait de la Bible « Puis Caïn s’éloigna de la face de l’Éternel et habita dans la terre de Nod, à l’est d’Éden. »
- Jubilations vers le ciel, Yann Moix : Ici le titre est composé de la fin d’un poème et du début du suivant dans un recueil de Gottfried Benn.
- Tandis que j’agonise, William Faulkner : La fin d’une phrase dans l’Odyssée de Homère « As I lay dying » traduite en français par « mourant ».
4. Révélation de la fin
Ici, on ne peut comprendre le titre sans avoir lu la fin de l’histoire. Arrivés en dernière ligne, toute sa signification éclate, laissant une impression durable au lecteur.
- Les fourmis, Boris Vian : Si vous n’avez jamais lu cette nouvelle du recueil éponyme, je vous la recommande. Un indice, il ne s’agit pas d’insectes.
- La planète des singes, Pierre Boulle : La planète des singes n’est pas celle qu’on croit. Oh que non.
- La fin des temps, Haruki Murakami : La fin des temps…pour qui ? 😉
- C’est le cœur qui lâche en dernier, Margaret Atwood : Dans ma pile à lire, pas encore lu, mais on m’a dit que le titre prenait tout son sens à la fin. On fait confiance au grand dieu Internet.
3. Trouver un titre de livre grâce aux symboles
- L’écume des jours, Boris Vian : Il n’existe pas d’explication officielle à ce titre, mais on peut imaginer que les vagues symbolisent la vie (les jours) et l’écume est la seule chose qui demeure quand les vagues se sont retirées : l’histoire d’amour de Colin et Chloé.
- Farhenheit 451, Ray Bradbury : Il s’agit de la température à laquelle brûlent les livres, puisque le roman se déroule dans un futur dystopique où tous les livres sont brûlés.
- Des fleurs pour Algernon, Daniel Keyes : Algernon est une souris, mais pour Charlie, ce n’est pas n’importe quelle souris, elle le représente lui et sa propre dégénérescence. Les fleurs symbolisent ici le deuil.
- Le rouge et le noir, Stendhal : Le rouge, c’est l’armée et le noir, c’est le clergé. Le rouge, c’est l’amour et le noir, c’est la mort. (On n’est sûrs de rien. On suppute. On discute.)
5. Un personnage
Un personnage est le centre de votre intrigue et catalyse toute votre pensée ? Appelez simplement votre roman par son nom ou une périphrase le représentant.
- Lolita, Vladimir Nabokov : Notez que le roman ne s’appelle pas Dolorès, mais Lolita, son surnom de petite fille. Le titre est donc, à l’instar du récit, du point de vue du narrateur.
- La fille du train, Paula Hawkins : C’est un polar, mais au fond, ça parle d’elle et de ce qu’elle fout tous les jours dans ce train.
- Jane Eyre, Charlotte Brontë : Si vous racontez l’histoire d’une personne, sous la forme d’une autobiographie fictive, nommez simplement votre roman par le nom de l’héroïne. À savoir : le roman fut publié à l’origine sous le nom de Jane Eyre ou Mémoires d’une gouvernante, ce qui est plus logique étant donné que le roman est à la première personne.
6. Un hommage
Trouver un titre de livre en rendant hommage à un être aimé, qu’il soit connu ou non de vous, sera le plus simple, surtout si vous avez centré votre récit sur cette personne ou écrit pour cette personne.
- Le livre de ma mère, Albert Cohen : Albert Cohen rend hommage à sa mère décédée.
- Premier sang, Amélie Nothomb : dernier né en date, elle y raconte la vie de son père, jusqu’à sa propre naissance. Son père avait une particularité : il s’évanouissait à la vue du sang.
- Le bon cœur, Michel Bernard : une nouvelle autobiographie de Jeanne D’Arc, qui raconte comment la jeune fille vécut et mourut pour sauver son pays.
7. Trouver un titre de livre en utilisant le thème
Que souhaitez-vous dire derrière votre histoire ? De quoi parle votre roman ou votre nouvelle, au fond ? Quel thème avez-vous développé ? Si cette vision ou cet aspect du récit prend une place conséquente, cherchez un titre qui signifie ou symbolise ce thème.
- Orgueil et préjugés, Jane Austen : L’autrice ne s’embarrasse pas de métaphore, puisque son roman parle, au fond, de l’orgueil et des préjugés qui peuvent ruiner notre vie. Ce roman est écrit avec malice et perspicacité, ce qui justifie que le titre ne soit pas une métaphore ou une image qui aurait rendu le ton plus pompeux.
- Une chambre à soi, Virginia Woolf : Virginia Woolf questionne dans cet essai la raison pour laquelle aucune femme (à son époque), ne brille dans la littérature, ni n’est considérée comme un génie. Elle trouve plusieurs réponses, mais la plus probante est qu’elle ne possède même pas « une chambre à elle » (une pièce pour écrire).
- Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez : Deux thèmes sont ici mis en valeur : la solitude des personnages et la durée pendant laquelle s’écoule l’histoire. La dynastie des Buendia qui fondèrent la ville de Macondo et l’enclavement de cette cité jusqu’à l’arrivée de la technologie.
- Vipère au poing, Hervé Bazin : Le titre fait écho à une scène clé de ce roman, dans laquelle le protagoniste tue une vipère en la serrant dans son poing, allégorie de la haine qu’il porte à sa mère maltraitante. Il s’agit aussi d’une correspondance (voir point 14).
8. Le processus
Le processus, c’est le principe de l’histoire, la manière dont elle se déroule si vous préférez. Si vous souhaitez appeler votre roman par son processus, posez-vous la question : « Mon histoire, au fond, de quoi s’agit-il ? ».
- La métamorphose, Franz Kafka : Le protagoniste se retrouve métamorphosé en grosse blatte. Tout le livre tourne autour de ce qu’il advient une fois cette métamorphose survenue. Il aurait pu se métamorphoser en scutigère véloce que ça n’en aurait pas moins été un bouleversement d’envergure.
- La peste, Albert Camus : Tout se passe pendant une épidémie de peste en Algérie.
- Guerre et paix, Léon Tolstoï : Grande fresque historique et sociale de la Russie 1805 à 1820, traversée de périodes de guerre et de paix. Évitez ce genre de titre si vous possédez une ambition moindre.
- Le mystère de la chambre jaune, Gaston Leroux : Ici, le processus, c’est résoudre le mystère de la chambre jaune, ni plus ni moins (mais en prenant la raison par le bon bout 🙃 ).
- Voyage au centre de la terre, Jules Verne : Un scientifique et son neveu partent en voyage ! Devinez où :
Réponse A : Vers l’infini et au-delà
Réponse B : Plus loin que la nuit et le jour
Réponse C : Au centre de la terre
9. L’objet de la quête
Lorsque votre histoire raconte la recherche intensive d’un élément, par un personnage déterminé à le trouver quoi qu’il en coûte, il sera sûrement judicieux de lui donner comme titre l’objet de cette quête.
- L’île au trésor, Robert-Louis Stevenson : La fameuse carte trouvée dans une auberge de pirates, indiquant l’emplacement d’un trésor sur une île mystérieuse.
- Moby Dick, Herman Melville : À la poursuite du grand cachalot qui a arraché la jambe du capitaine Achab !
- Le carnet d’or, Doris Lessing : La quête n’est pas toujours un trésor nécessitant d’embarquer sur frêle esquif, elle peut aussi être une quête intérieur. Ici, la narratrice raconte sa vie en la classant dans des carnets, de plusieurs couleurs, pour arriver enfin au carnet d’or, le carnet ultime.
- Le parfum, Süskind : L’objet de la quête est ici le parfum ultime, qui nécessite tout autre chose que des fleurs.
10. Reprise
Parfois, on a envie de s’essayer à l’exercice de la reprise, que ce soit pour réajuster une vision à la société moderne ou encore pour travailler sa plume à travers un jeu littéraire.
- Utopia XXI, Aymeric Caron : Reprenant le titre Utopia de Thomas More, Aymeric Caron nous explique, 500 plus tard, sa vision d’une société idéale.
- Riquet à la houppe, Barbe bleue, Amélie Nothomb : Reprise libre et nothombesque des célèbres contes.
11. Mot ou phrase étrange
- Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie, Nick Flynn : Livre claque, l’histoire d’un homme qui travaille dans un refuge pour SDF et a la mauvaise surprise de voir y arriver son père. L’auteur raconte ainsi sa vie (tragique) et le déclassement de sa famille (une sacré bande de cassos).
- Pourquoi j’ai mangé mon père, Roy Lewis : Prétexte à raconter la vie des hommes préhistoriques, une fiction hyper drôle avec un titre pas moins marrant qui prend la forme d’une confession.
- Bilbo le hobbit, Tolkien : Aujourd’hui ça semble familier, mais à l’époque, c’était étrange comme tout.
- La horde du contrevent, Alain Damasio : Et encore le titre est normal, comparé au contenu. Alain Damasio aime jouer avec la langue et invente des mots, des langages, des formes…
12. Morceau de poème
- Bonjour tristesse, Françoise Sagan : Le titre est tiré du poème d’Eluard À peine défigurée.
- Frappe-toi le cœur, Alfred de Musset : Tiré du poème À mon ami Edouard B.(Edouard Bear mdr) : « Ah! frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie. C’est là qu’est la pitié, la souffrance et l’amour… »
- Des souris et des hommes, John Steinbeck : Tiré du poème To a mouse (à une souris) : « The best laid schemes o’mice an’men gang aft a-Gley » (« Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas »)
- Si c’est un homme, Primo Levi : le titre est tiré d’un poème de l’auteur même, Shema : Considérez si c’est un homme/ Que celui qui peine dans la boue / Qui ne connaît pas de repos / Qui se bat pour un quignon de pain / Qui meurt pour un oui pour un non.
13. Citation connue
Il ne s’agit pas ici de détourner, mais de reprendre une expression ou citation (très) connue, pour mettre en directement en valeur ce à quoi elle se rapporte. Un exercice ardu (ne pas tomber dans le cliché) et qui donne à votre titre une connotation littéraire (plutôt utilisé dans la littérature blanche, au public avide de symboles).
- Mon petit doigt m’a dit, Agatha Christie : Une expression très connue qui signifie que la personne a une forte intuition. C’est guidée par cette intuition, qui vire à l’obsession, que Tuppence entraînera son mari Tommy dans cette enquête.
- Que ton règne vienne, Xavier de Moulins : Cette parole extraite de la plus célèbre prière catholique indique que l’auteur va nous parler de son père décédé, puisqu’elle fait suite à « Notre père qui êtes aux cieux ».
- Or not to be, Fabrice Colin : L’obsession de Vitus Amleth pour l’œuvre de Shakespeare. « Or not to be », suivant « To be » dans Hamlet, on imagine que certains « sont » et que le protagoniste, lui, « ne sera pas » et comme Hamlet traite de la folie, le roman parlera de ce jeune homme schizophrène, qui ne possède pas de personnalité propre et ne cherche à se vivre qu’à travers l’œuvre de Shakespeare.
- Qui comme Ulysse, George Flipo : Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage (le seul vers connu du poème de Du Bellay)…On aurait pu imaginer que ça parlerait de bonheur, Heureux…Mais ça parle de voyage…Qui a fait un beau voyage. 🙂
14. Correspondance
Le titre est extrait du roman même, soit dans la parole d’un personnage, soit dans le discours du narrateur. Ce type de titre permet à la fois un certain suspense et une satisfaction ressentie durant la lecture du fait de la compréhension de ce titre.
- Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, Harper Lee : En anglais, le titre étant « To kill a mockingbird », ça fonctionne un peu mieux, car le personnage Atticus Finch dit : « Remember it’s a sin to kill a mockingbird » (Souviens-toi que tuer un oiseau moqueur est un péché.)
- Cinq petits cochons, Agatha Christie : La comptine, récitée dans le roman commence par « 5 petits cochons… », en référence à 5 suspects.
- L’élégance du hérisson, Muriel Barbery : La concierge, Renée, est comparée par Paloma, 12 ans, habitante de l’immeuble, à un hérisson qui cache sa véritable personnalité et son intelligence aux autres.
15. Un lieu
Lorsqu’un lieu prend toute la place dans l’oeuvre, que les personnages s’y trouvent, s’y retrouvent, s’y reproduisent, s’y aiment et s’y haïssent, il n’est pas inopportun d’utiliser ce lieu comme titre à votre ouvrage :
- Orléans et Reims, Yann Moix (qui seront suivis de Verdun et Paris) : Votre roman raconte des choses si atroces que vous ne pouvez les nommer que par l’endroit où elles ont eu lieu ? Titrez sobrement par la ville, le quartier, la rue, le lieu quoi.
- Les hauts de Hurlevent, Emily Brontë : Si votre histoire est entièrement rattachée à un lieu, comme c’est le cas ici où l’on suit 3 générations dans un même domaine, ça vaut sûrement le coup d’appeler votre roman par le nom de ce domaine.
- La cerisaie, Anton Tchekhov : Si un lieu est un sujet de discorde, le symbole d’un phénomène se déroulant au sein d’une société ou d’une famille, en bref, qu’il catalyse les passions. (Ici le symbole de la fin du servage en Russie et des changements sociaux qui en découlent).
16. Une référence littéraire
- La conjuration des imbéciles, John Kennedy Toole : Ce titre fait référence à une citation de Jonathan Swift : « Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui. »
- Sa majesté des mouches, William Golding : C’est l’un des noms bibliques de Belzébuth. Les enfants croient qu’il y a un monstre sur l’île, ils ont besoin d’un bouc émissaire, un diable à haïr (le diable est en fait la monstruosité humaine).
- Le nom de la rose, Umberto Eco : Ce titre est issu de De contemptu mundi de Bernard de Morlaix, moine bénédictin du XIIe siècle, transposé par Umberto Eco depuis Stat Roma pristina nomine (La Rome des origines n’existe plus que par son nom) en Stat rosa pristina nomine (La rose des origines n’existe plus que par son nom) Oui, c’est compliqué. Retenez-en la chose suivante : Umberto Eco pensait que le titre d’un ouvrage devait embrouiller le lecteur.
17. Une allégorie
Lorsque votre roman se donne pour mission de dénoncer une idéologie, une dictature, une pensée, mais que vous n’avez pas envie de vous jeter dans le bain glacé du pamphlet, utilisez une bonne grosse allégorie. Ça vaut pour le contenu comme pour le titre.
- On achève bien les chevaux, Horace McCoy : Un marathon de danse avec 1000 dollars de récompense symbolisant le rêve américain et son absurdité. (Je n’ai vu que le film, très beau). Ce titre est aussi une correspondance (voir point 14).
- La ferme des animaux, George Orwell : Les humains vous gonflent ? Dépeignez-les sous la forme d’animaux. Ici, les communistes sont des cochons et le peuple bêle dans les prairies. Fantastique conte pour mieux comprendre la montée du communisme en Russie, depuis Marx jusqu’à Staline.
- Les fous du rois, Robert Penn Warren : L’auteur se sert des échecs comme référence aux stratégies politiques mises en place par le protagoniste et celles de ses redoutables adversaires. Si votre intrigue ressemble aussi à un jeu connu, demandez-vous quelle place prennent vos personnages et titrez en conséquence. Par exemple « De retour à la case prison », « Cerclé de blancs » ou encore « Le valet de ces dames ». Bref vous avez compris. 🙂
18. Des mots compliqués
Imposez-en avec un titre compliqué et donnez un certain cachet littéraire, du mystère ou une aura d’importance à votre œuvre un peu ratée. (Marche encore mieux si le livre est réussi).
- Les catilinaires, les aérostats, métaphysique des tubes…, Amélie Nothomb : la romancière s’amuse avec les noms communs comme avec les noms propres en allant les chercher dans les tréfonds des dictionnaires et calendriers carolingiens.
- La phénoménologie de l’esprit, Hegel : Alors oui, si vous avez écrit un bouquin de philo, il y a des chances que votre titre doive être un mot que personne ne comprend. Même si on lit la définition.
- La controverse de Valladolid, de Jean-Claude Carrière : Les amérindiens ont-ils une âme ? C’est pour le déterminer qu’un dominicain et un théologien vont se réunir à Valladolid en 1550. Le terme est peu usité dans des titres de fiction et la ville est méconnue, ça peut donner le sentiment au lecteur qu’il va lire quelque chose d’important (de sérieux, on rigole pas avec la controverse).
- Siloques, superloques, soliloques et interloques de pataphysique, Alfred Jarry : Signifiez clairement à vos lecteurs que vous êtes fou en développant une science qui ne sert à rien pour évoquer des concepts auxquels on ne comprend rien. (Que cela ne vous dispense pas de lire Jarry).
19. Une figure de style
Les figures de style sont à la langue ce que les pas sont à la danse, elles seront pour vos titres une infinie source d’inspiration. Amusez-vous avec cette petite liste : Voir toutes les figures de style.
- Les Bienveillantes, Jonathan Littell = Euphémisme utilisé pour les Érinyes afin conjurer leurs malédictions. En référence à L’Orestie d’Eschyle (Max jouant le rôle d’Oreste, etc.)
- L’étranger, Albert Camus : Antonomase du nom commun, ce terme renvoie à plusieurs positions du personnages Meursault dans le roman : en terre étrangère (certes l’Algérie française à cette époque, mais tout de même), étranger aux humains (manque d’empathie, d’émotions…), étranger aux lecteurs, car il est difficile pour eux de le comprendre.
- La jeune fille à la perle, Tracy Chevalier : Périphrase, nécessaire puisque le roman prétend retracer l’histoire qui conduisit Vermeer à peindre ce célèbre tableau.
- Le meilleur des mondes, Aldous Huxley : L’ironie est utilisée ici pour dénoncer en réalité le « pire » des mondes.
20. Trouvez votre titre de livre grâce au détournement
Parodies et jeux de mots de bon aloi, détournez des titres, phrases ou citations connues pour en faire des titres résonnant de manière très familière aux oreilles de vos lecteurs manipulés par un procédé, somme toute, un peu facile.
- Il était deux fois, Franck Thilliez : Détournement de la fameuse introduction des contes de notre enfance « Il était une fois. »
- Comme un poisson dans l’herbe, Patrick Sébastien : Pas si mal ce titre, mais je n’ai pas lu ce livre et vous ? Tiré de l’expression « comme un poisson dans l’eau » of course.
- La guerre du gras n’aura pas lieu, Louison : La narratrice discute avec son cul qu’elle prénomme Jean-Claude. Au fait, c’est une BD (drôle). Ce titre est issu de La guerre de Troie n’aura pas lieu, titre de Jean Giraudoux allégrement détourné par moult gens n’ayant même pas lu la pièce, quelle indignité.
21. Une date
Si la date ou la durée sur laquelle se déroule le roman est un élément essentiel de celui-ci, n’hésitez pas à situer votre lecteur dans le temps !
- 1991, Thilliez : La toute première enquête de Frank Sharko. La date fait sens ici, car ce roman s’adresse avant tout aux lecteurs assidus des autres « Sharko ».
- 1984, George Orwell : En 1948, Orwell imagine une société future dans une dystopie intemporelle. 1984 n’est évidemment pas futuriste, mais une satire de 1948, à peine déguisée.
- 2084: la fin du monde, Boualem Sansal : Boualem Sansal imagine un monde dans lequel l’idéologie islamiste a établi sa dictature. Le titre fait directement référence à 1984 et indique au lecteur qu’il va falloir considérer ce roman comme une satire équivalente.
- Decameron, Bocacce : Un recueil de cent nouvelles se déroulant sur dix journées, écrit au XIVème siècle.
Vous hésitez ?
Quelle technique choisir pour trouver le titre de votre livre ? Je vous suggère de vous demander ce qui est le plus important dans votre roman. Est-ce le personnage central ? Le processus ? La date ou le lieu ?
Vous pouvez parcourir la liste, ou même dresser ces 21 points en une liste personnelle et à côté de chaque technique, mettez OUI ou NON, lorsque vous sentez que ce genre de titre pourrait correspondre (si vous ne savez pas, mettez OUI). Une fois éliminés une bonne partie d’entre eux, procédez ainsi :
- Si je supprimais ou intervertissait cet élément avec un autre, est-ce que mon histoire changerait complètement ? Si par exemple, votre roman est un polar, il est évident que l’enquêteur pourrait être interverti avec un autre. Je ne dis pas qu’il n’est pas un élément intéressant, mais c’est l’enquête qui passe par-dessus. Éliminez le personnage de l’enquêteur. L’enquête peut aussi se centrer sur le personnage de la victime, si celle-ci changeait, votre intrigue changerait-elle ? Etc.
- Quelle émotion souhaitez-vous transmettre à votre lecteur ? Certains types de titres sont plus mystérieux que d’autres, comme la figure de style, l’allégorie, la citation ou la phrase étrange. D’autres seront plus à même de frapper de plein fouet, comme un lieu, un personnage ou un mcguffin.
- Visez-vous un public littéraire ou plutôt des amateurs de genre ? Si votre roman est une saga de fantasy et votre titre une citation obscure issue d’un roman méconnu du XIXe siècle, vous risquez de manquer votre cible.
- Votre roman est-il une grande aventure avec des voyages ? Utilisez l’objet de la quête, un symbole ou un mcguffin !
- Si vous souhaitez par-dessus tout provoquer le suspense, le titre « révélation » sera tout indiqué.
- Et évidemment, vous pouvez mélanger ces techniques à loisir, une révélation pouvant être aussi une allégorie, une figure de style, un lieu ou un mcguffin et un extrait d’ouvrage pouvant aussi bien être un symbole ou une figure de style…Amusez-vous !
Sophie, la Contentologue, vous apprend à écrire et à vivre de vos écrits. Articles, livres, romans, pages de vente : découvrez comment rédiger et devenir un pro de la plume !
Bonjour
Merci pour cet article très complet. Je monte un atelier d’écriture dans le cadre d’une certification et je voulais lancer une séquence sur les titres : .écrire une nouvelle avec des titres de livres. Je vais chercher dans ma bibliothèque des livres qui correspondent à tes divers points.
J’arrête les mercis, tu ne dois plus avoir de place pour les ranger. Aller ! Un dernier pour la route. Merci pour ce partage de techniques que tu proposes. Je déguste mon rhum, une fine perle, comme je déguste tes écrits.
J’ai titré mon livre dès… Pas de spoils ! Mais je louerais avec les 21 dés proposés. À te lire !
Ça va, j’ai trouvé une petite place. 🙂 Merci beaucoup !